Chapitre bonus 2 : La chamane :

39 0 0
                                    

Je tombai de sommeil, réfléchissant comme à mon habitude à ma journée du lendemain. Les samedis étaient mon jour préféré de la semaine car c'était celui que je partageais avec Anna. Celui où nous faisions nos cours de chamanisme. Au début, j'avais eu peur qu'elle me rejette comme avait pu le faire Iduna par le passé. Mais il n'en fut rien. Elle avait été demandeuse et excellait dans cet apprentissage. Si bien qu'au rythme où allaient les choses, je n'aurais bientôt plus rien à lui apprendre. Je n'en étais pas peu fière. J'étais moins inquiète quant au fait que je partirai bientôt sans lui avoir tout enseigné.

-Allons Anna...Concentre-toi un peu sur ta discipline...Les chakras c'est fait...Soigner par l'aura c'est fait...Les exercices sur la respiration c'est fait...Les voyages astraux aussi...Enumérai-je, tout ça en trois semaines et encore il a fallu qu'elle se repose lorsqu'elle était malade et quand elle a aidé les autres Northuldra à créer les pompes pour dégorger Arendelle.

Je poussai un soupir de frustration n'arrivant pas à me décider sur une activité adéquate alors que j'en épluchai plusieurs dans ma mémoire en rapport avec les morts.

-Oh Elysia...Si seulement tu étais là pour m'aider ! Grognai-je.

J'attendis avec l'espoir qu'il apparaisse comme il l'avait fait la fameuse nuit d'il y a quelques mois où il était venu m'annoncer le jour de ma mort.

-Zut ! Et puis tant pis ! Si tu ne veux pas venir à moi mon amour, je me charge de venir à toi-même si tu me l'as interdit ! Pestai-je, j'ai besoin de ton avis.

Je savais qu'il allait grogner mais je ne pouvais faire autrement. Me concentrant du mieux que je pus malgré les années de fatigue, je mis tout en œuvre pour pouvoir rejoindre le monde des morts. Je m'endormis ainsi sans trop de difficultés, priant mon âme de s'exfiltrer de mon enveloppe charnelle. Cela prit un peu plus de temps que lorsque j'étais jeune mais j'y parvins.

Je reconnus l'endroit onirique, bleuté et flou et aperçus bientôt mon mari qui fit un bond de surprise en me voyant.

-An...Anna ? Que fais-tu là ? Ce n'est pas bon pour toi ? Je t'avais dit de ne pas venir ! Me gronda-t-il alors que ses yeux trahissaient un sentiment d'envie.
-J'ai besoin d'un petit conseil de mon mari d'amour, minaudai-je sans trop me forcer, si tu coopères rapidement je m'en vais juste après, promis !

Elysia soupira mais s'approcha tout de même de moi faisant monter le bien être dans mon âme toujours intacte. Il se pencha et m'enlaça alors que je reçus son étreinte glacée avec chaleur.

-Ma partie irrationnelle n'est pas pressée que tu repartes mais c'est comme ça...J'ai patienté trente-cinq ans, je pourrais encore patienté quelques mois...Ta fille a besoin de toi ! Renchérit-il, bien...A présent...Dis-moi ce qui se passe ma Anna d'amour ?

Je lui racontais alors rapidement les exploits chamaniques de sa plus petite fille.

-A la bonne heure ! Enfin des leçons qui ne se terminent pas en boucherie ! Finit-il par plaisanter.

Je le fusillai légèrement du regard consciente qu'il était toujours resté en retrait dans nos disputes et il se reprit très vite :

-Puisque tout se passe bien, quel conseil attends-tu de moi ma belle chamane ?
-Je n'arrive pas à me décider sur ce que je vais pouvoir lui faire faire demain, expliquai-je en rougissant à son appellation.

Elysia me prit à nouveau dans ses bras glacials et demanda avec douceur :

-Que sommes-nous en train de faire en ce moment ma Anna ?
-Un voyage astral...Un vrai, accentuai-je alors que mon mari rougit à son tour à la mention du nom de code de nos étreintes charnelles, mais elle est rôdée là-dessus, dès sa deuxième leçons nous avons réussi à aller sur les îles Féroé d'où vient la Duchesse de Funningur...Notre petite Piceaerd adore ses romans...Et c'est tout à son honneur ! Elle en est revenue à peine fatiguée.
-Si je ne me trompe pas il y a eu le barrage qui a englouti tout Arendelle, nota alors mon mari.
-Euh oui...Comment es-tu au courant de cela ? Le questionnai-je surprise.
-Il y a eu pas mal de monde qui est arrivé dans l'Helveg grâce à Aren, les gens ont ensuite été répartis dans l'Hellheim ou le Nifflheim. Il y en a peu qui sont restés dans l'entre-deux, répondit-il.

