Retour vers le passé 2 : Les souvenirs d'une grand-mère :

Chapitre 14 : Je veux y croire :

Je restai dans l'angoisse et la solitude le temps que Maman était partie prévenir Papa. Contrôlant mes respirations entre chaque nouvelle nausée, je poussai mon cerveau à réfléchir à cent à l'heure. Comment allai-je présenter mon état à Amarok ? Comment allait-il réagir ?! Une partie de moi se disait qu'il ne pouvait pas être aussi cruel que son père et qu'il reconnaîtrait l'enfant sans problème. Mais une voix plus profonde savait que ça n'allait pas se passer comme ça...Et malgré tout l'amour que je portais déjà à Elysia et notre Iduna, j'avais effectivement agi sans réfléchir.

Chamboulée par tant d'émotions, les larmes jaillirent immédiatement et j'osais doucement poser les mains sur mon ventre avec plus de profondeur comme Maman l'avait fait tout à l'heure. La connexion se fit immédiatement et je ressentis l'aura du bébé ainsi que des souvenirs de mon amant et moi sur les Plages Grises qui passèrent en coup de vent. Son cœur battait très vite. Elle n'était pas très grande et ne m'entendait pas encore mais je lui chuchotai quand même:

-Je t'aime petite Iduna...Tu ne sais absolument pas dans quel monde tu vas tomber, mais je te promets qu'on fera tout pour être ensemble avec ton Papa et que je te protègerai quoiqu'il arrive.

Un raclement de gorge arrêta soudain mes paroles. Mon Père venait d'entrer dans la chambre et me regardait avec un air désolé et très gêné. Venant s'assoir à côté de moi, j'eus le réflexe de me mettre la couverture presque sur le visage par peur qu'il porte la main sur moi comme l'avait fait Maman à chaud un peu plus tôt.

-Oh non ! Je ne te taperai pas ma fille, si c'est ce que tu crains, déclara-t-il gentiment.

Soulagée, je ne répondis pas mais laissai retomber la couverture tandis qu'il hésita avant de me prendre la main. Me regardant ensuite longuement il continua toujours aussi timide :

-Pardonne-nous de ne pas être à la hauteur avec toi...Nous n'avons jamais voulu que ça passe ainsi...Nous sommes extrêmement vexés que ta Marraine n'ait pas eu la décence de vous apprendre à...A ne pas faire gaffe à ce qu'un enfant découle de votre amour...Mais...Euh...Sache que ta mère et moi n'en sommes pas mécontents...

Doutant de ses paroles surtout du point de vue de Maman, il se pencha alors vers moi et finit par m'enlacer tendrement alors que je déversai enfin mes larmes contre lui. Ce câlin réconfortant me rappela aussitôt mon enfance. Un temps où il n'y avait que de l'insouciance. Un temps où je ne me préoccupai pas de savoir pour qui mon cœur battait réellement. Passant bientôt une main douce dans mes cheveux pour que je me calme, il reprit alors tout en me dévisageant à nouveau :

-Donc...Tu es une petite Maman à présent ? Ça me fait tellement bizarre de le dire à haute voix...Même de le penser. Je crois que je ne m'y habituerai jamais...Parfois quand je te regarde, j'ai toujours l'impression de te voir gambader vers les Géants avec tes petites tresses rousses et ton air déterminé.

Je suffoquai peu à peu, apaisée par ses paroles tandis qu'une chaleur sécuritaire s'empara de mon être. Mon père n'était pas en colère.

-Ta mère ne m'a pas dit qui était l'heureux élu...Mais j'ai cru entendre Iduna, ajouta-t-il encore.

Rougissant violemment, je me contentai d'hocher la tête tandis qu'il s'exclama à nouveau :

-Hum...Bien que j'approuve amplement ce choix, Elysia a tout de même de la chance de ne pas être face à moi sinon il aurait passé un sale quart d'heure ! Personne ne touche à ma petite fille ainsi ! Combien même c'est pour la rendre heureuse !

Rougissant encore plus de gêne, je ne souhaitais pas qu'il rentre dans les détails et détournai bien vite le regard. Voyant bientôt mon embarras, il soupira alors et murmura avec un sourire crispé :