II

6.6K 316 30
                                    

Je fais presqu'une crise cardiaque lorsqu'il arrive à ma hauteur et qu'il me regarde avec un regard de tueur. La réaction normalement attendue dans ce genre de situation serait de baisser les yeux et de se faire petite pour essayer de passer inaperçue... Est-ce que c'est ce que je fais, moi ? Non, bien évidemment, moi et ma fierté mal placée, je ne veux pas qu'il le remarque que j'ai peur, donc je dis d'une voix pleine de confiance - que je ne possède pas - et que je veux neutre :

Moi : Je peux t'aider tête de gland ?

Ouais... Après mure réflexion, ce n'était définitivement pas la meilleure chose à dire... Et j'en ai la preuve puisque la seconde où ses mots sortent de ma bouche, Noah frappe de toutes ses forces sur le bureau où je suis installé - je m'étonne qu'il ait tenu le coup ! - et commence à crier :

Noah : GROSSE PUTE ! C'EST DÉJÀ DE TA FAUTE SI JE SUIS ICI ALORS FAIT PAS CHIER EN PLUS, RETOURNE DANS TON TROU !

Non, mais c'est quoi son problème à celui-là ? De quel droit il me parle comme ça ? S'il s'est levé du mauvais pied ce matin, ce n'est pas de ma faute, il n'a pas besoin de déverser sa colère sur moi ! Et puis d'où il sort pour dire que c'est de ma faute s'il est ici ? C'est la première fois qu'on se parle ! Je le regarde déjà ennuyer par sa présence et continue avec mon aire détachée :

Moi : Calme-toi, tu es dans ta semaine ou quoi ? Ce que tu dis n'a aucun rapport, ce n'est en aucun cas de ma faute si tu es là ! On ne s'est jamais parlé, donc tes hormones, tu te les gardes et tu calmes, merci.

Il faut vraiment que j'apprenne à fermer ma gueule parfois et à ne pas dire ce que je pense sans y avoir réfléchi préalablement... Parce que là, vu la façon qu'il a de me regarder, je ne crois pas que j'aide mon cas ! Disons que j'aimerais bien sortir vivante de ma retenue, donc faudrait peut-être que je pense à mettre de côté mon insolence. Ouais, ça serait une très bonne idée, même !

Noah : T'es conne ou tu le fait exprès ?

Moi : Non, vas-y éclaire ma lanterne.

Il roule des yeux comme si j'étais la pire des débiles à ne pas savoir de quoi il parle et je dois dire qu'une faible - très grande - envie de le gifler commence à se faire sentir...

Noah : Ce matin quand tu courrais comme une poule pas de tête et que tu m'as foncé dedans, cela ne te dit rien ?

Ohh... C'est donc lui que j'ai fait tomber. Oups. Je me sens presque mal... À vrai dire non, je m'en fous. S'il avait eu une autre attitude, j'aurais peut-être pris en considération la possibilité de lui présenter mes excuses, mais là, c'est mort. Il peut se les mettre où je pense. Par contre, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il en fait tout un plat ? Il ne va pas me faire croire qu'il n'a pas l'habitude de venir ici !

Moi : C'est quoi le problème ? Tu t'es cassé un ongle en tombant ? La chute t'a décoiffé, c'est ça ? Et de toute façon pourquoi tu en fais tout un drame ? Ce n'est pas comme si tu n'avais pas l'habitude d'être en retenue, tu passes presque ta vie ici ! Une fois de plus ou de moins je ne vois pas la différence.

Définitivement, je ne suis pas capable de tenir mes bonnes résolutions... Cependant, je regrette bien vite de ne pas (encore) avoir pu me retenir lorsque je vois qu'il se penche vers moi. Assez proche pour que je puisse sentir son souffle sur mon oreille, lorsqu'il me murmure d'une voix grave :

Noah : Ne fais pas comme si tu avais la moindre idée de qui je suis.

Et avec ça, il s'éloigne de moi et va s'asseoir à une place plus en avant. Un prof entre à ce moment-là pour venir nous expliquer les règles, mais je ne l'écoute aucunement, je m'en fous, je veux juste que cette foutu retenu commence pour qu'elle puisse enfin finir !