Je ne lui avouai pas que l'acte venait de l'exploit d'Elsa et Kristoff préférant me concentrer sur l'objectif principal de cette visite.

-Où veux-tu en venir ? Finis-je par l'interroger car je ne voyais pas le rapport entre le barrage et les leçons.
-Qu'aurais-tu voulu faire après la bataille entre les Northuldra et les Arendellien ? Demanda-t-il encore.
-Mourir, dis-je du tac au tac.

Elysia me lança immédiatement un sourire nerveux. Il me serra plus fort et rétorqua :

-Non...Anna...Je voulais dire en tant que chamane ! Qu'aurais-tu dû faire normalement après cette bataille.
-Soulager les gens, murmurai-je cette fois de façon professionnelle, et pour cela nous aurions parlé.

Elysia tiqua car il voyait bien que je n'arrivais pas à mettre la main sur ce qu'il essayait de me faire deviner.

-On va partir sur autre chose, concéda-t-il, tu as la chance d'être chamane, tu te rappelles quelle est sa fonction ? Tu n'arrêtais pas de la répéter à Iduna !
-Oui faire le lien entre le mort et les vivants, lâchai-je d'un coup avant de comprendre.

Je souris immédiatement et regardai mon mari qui me sourit en retour.

-Merci mon Elysia, murmurai-je en embrassant sa joue fantôme.
-De rien ma Anna. A très bientôt.

Sa bouche froide rencontra la mienne pendant quelques secondes avant que je me sente partir vers le monde des vivants.


Malgré l'excitation qui se faisait sentir, j'eus une bonne nuit de sommeil.

-Mamie ! Mamie ! Mamie ! Je suis là ! Clama ma petite-fille le lendemain matin.
-Bonjour ma grande Piceaerd, va doucement...Il faut préserver ta vieille grand-mère tout de même, dis-je avec un sourire.
-Oh oui ! Pardon Mamie ! Je ne serai plus rien sans toi ! Renchérit-elle alors que je faillis m'étrangler.

Elle m'enlaça à m'en étouffer et mon cœur se brisa encore plus...Je n'aurais pas dû promettre à mon Ange de l'Air que je ne lui dirais rien...La vérité lui fera d'autant plus mal quand elle arrivera.

-Allons allons ne dis pas de sottises ! J'ai survécu trente-cinq ans sans ton grand-père, ta mère et bien d'autres alors tu pourras très bien te passer de moi le jour où je partirai ! Grognai-je, en attendant, viens plutôt m'aider à préparer les ingrédients pour la leçon.
-Oui Mamie ! Tout de suite Mamie ! Dit-elle en trépignant d'impatience, qu'est-ce qu'il faut ?
-De la poudre de coquelicot et deux chaises, répondit-elle.

Anna partit en coup de vent et revint quelques secondes plus tard alors que j'avais réussi à caler le mobilier au centre de la salle à manger.

-On commence par des exercices de respiration ? Demanda-t-elle.
-Comme d'habitude ma petite Piceaerd, déclarai-je amusée.

Son comportement changea radicalement et elle se mit d'elle-même en tailleur sur le sol avant de tourner ses paumes de main vers le ciel et fermer ses yeux. Je l'accompagnai bientôt et nous prîmes un temps pour entrer en contact avec les sept chakras principaux.

-Alors que va-t-on faire aujourd'hui Mamie ? Je suis impatiente d'apprendre.

Je l'observai et éclatai soudain de rire devant cette boule d'énergies.

-Mamie ? Tout va bien ? Paniqua-t-elle.
-Oh oui ma petite Piceaerd ! Je repensai à la dernière leçon de chamanisme que j'avais effectué avec ta mère ! Je lui avais souhaité une petite fille qui soit aussi compliquée qu'elle et elle m'avait répondu « du moment qu'elle ne te ressemble pas ! »...

Anna se mit aussitôt à rougir violemment, consciente comme moi de notre ressemblance physique profonde.

-Au final vous êtes toutes les deux tombées à côté. Maman a eu beaucoup de mal à s'occuper d'Elsa et moi je suis tout ton portrait selon elle ! S'écria-t-elle avec un sourire gêné.
-C'est exact, admis-je.

Anna attendit quelques secondes avant de reprendre d'une petite voix :

-Je suis ravie et fière de te ressembler Mamie.

