27 - Mon Paradis

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~ Wyer ~

Lorsque je poussai la porte de l'écurie royale, un hennissement que j'aurais reconnu entre mille m'accueillit. Ezilly me sourit tendrement, et excité comme un enfant, je me précipitai retrouver mon vieil ami.

J'avais déjà aperçu l'étalon à l'auberge, mais je ne pus m'empêcher d'être impressionné par sa taille et sa carrure. Onyx était devenu un grand et magnifique cheval, de poil aussi noir et soyeux que la pierre dont il portait le nom.

- Oh, mon beau, soufflai-je avec émotion en caressant sa tête.

Il piaffa joyeusement et fourra son museau dans mon cou, me provoquant un éclat de rire sous le chatouillement de sa respiration.

- Quelles touchantes retrouvailles, se moqua gentiment Ezilly. Presque plus que les nôtres !

- Tu es jalouse ? demandai-je pour l'embêter. Toi aussi, tu veux un câlin ?

- Non, grogna-t-elle en faisant semblant de bouder, tu préfères ton cheval, alors reste avec lui.

Elle fit quelques pas en arrière. Tu ne m'échapperas pas comme ça, ma belle. J'attrapai son poignet et l'attirai contre moi, et blottie au creux de mes bras, Ezilly esquissa un sourire victorieux.

- Est-ce mieux, comme cela ?

- Hum, marmonna-t-elle en hochant la tête.

Après quelques cajoleries à Onyx, nous grimpâmes en selle et émergeâmes au pas de l'écurie. Nous n'étions probablement plus aussi légers qu'auparavant, mais l'étalon semblait nous supporter tous deux sans problème.

Bien évidemment, les gardes du Palais nous laissèrent passer, malgré leurs regards surpris et désapprobateurs. Une fois sortis de l'enceinte du château, je rabattis ma capuche sur ma tête pour masquer mon visage. À mon grand dam, des portraits de moi avaient été faits et répartis partout dans le royaume pour que tous sachent à quoi je ressemblais. Si la plupart des gens du peuple ne faisaient pas le lien entre mon expression stricte représentée sur les peintures et mon apparence de tous les jours, il valait mieux être prudent. Quant à Ezilly, elle prit soin de couvrir sa robe d'un pan de sa cape pour cacher la somptuosité de cette dernière, qui était tout sauf discrète. Je tenais les rênes, mes bras encadrant Ezilly, et je la sentais raide contre moi. Elle semblait mal à l'aise, et quand je la questionnai sur le sujet, elle me confia que cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas monté en amazone, et que cette position était fort désagréable.

Nous traversâmes rapidement le côté ouest de la capitale, et bientôt, devant nous apparut la forêt de Grald. Lieu d'exploitation forestière et de chasse – bien entendu réservée aux seigneurs – ces immenses terres sauvages étaient une véritable oasis après plusieurs jours enfermés dans le Palais. J'attendis que nous nous soyons enfoncés dans les bois, loin des effluves de la ville, pour ralentir et enfin faire halte. Après être descendu d'Onyx, je tendis galamment la main à Ezilly pour l'aider, mais à mon grand étonnement, elle n'en eut pas besoin et glissa souplement le long de la monture, en dépit de sa robe encombrante.

- Tu as toujours été aussi douée en équitation ?

- Quatre ans ont passés, mon cher, répliqua-t-elle avec une drôle de lueur dans le regard. Il y a de nombreuses choses que tu ne sais pas sur moi...

- Alors, raconte-moi tout.

La jeune fille s'esclaffa de son rire cristallin, puis saisit ma main pour m'attirer vers elle.

- Commençons par profiter de cette merveilleuse escapade.

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WE ~ Tome IIWhere stories live. Discover now