Our Complicated Whatever [Malec AU]

& 16 ; Rattrapé par le passé

Les yeux farouchement clos, Magnus attendait simplement que ça se termine. Mordant son oreiller. Retenant un flot de larmes brûlantes. Retenant des plaintes de douleur. Retenant à bout de bras sa dignité en lambeaux. Il entendait les gémissements, sentait avec dégoût les mouvements en lui. Un dernier coup de butoir accompagné d'un râle animal et l'homme finit par se laisser tomber sur son dos de tout son poids, se moquant bien de lui causer du mal. Magnus le sentait haleter contre son oreille, son souffle écoeurant rampant sur sa peau. Il ne bougea pas, préférant attendre que l'homme parte. Malheureusement, il n'avait pas l'air d'être pressé. Sa bouche écrasa des baisers sur la nuque de l'indonésien, il le mordit un peu, remua son bassin sans se retirer et soupira plus fort. Sa peau flasque et moite glissant sur la peau mordorée.

Finalement, l'asiatique n'eut d'autre choix que de lâcher l'oreiller pour pouvoir respirer. Il tourna la tête vers l'homme qui l'empêcha de parler en capturant sa bouche. L'une de ses grosses paluches agrippa les cheveux de jais pour arracher un gémissement de douleur à la pauvre chose en dessous de lui, et il en profita pour l'envahir un peu plus brutalement. Sa langue ravagea sans douceur la bouche prise de force pendant de très longs instants. Il le lâcha avec un soupir de profonde satisfaction et, enfin, il se releva.

Magnus attrapa aussitôt le drap pour couvrir son corps nu et reposa sa tête contre l'oreiller. Il écouta l'homme se rhabiller, ignorant le préservatif souillé que l'homme venait de poser juste à côté de lui.

— C'est bien ce qu'on avait convenu, non ?

Obligé de faire mine de vérifier, Magnus se redressa à contrecœur et attrapa la liasse de billets lancée sur le lit. Il l'avisa vaguement avant de hocher la tête. Pour le moment, il se foutait bien que la somme soit exacte ou non. Sans un mot de plus, seulement un regard lubrique léchant une dernière fois la silhouette tremblante de Magnus, l'homme quitta l'appartement en claquant la porte.

Comme si son corps n'avait attendu que ça pour protester, Magnus se sentit soudain pris de violentes nausées. Il se précipita aux toilettes alors que son estomac se retournait. Les spasmes le secouèrent jusqu'à ce que, vidé, il se rende compte des sanglots qui l'empêchaient de reprendre sa respiration. Refusant de se retrouver prostré sur le sol comme la loque qu'il était, il se releva et alla sous la douche. Ne pense à rien. Appuyé contre la paroi glacée, il se concentra sur l'eau brûlante qui emportait ses larmes, le sang de sa lèvre inférieure qu'il mordait trop fort et sa honte. Ne pense pas à ses mains sur toi. Ne pas penser au corps de cet homme en lui. Ne pense pas à sa bouche, ni aux morsures. Ne pas penser au pourquoi il s'est retrouvé là. Ne pense pas à sa voix, ni à ses grognements. Ne pas penser à la prochaine fois.

◊◊◊◊◊

La boule au ventre, Magnus entre dans le café. Il ne se sent pas bien. Il a l'impression que quelque chose ne va pas, mais il s'efforce de ne pas y penser, certain d'être en train de suranalyser. Qu'est-ce qui pourrait y avoir d'étrange ? Sans compter que Clary et Izzy lui ont dit ne rien avoir remarqué. Donc ça viendrait de lui ? Peut-être, mais ça le rassure autant que ça l'inquiète.

Il salue ses patronnes et part dans l'arrière-boutique pour enlever son manteau et mettre son tablier. Il jette un œil à son portable et soupire, las. Il a essayé de contacter Hodge la veille mais n'a eu aucune réponse. Et ses certitudes s'ébranlent, ses choix ne lui paraissent plus aussi évidents. Que son mec n'ait pas voulu envoyer un message le premier alors que la faute vient de Magnus, tout comme son envie de faire une pause, il comprend. Mais puisqu'il a fait le premier pas, et s'est excusé, pourquoi laisser perdurer le silence après presque une semaine ?

Il hésite à envoyer un nouveau message, mais en plus d'avoir essayé de l'appeler deux fois le soir précédent, il a déjà envoyé un texto. Il n'a pas non plus envie d'avoir l'air de ramper devant lui alors que, même s'il s'est excusé, il ne se sent pas vraiment fautif. Enfin, pas complètement. Pas pour ce qui s'est passé à ce moment-là en tout cas. Parce qu'Alec et lui étaient vraiment en train de s'engueuler, même si ça paraissait pas évident.