& 27 ; Instinct de survie

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Les jours se suivent et se ressemblent. Il est 20h30, il fait nuit et Magnus est seul en train de passer le balai dans la salle, seulement éclairé par la lumière de l'arrière-boutique. La journée a encore été calme, mais il n'y a pas eu trop de clients désagréables pour une fois. En plus, il n'a pas eu à voir le patron du restaurant où ils vont chercher leur repas puisque c'est Izzy qui s'en est chargée pour une fois. Ce n'est pas si mal.

L'indonésien frotte ses joues douloureuses, son sourire a disparu mais il est encore tendu. Son regard se pose sur son portable, laissé sur le comptoir. Il attend un appel ou un message d'Alec. Il a commencé son nouveau travail il y a deux jours et ils n'ont pas eu l'occasion de se voir depuis. Alors qu'ils avaient l'habitude de se voir tous les jours depuis près d'un mois, le vide est difficile à supporter pour l'asiatique. Ils se sont envoyé des messages, oui, mais c'est différent. C'est ridicule. Pourquoi est-ce qu'il lui manque autant ? Ils ne sont même pas en couple...

Il termine le nettoyage, ce qui lui prend encore une vingtaine de minutes, puis il passe derrière le comptoir pour ranger le reste de vaisselle qui attendait encore. La salle est presque plongée dans le noir, si bien qu'il ne comprend pas tout de suite d'où viennent les bruits qui lui parviennent soudain. Et puis, la porte vitrée vole en éclats. Le silence lui donne presque un écho et Magnus retourne dans la salle où il se heurte à quelqu'un. Oui, quelqu'un est entré. Il se recule brusquement, évitant de justesse la poigne qui essaie de se refermer sur son bras.

— Oh tiens, mais qui vois-je ? Lance une voix grave.

Putain, encore eux ? Magnus soupire mais son corps se met à trembler. Que font les Hawthorn ici ? Il se redresse, prêt à leur faire face malgré la peur.

— Tout était plongé dans le noir, on ne savait pas que tu étais là, Magnus, ajoute Charlie, presque amusé.

— Dégagez d'ici avant que j'appelle la police !

Il tend le bras vers le comptoir mais l'aîné est plus rapide et attrape l'appareil pour le balancer plus loin. Il secoue la tête, Magnus aperçoit son sourire carnassier dans la faible lumière. Non, il ne va pas encore se laisser intimider ! C'est hors de question !

— Je dois t'avouer, commence l'aîné, que nous sommes surpris que tu sois là. Pas juste ce soir. Qu'est-ce que tu fais encore dans ce quartier alors que tout le monde veut que tu partes ?

— Mais je vous emmerde ! Je ne compte pas partir !

Évidemment, ils sont au courant, eux aussi, des sombres histoires de son passé. Il s'imagine à quel point ils ont dû s'esclaffer en apprenant que le café perdait des clients. Mais il ne compte pas leur montrer que ça le touche. Cette fois, il ne retiendra pas ses mots, il n'a pas peur qu'on le frappe. Il n'a plus peur des coups.

Alors que l'indonésien parle avec l'aîné, Charlie commence à faire le tour de la salle. Le serveur le suit du coin de l'œil, autant qu'il peut dans la pénombre, mais il l'entend bouger des chaises. Ou se cogner dedans, qui sait ?

— T'es vraiment pire qu'un cafard, hein, grogne l'aîné. Ne crois pas que j'ai dit mon dernier mot, ma jolie.

— Si tu crois que ce genre de surnom m'atteint, soupire Magnus, las. T'es pas le premier homophobe que je croise et, malheureusement, tu seras pas le dernier. Maintenant je vous conseille de sortir de ce café.

— Et qu'est-ce que tu comptes faire ?

Il sent plus qu'il ne voit la silhouette de l'aîné Hawthorn s'approcher de lui. L'homme, à peine plus grand que lui, le toise mais Magnus reste campé sur ses pieds, refusant de laisser cette brute l'intimider encore une fois. Il sent son regard qui glisse sur lui et se rappelle de leur dernière altercation. Un frisson glacé remonte le long de son échine.

Our Complicated Whatever [Malec AU]Where stories live. Discover now