29 - Cauchemar

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 Nous avons tous en nous des souvenirs passés qu'on veut absolument essayer d'effacer, des démons dont on veut se débarrasser. Un moment humiliant qu'on veut jeter dans les fins fonds de l'oubli, une dispute qui a mal tourné ou encore juste une enfance parfois douloureuse. Nous avons nos démons, ces petits êtres qui sont là pour nous rappeler ces souvenirs douloureux.

 Pour ma part, les miens sont mes parents.

 Je me réveille brusquement, le souffle court et le corps trempé de sueur. Je peux sentir ma peau humide au niveau de mes tempes, signe que j'ai pleuré. Je ne bouge pas du lit, je reste allongée à fixer le plafond de la chambre. Pourquoi j'ai rêvé de ça ?

 Leur mort, l'accident de voiture... J'étais assise sur le siège arrière et je n'ai rien vu venir. J'étais complètement désorientée lorsque j'ai vu l'arbre sur lequel mon père à foncé. Je n'arrivais pas à réaliser ce que je venais de vivre, j'étais presque comme un robot lorsque les secours m'ont sortie de la voiture. Je n'arrêtais pas d'appeler mes parents alors qu'on m'éloignait de l'accident.

 C'est seulement plus tard que j'ai vraiment réalisé ce qu'il s'est passé, il m'a fallu trois ans avant que les souvenirs deviennent un réel traumatisme. Le sang, le pare-brise éclaté, le bruit du klaxon causé par la tête de mon père, inconscient, les yeux ouverts et ternes de ma mère...

 J'avais sept ans lorsque c'est arrivé. Seulement sept ans lorsque mes parents sont morts devant mes yeux.

 Ce souvenir s'est transformé en traumatisme, un traumatisme qui se répercute dans mes rêves de temps en temps. Seulement, cela faisait longtemps que je n'avais plus rêvé de l'accident, presque des années... Alors pourquoi est-ce qu'ils reviennent ? Pourquoi maintenant ? Moi qui pensais être passé au-dessus de tout ça, il semblerait que je me sois complètement trompée.

 Je serre les draps contre moi et me redresse dans le lit. Je ramène les jambes contre mon corps et enfouis ma tête dans les genoux. Encore tremblante, j'essaie de calmer un peu plus mon état. Je ne dois plus penser à ça, je dois essayer d'oublier la nuit que j'ai passée...

 Je sursaute lorsqu'une main vient se poser dans mon dos. Dans un geste de méfiance, j'avance brusquement mon corps pour pouvoir m'éloigner de cette main, seulement un grognement se fait entendre à côté de moi. Tournant rapidement la tête, je peux apercevoir Enzo, les sourcils froncés et un regard empli de pitié et de questions. Je me pince les lèvres et reporte mon regard devant moi, fixant le vide.

 J'en ai assez de la pitié des gens, je n'en peux plus du regard triste qu'ils me lancent lorsqu'ils me voient dans un état pareil. Je ne veux pas non plus avoir à subir un interrogatoire de la part du Canadien, je ne suis pas d'humeur. Je rêve de rester seule et rester dans ce lit toute la journée, à me cacher sous la couverture, à fuir la réalité... Evidemment, je ne peux que rêver. Après tout, Enzo ne me laissera pas.

   – Leyla...

 Il se met à soupirer et vient ramener de nouveau sa main au niveau de mon dos. Contrairement à tout à l'heure, je ne recule pas mais je peux tout de même sentir mes muscles se crisper.

   – Je te laisse quinze minutes pour faire ta toilette et t'habiller. Tu viendras me rejoindre dans la salle à manger par la suite. C'est bien clair ?

 Je ne réponds pas, ne fais aucun geste, perdue dans mes pensées. Seulement, je laisse échapper un petit cri et amène rapidement mes mains au niveau de ma tête. Enzo me tire la tête en arrière, la main agrippant fermement mes cheveux. La tête basculée en arrière, je garde les yeux fermés et tente de contrôler ma respiration.

   – Je ne pense pas avoir très bien entendu Leyla. As-tu bien compris ce que je t'ai dit ?

   – Ou... Oui monsieur...

Avocate sans droits [Réécriture en cours]Where stories live. Discover now