Le reste de la retenue se passe dans un silence total. Je passe mon temps à regarder l'horloge et à regarder passer chaque minute et quand l'heure passe - ENFIN ! - je ne me fais pas prier pour sortir de là le plus vite possible. Mais il faut croire que quelqu'un en a décidé autrement puisque que j'ai à peine franchi la porte de quelques pas, que de puissantes mains me prennent par les hanches pour me collent à un torse fort et musclé.

Noah : On part sans dire au revoir ?

Moi : T'as tout compris. T'es pas si con que ça dans le fond, maintenant laisse-moi partir !

Non, mais à quoi il joue là ? Il y a une heure, s'il avait eu la possibilité de me tuer, il l'aurait fait sans même éprouver le moindre regret et maintenant le voilà qui veut que je lui dise « à la prochaine » ? J'essaie de me dégager de son emprise, mais c'est le moment qu'il choisit pour me retourner, de sorte à ce que je lui fasse face. Il est à deux centimètres de mon visage. Son nez touche presque le mien... Je dois dire que j'ai un peu peur, mais il est hors de question que je le laisse paraître !

Noah : Il faut vraiment que tu apprennes à tourner sept fois ta langue avant de parler. Je n'en ai pas fini avec toi, on va se revoir, compte sur ça.

Il se penche vers moi et durant un instant, je crois qu'il va m'embrasser. Je me contente de fermer les yeux, trop tétaniser pour faire le moindre mouvement. C'est avec soulagement que ses lèvres se posent seulement sur ma joue enfin... plus le coin de ma bouche et part me laissant planter là comme une conne à me demander ce qu'il voulait dire par « Je n'en ai pas fini avec toi ». Quand je reprends mes esprits, il est déjà hors de mon champ de vision et je ne perds pas plus de temps ici et je me dirige vers la sortie pour rentrer chez moi. Ma voiture est la seule qui reste encore dans le stationnement. Un point positif de la retenu ; quand elle finit, pas besoin de chercher sa voiture dans un attroupement d'adolescents en furie ! Quand j'arrive à mon appart, je stationne ma bagnole, dans le parking et lorsque j'arrive devant ma porte, je suis désagréablement surprise de trouver celle-ci déjà débarrer... Je suis certaine d'avoir verrouillé la porte derrière moi avant d'être partie ce matin ! Pourquoi elle ne l'est plus ? J'entre tranquillement dans mon appartement en essayant de faire le moins de bruits possibles. J'entends des sons provenant de mon salon, je me dirige donc en direction de cette pièce pour voir qui est l'intrus qui s'est invité à venir chez moi. C'est avec une plus grande surprise encore que j'y trouve Shanell et Catherine, assise tranquillement sur le canapé.

Cath : Bah t'en as mis du temps !

Moi : Désoler, mais qu'est ce que vous foutez dans mon salon, comment êtes-vous entrées ?

Shan : On t'attendait et on a fait un double des clés pour les cas d'urgence.

Moi : Un double ? Sérieux les filles ? Bon, qu'est-ce que vous voulez ?

Shan : Il a une fête ce soir et tu vas venir avec nous !

Moi : Donne-moi une bonne raison pourquoi je devrais faire ça ?

Cath : À minuit il y aura une course... DE MOTO !!

Ah oui, j'ai oublié de préciser que J'ADORE les motos et tout ce qui est voiture et mécanique. Un vrai garçon manqué.

Moi : OH MON DIEU QU'EST-CE QU'ON FAIT ENCORE ICI ELLE EST OÙ CETTE FÊTE ??

Je crois que j'ai peut-être crié un peu fort puisque Catherine et Shanell se sont toutes les deux bouché les oreilles. Oups. Ce n'est pas grave, elles ont l'habitude avec moi.

Cath : Relax pas la peine de crier comme ça. Et c'est chez, tu sais ce mec canon, arrg c'est quoi son nom déjà... Ah oui, c'est ça ! C'est chez Noah Blake.

Eh merde... Il fallait vraiment que sa tombe chez lui ? Je déteste ma vie.

Me, A Good Girl? Nah! || TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant