Chapitre 25 : Comment vivre sans votre lumière ?

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J'hurlai puis fermai les yeux. En les rouvrant j'hurlai à nouveau. La clairière était floue. Je ne distinguai plus les personnes vivantes et mortes. Des halos de lumières m'arrivaient de partout avant de se diriger vers Ahtohallan. Et toujours cette insoutenable odeur de souffrance.
Je posai à nouveau les yeux au sol. Si je déviai à droite il y avait Elysia. Si je déviai à gauche il y avait Pieter. J'hurlai encore. Je m'attendais à voir l'irréparable se produire. J'inspectai mes pieds. Aucune douleur dans le bas ventre. Aucune perte de sang. Pour l'instant, Olaf s'accrochait.

-Madame Piceaerd... Appela bientôt la femme Delahage.

Je lui en voulais toujours de m'avoir retenu et fait subir la vue de mon frère qui se donnait la mort. Je ne répondis pas, enfermée dans ma bulle. Elle se rapprocha alors de moi et me soutint.

-Anna...Il...Euh...Les rescapés ont dit de ramener tous les corps au même endroit pour faire une fosse commune près des pousses des aulnes...Cela prendrait trop de temps de brûler tout le monde, expliqua-t-elle.

Je remarquais qu'elle aussi avait les yeux rouges. J'inspectai au ralenti autour de nous. Pas de trace de Frantz. Toutefois, je ne réagis pas plus. Voyant que cela ne servait à rien, la jeune femme s'accroupit auprès de Pieter et lui ferma les yeux.

-NE LE TOUCHEZ PAS ! Hurlai-je sortant enfin de mon état cadavérique.

-Excusez-moi Anna...Est-ce que vous avez entendu ce que je viens de vous dire ? Osa-t-elle demander.

-Oui...Mais je ne sais pas par où commencer...Murmurai-je alors que les sanglots reprirent.

Madame Delahage me prit aussitôt contre elle le temps que je m'apaise.

-Dites-moi comment je peux vous aider, m'intima-t-elle.

-Iduna...Il faut que je retrouve mon Ange de l'Air...Mais je n'arriverai pas à laisser les corps d'Elysia et mon frère, chuchotai-je alors que ma poitrine devint lourde.

-Allez chercher votre fille pour l'instant. Je me charge de transporter votre mari et Pieter, déclara-t-elle.

Je pleurai à nouveau complètement perdue.

-C'est que...Je ne sais même pas où elle est...

J'essayai d'appeler les esprits mais aucun ne me répondit. Je me rappelai alors avoir été déchue de mon rôle de gardienne. La tête me tournait et mes tempes tambourinaient contre mon crâne.
D'autres cris avaient remplacé la souffrance. Des cris déchirants semblable au mien à la vue de la perte d'un être cher. Je voulais que ça s'arrête. Que tout s'arrête.

-Ah Anna...Vous êtes là ! S'écria soudain Laïka qui avait du sang plein la tunique.

Ce n'était pas le sien mais elle aussi était bien blanche.

-Je vous cherchai ! Ajouta-t-elle. Je...Je suis navrée pour Elysia...Maman est morte aussi...Amarok également... Et le roi Runeard aussi je présume... Yélana est blessée gravement...Bref, je n'ai pas trop le temps de m'étendre là-dessus...Mais j'ai aperçu Iduna en train de voler avec Courant d'Air et un garçon blond qui doit avoir dans les quatorze ans.

L'espoir ressurgit aussitôt. Mon Ange de l'Air. Mon bébé était en vie. Je m'approchai immédiatement de la jeune femme Nattura et la secouai un bon coup.

-Où ?! Laïka ?! Où as-tu vu ma fille ?! L'implorai-je.
-Comme je vous l'ai dit, elle était près des charrettes du camp Arendellien, répondit-elle.
-Quoi ?! Près du barrage ?! Répétai-je.
-Exactement...Ou En tous cas elle se dirigeait par là-bas, bredouilla-t-elle.

Je ne perdis pas une seconde. Embrassant une dernière fois Elysia et mon frère, j'imprimai dans mon esprit leur corps à jamais pétrifiés et me mis à courir le plus vite possible pour arriver au nouveau lieu qui m'avait été indiqué.
Il était à une bonne demi-heure d'ici et j'étais déjà fatiguée par l'adrénaline que j'avais eu pour revenir d'Ahtohallan tout à l'heure. Je ne pus pas avancer au rythme que j'espérai et dus m'arrêter à plusieurs reprises pour vomir, déversant tout le mal-être qui me barbouillait l'estomac.

-IDUNA ! Appelai-je ensuite.

Je me sentais trop lente. Mes forces me quittaient. Je décidai d'interpeler les Géants. Mais aucun esprit ne me répondit une fois de plus.

-Allez Anna...Maugréai-je...Fais-le pour ta fille...C'est tout ce qui te reste maintenant.

Je me touchai rapidement le ventre et ajoutai :

-Avec toi bien sûr mon précieux Olaf.

La Forêt disparut petit à petit, remplacée par le chemin épuré qui menait au barrage. Quand j'arrivai sur place après ce qui me parut une éternité, l'endroit était désert. Tout avait été remballé à la va-vite : Les tentes, les victuailles, les vêtements... L'agonie reprit dans mon esprit.

-IDUNA ! IDUNA MON ANGE DE L'AIR ! C'EST MAMAN ! M'époumonai-je.

Je traversai le pont étant bien décidée à ne pas m'arrêter tant que je ne l'aurais pas retrouvé.

Retour vers le passé 2 : Les souvenirs d'une grand-mère :Where stories live. Discover now