Chapitre Quarante-trois

Start from the beginning
                                    

L'ai-je fait ?

Je ne préfère pas répondre à cette question.

Si Naomi traînait dans le coin, elle saurait quoi me dire, comment faire face aux choses. Mais bien avant cela, elle m'aurait bassiné comme une ado pour tout savoir, avant de me traiter d'idiote parce que je ne réagis pas comme il faut selon elle. Sa vision reste bien minimaliste pour moi, mais j'aurais bien aimé savoir comment elle aurait fait.

Quelque chose cloche dans ma vie. Pour être plus précise, quelque chose cloche depuis que j'ai rencontré Ian. Maman m'avait demandé se lui ramener une barquette de fraises, pour son fameux gâteau. J'ai donc accouru jusqu'au supermarché du coin dans ma salopette la plus pourrie, trouée et avec un bouton en moins. J'aimais bien ce style à l'époque, ça révoltait ma mère et rien de mieux que de la voir se déchaîner contre mon look streatwear. J'aimais les hauts trop grands et les jeans déchirés. C'était mon style et ça m'allait très bien.

J'ai donc filé dans le rayon fruits et légumes rapidement. J'ai choppé cette fichue barquette de fraises puis je me suis ruée en caisse pour payer rapidement. Il fallait que j'aille faire du vélo avec notre petit voisin Joe, je lui avais promit. Avec le petit doigt, donc hors de question de remettre ma parole en cause.

J'ai payé et suis sortie en coup de vent. La barquette tenait dans ma main, elle était OK et à l'abri. Enfin jusqu'à ce qu'un type en skate me percute. Je suis tombé sur les fesses, et le béton m'a cramé la peau. Ca brûlait, ça faisait mal comme un chien.

J'ai décrété qu'il fallait que je m'abstienne de port de short pour un moment. Ce que j'ai d'ailleurs respecté, enfin il me semble.

Le mec portait un jean délavé sur un t-shirt signé du logo Nirvana. Je l'ai tout de suite trouvé cool, le t-shirt, pas lui.

Il m'a sourit. Lui, pas le t-shirt. Ca devient bizarre.

Moi je lui ai lancé un regard annonçant sa fin.

Mais lui, il a continué son sourire de mec confiant et sexy. Il l'était en plus, ce qui avait bien le don de me mettre encore plus en rogne. Ses petites iris et ses fossettes descendaient du paradis. C'est ce que j'ai pensé sur le coup. Il paraissait plus vieux aussi. Ca lui allait bien, je distinguais même le début de barbe pointer son nez.

Je l'ai fixé jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il me devait des excuses.

Ce qu'il a gentiment évité. Skate-man a continué de m'observer de façon étrange, il avait la lèvre inférieure qui bougeait et une de ses mains qui venait et sortait de sa poche frénétiquement.

Ca m'a beaucoup perturbé. Je me suis relevé tant bien que mal.

A un moment il a parlé.

Il a dit d'une voix on ne peut plus mâle :

- Fatiguée de rester par terre Strawberry Girl ?

Je me suis renfrognée, et j'ai ajouté, en le regardant d'un œil mauvais :

- Si tu m'avais aidé à me relever, ce qu'aurait fait un bon gentleman qui se respecte, je n'aurais pas eu à le faire toute seule. D'ailleurs c'est de ta faute si je suis tombée. A toi et ta saleté de skate !

- N'insulte pas mon skate.

Il a mimé une caresse romantique en le ramassant et j'ai levé les yeux au ciel. Il commençait doucement à m'exaspérer. Il fallait que je respire, en omettant qu'il était beau comme un Dieu.

- Tu t'appelles comment ?

J'ai répondu d'une voix hésitante alors qu'il souriait de plus belle. Je me suis trouvée morose et pas très aimable à n'en décocher aucun.

HunterWhere stories live. Discover now