& 18 ; Se changer les idées

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Rien ne se déroule jamais comme on le veut. Dès qu'on commence à se sentir en sécurité, il faut que tout s'effondre comme un château de cartes. C'est ce que pense Magnus. Et il y croit d'autant plus après tout ce qui s'est passé. Il y croit d'autant plus que ce n'est pas la première fois que le destin lui fait ce coup-là. D'accord, cette fois, il va peut-être réussir à garder son emploi. Encore qu'il n'en sera sûr que quand plusieurs semaines seront passées et qu'Izzy et Clary tiendront toujours le même discours malgré les clients qui seront de moins en moins nombreux. Pour l'instant, donc, il a toujours son emploi, et il va devoir y retourner bientôt. Ses blessures ont presque guéri, donc d'ici deux jours elles ne devraient plus être visibles. Et il angoisse. La perspective de retourner au café l'angoisse. La perspective de faire face à des clients qui connaissent son passé l'angoisse. Il a échangé des messages avec Izzy, ces derniers jours, elle essaie de le rassurer, elle lui dit qu'elle a hâte qu'il revienne, et que Clary aussi. Il doute de ce dernier point, même s'il garde ça pour lui. Il n'a toujours pas osé envoyer de message à la rouquine. Elle ne l'a pas contacté, non plus.

Mais pour l'instant, il n'y pense pas. Pour l'instant, il se concentre sur son reflet, et sur le trait d'eyeliner qu'il est en train de dessiner. Il doit bien avouer que le fait d'avoir recommencé à se maquiller tous les jours, ou presque, a rendu la tâche bien plus simple. Il soupire doucement, essayant de se satisfaire des petites choses, et de ne pas se concentrer sur le reste. Mais ce n'est pas évident. Pas quand des pensées intrusives viennent le parasiter.

En se mordant la lèvre, il replace son bracelet à son poignet, incapable de sortir de chez lui sans le porter. Il sait pourtant que ça attire l'attention. Il a déjà surpris Alec le fixer. Et Hodge aussi. Hodge l'a déjà questionné à ce propos, en fait, mais tout ce qu'il a su répondre, c'est que c'était un cadeau, qu'il ne pouvait pas s'en séparer. Cette blague. Alors que ce qu'il aimerait le plus, c'est ne pas avoir à le porter. Mais s'il ne le portait pas et que quelqu'un voyait ce qu'il est censé cacher. Non. Magnus refuse d'y penser. L'idée même lui retourne l'estomac. La honte, le dégoût de lui-même, il en a bien assez sans avoir à en rajouter.

Avant de partir, il observe son reflet une dernière fois, attache un autre bouton de sa chemise noire à motifs argentés, avant de le défaire, puis de le refermer et de soupirer. Finalement, il attrape son manteau et sort de son appartement pour ne pas changer d'avis. Au programme, une soirée au Pandemonium. Pourquoi là-bas ? Parce que comme c'est là que travaille Raj, il a peu de chance d'y croiser Alec. Et comme il n'a pas non plus envie de tomber sur Hodge, il ne peut pas retourner aux endroits que celui-ci lui a fait découvrir. Sa dernière option étant le Hunter's Moon, ou un club inconnu, son choix a été simple.

C'est avec un peu plus d'assurance que la première fois qu'il arrive au club et passe devant le videur. Merci aux deux bières qu'il a bu avant de venir. Il dépose son manteau au vestiaire, gardant son téléphone et son portefeuille dans les poches de son pantalon en cuir. La réalité, c'est qu'il ne sait pas trop ce qu'il fait ici. Mais il ne pouvait pas rester chez lui, seul encore. Cette solitude qu'il accueillait comme un abri réconfortant lui pèse. Il n'a plus l'habitude de passer plusieurs jours seuls, et c'est ce qui vient de se passer. Quatre jours enfermé chez lui, trois jours sans voir personne. Si on lui avait dit, deux mois auparavant, que rester seul l'ennuierait, il n'y aurait pas cru. Seulement voilà, c'est le cas, et ça ne devrait pas être un problème... Alors pourquoi est-ce que c'en est un ? Il ne veut pas être seul, mais être en présence d'autres personnes l'angoisse encore profondément ! Encore une fois, merci aux deux bières qui l'empêchent de faire face à ce paradoxe.

Il commence par se rendre au comptoir et demande au barman, qui n'est pas Raj, un cosmopolitain. Avec un peu de chance, Raj ne travaille pas ce soir et il ne le croisera même pas ! Avec un léger sourire, il boit son verre. Un peu vite, peut-être. Puis il va danser. À nouveau, quand il danse, plus rien n'existe. Rien que la musique, le rythme, les basses. Rien n'existe, pas même le corps qui s'approche du sien après quelques chansons. Il ne se rend compte de la présence que lorsque des mains se posent sur sa taille et le font légèrement sursauter. Un rire lui parvient aux oreilles, très proche, si proche qu'il sent sa barbe effleurer sa nuque. Il se retourne alors que son partenaire l'emprisonne dans ses bras.

Our Complicated Whatever [Malec AU]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora