Chapitre 33

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Aedan

La nouvelle arrivante s'approche de moi. Je lève mon arme et la pointe dans sa direction.

— Qu'est-ce que tu fous là ? Tu n'es pas censée être en prison ?

Elle rit et claque des doigts. Des dizaines d'hommes et de femmes sortent de l'ombre. Ils nous encerclent et braquent leurs armes sur nous. L'un d'eux ordonne à Brennan de s'éloigner de son protégé. L'agent qui était en train de le libérer laisse son geste en suspens et se relève, les mains en l'air. Mon frère, quant à lui, reste assis sur sa chaise, un poignet encore lié à l'accoudoir.

— Allons, pensais-tu vraiment qu'une personne comme moi resterait croupir dans un centre pénitentiaire ? ricane-t-elle.

Comme dans mes souvenirs, son aura dégage un charisme écrasant. Elle me lorgne avec son regard espiègle, les bras croisés sur la poitrine.

Je grommelle :

— Ouais, je l'avais espéré.

— Vous êtes Katherine McGrath ? interroge l'agent Brennan.

La concernée sourit. En effet, c'est bien elle.

Katherine McGrath, dite l'Impératrice. C'est de cette façon si peu modeste que le monde du crime la nomme. Elle était la cheffe de la mafia du pays avant que je ne la vende aux autorités. C'est elle qui m'a recueilli et élevé. Elle a fait de moi son ombre, son parfait petit soldat, pour qu'elle n'ait jamais à se salir les mains. Elle ordonnait, j'exécutais. Après tout, elle était comme ma deuxième mère.

Elle n'a rien à faire ici, elle est censée pourrir dans la cellule d'un établissement de haute sécurité.

— Nous n'avons pas été informés de votre évasion, reprend le policier, déboussolé.

— C'est normal, mon chou. C'était le but.

Le goût amer de la colère envahit ma bouche. Je siffle entre mes dents :

— Comment as-tu fait ?

— J'ai des ressources. Évidemment, il y avait des risques, mon mari en a d'ailleurs payé le prix de sa vie.

Au fond, ça ne m'étonne pas qu'une femme aussi puissante qu'elle ait pu s'évader de prison sans que personne ne le sache. Elle a le bras long et possède beaucoup d'argent. N'importe quelle personne pourrait succomber à ses pots de vin et à ses belles promesses.

Elle continue de me fixer avec un regard partagé entre l'amusement et le mépris. Ses prunelles glissent ensuite sur mon frère.

— Ces retrouvailles familiales te plaisent ? lâche-t-elle.

— Des retrouvailles familiales ? répète l'agent, complètement paumé.

Je la dévisage, les lèvres pincées et les sourcils plissés par la contrariété.

— Alors, tout se passe bien ici ? lance un nouvel arrivant.

Je tourne la tête et le reconnais immédiatement. C'est Blake Rivera.

Je lâche un rire sans joie. La femme que j'ai envoyée en prison s'est associée au mec qui veut la tête d'Harmony. Cette situation est d'une ironie absurde.

Non, l'ironie du sort n'a rien à voir là-dedans. Ça ne peut pas être un hasard. Rien de tout cela n'est une coïncidence, que ce soient les raisons de ma présence en Irlande, cet enlèvement soudain ou l'association de ces deux-là. Néanmoins je n'arrive pas encore à tout comprendre. Il me manque encore une pièce du puzzle.

UNDERSHADEOnde histórias criam vida. Descubra agora