Chapitre 14

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Aedan

Fin d'après-midi, je rejoins ce fichu cercle de partage chez les Roland. Arthur m'ouvre la porte, un sourire glauque sur les lèvres. Je ne suis pas ravi d'être là, mais j'essaye de jouer ce rôle du mec naïf avec un balai dans le cul. Quand nos voisins nous ont proposé de participer à leur activité de méditation, Harmony et moi avons été obligés d'accepter. Il faut absolument qu'on intègre leur petit groupe qui ressemble de plus en plus à une secte.

Ce rassemblement n'est pas mixte. Les hommes se retrouvent ici et les femmes, quant à elles, se rassemblent chez Annie. Laisser Harmony seule avec ces folles me rend nerveux, elle n'est pas du tout taillée pour ce genre de mission. Sa crise d'angoisse de l'autre fois me l'a encore confirmé.

— Bienvenue, mon frère, me salue mon hôte.

Je réponds à son accolade en masquant mon dégoût. Il m'invite ensuite à entrer.

— Pour plus de confort, je te propose d'enlever tes chaussures.

Je me retiens d'arquer un sourcil et lance un regard au plancher. Sous le porte-manteau, plusieurs paires de souliers parfaitement cirés sont alignées. À contrecœur, je me conforme et viens y ajouter la mienne.

Je le suis dans une pièce de la maison. Les autres sont déjà installés en cercle sur des petits coussins. Au centre, de la fumée s'échappe d'une sorte de théière. L'odeur m'agresse les narines.

Bon sang, qu'est-ce que c'est que cette merde vaporeuse ?

D'un geste de la main, Arthur me suggère de prendre place sur l'un des poufs restants. Je ravale mon agacement et m'exécute. Est-ce que la psy doit subir le même cirque de son côté ?

Tandis que je m'assieds, le goût de ses lèvres me revient en tête. J'ignore ce qui m'a pris de faire ça, ce soir-là. J'en avais très envie, mais pas pour les raisons habituelles. Généralement, je me contente d'embrasser une femme lorsque j'éprouve un désir purement charnel envers elle. Mais avec elle, c'était différent. Sa vulnérabilité a remué quelque chose en moi. Elle a réussi à me tirer dessus sans utiliser la moindre arme. Je la désire, c'est indéniable, et c'est réciproque. Néanmoins, il y autre chose. Et c'est cet « autre chose » qui m'empêche d'assouvir mes fantasmes.

Tu crains que ce soit plus que de l'attirance physique, tu redoutes l'attachement qui pourrait s'être créé entre vous, me souffle une voix inopportune.

De l'attachement ? La bonne blague. Depuis la mort de mes parents, je ne me suis plus attaché à personne. C'est plus facile à vivre et ça ne m'a jamais empêché de me sentir bien.

— Mon frère ? Es-tu avec nous ?

Je lève le regard vers Arthur qui s'est installé à mes côtés. Je lui mettrais bien un poing dans la face pour qu'il cesse de m'appeler comme ça.

— Oui. Je suis là.

— Alors, commençons. Que tout le monde ferme les yeux et inspire profondément.

Les autres hommes obéissent. Je suis donc le seul à encore avoir les paupières ouvertes. Je soupire intérieurement avant de les imiter. J'espère que cette comédie ne va pas s'éterniser.

— Laissez-vous guider par la Lumière. Ouvrez vos Cœurs et fusionnez avec votre Intériorité.

Je manque d'éclater de rire. C'est quoi cette tirade ?

Je reste immobile de longues minutes. Cette séance de méditation est d'un ennui mortel. Mais soudain, une sensation étrange me parcourt le corps. Une euphorie inexpliquée me monte à la tête. Mes muscles se détendent et mes pensées deviennent plus légères.

UNDERSHADEDonde viven las historias. Descúbrelo ahora