Elle se releva alors d'un bond pour m'enlacer à nouveau. Je lui rendis son étreinte, consciente qu'à la maison elle avait dû en manquer par ses parents préoccupés par sa sœur. Contre leur gré évidemment...Je savais pertinemment qu'Agnarr et Iduna donneraient leurs vies pour leur deux filles.

-Allez ma petite Piceaerd tu vas me faire pleurer, murmurai-je...Bien ! Trêve de retour vers le passé ! Aujourd'hui je vais t'apprendre à assouvir les peines de cœur des gens à travers le spiritisme.

Anna fut attentive comme toujours lorsqu'il s'agissait d'exercices qui l'intéressaient. Ainsi, elle écouta patiemment lorsque je lui expliquai le circuit à faire pour éveiller la connexion avec le défunt. Elle récita ensuite la prière Northuldra avec beaucoup d'éloquence pour éloigner les mauvais esprits et appliqua enfin la poudre de coquelicot sur les points chakras.

-Parfait Anna, on va s'entraîner comme ça tu pourras faire ça d'ici deux ou trois semaines aux personnes qui ont perdu des proches dans le barrage. Ils seront contents. D'accord ? Demandai-je.
-Oui Mamie ! Je suis prête ! Clama-t-elle.
-Bien, donc c'est moi qui vais réceptionner le défunt et toi tu te contentes juste de lui parler, expliquai-je.
-Pourquoi pas l'inverse ? Paniqua-t-elle.
-C'est toi qui dois apprendre à faire le lien entre les deux pas moi ma Petite Piceaerd, moi j'ai déjà suivi cet apprentissage, bon... N'oublie pas de penser au défunt que tu veux contacter avant de commencer d'accord ?
-Ah oui pardon Mamie, s'excusa-t-elle confuse.

Elle me laissa m'allonger et s'exécuta avec beaucoup de professionnalisme. Je priai pour qu'elle ait fait appel à Elysia. J'eus juste le temps d'entrevoir son beau visage par rêves avant de sombrer dans un état comateux. Je ne pensai plus à rien et bientôt le néant m'accueillit. Je restai ainsi pendant de longues minutes qui s'écoulaient lentement.

Puis je finis par rouvrir les yeux et découvris étonnée qu'Anna était...Effrayée.

-Ma petite Piceaerd...Est-ce que tout va bien ? Demandai-je d'une voix pâteuse. Qui as-tu vu ?
-Je...Je me suis trompée dans la formule Mamie, murmura-t-elle alors que son visage se macula de larmes.

Je la pris dans mes bras navrée de la voir aussi bouleversée.

-Allons, allons...Est-ce que l'esprit t'as fait du mal ? L'interrogeai-je.
-Non Mamie...Mais j'ai échoué, pleura-t-elle encore.
-Ce n'est rien ça ma petite Piceaerd...Il en faut des échecs pour réussir, tu es déjà très en avance dans mes cours, la rassurai-je, tu me promets que l'esprit ne t'as pas blessé physiquement ?!
-Je te le jure Mamie...Rien physiquement, bégaya-t-elle.
-Bien...C'est déjà ça...Qui as-tu demandé alors ? Essayai-je à nouveau.
-Je...Je n'ai pas dit de prénom en particulier...Je...J'ai juste demandé à voir un de mes aïeuls... Répondit-elle d'une voix saccadée.
-D'accord. Et la personne, décris moi son timbre de voix...Que t'as-t-elle dit pour que tu te mettes dans un état pareil ?

Anna respira un grand coup pour se calmer avant de rétorquer :

-C'était une voix d'homme Mamie, il...Il a dit...Attends que je me rappelle...Hum : « Anna...Je te remercie pour le destin que tu as changé...Ceci dit je ne te pardonnerai jamais de m'avoir tué alors que je voulais simplement prendre du bon temps...Si tu me rappelles encore une fois, je viendrais de moi-même te hanter chaleureusement dans tes rêves jusqu'à ce que tu perdes la raison ! ».

Je pâlis immédiatement et faillis vomir en comprenant l'orateur.

-Saleté de Yuma Lorcus ! Pestai-je enfin, si je pouvais l'avoir devant moi je l'étranglerais de mes mains...Même si Maman ne serait pas contente !
-Tu...Tu sais qui est cet homme Mamie ? Demanda-t-elle soudain plus calme.
-Oui ma petite Piceaerd...Soupirai-je, c'était le père du chef Amarok qui s'est fait tuer durant la bataille des Northuldra et des Arendellien...Nous avons eu quelques différents tous les deux, mais je ne souhaite pas t'en parler pour préserver ton innocence...Est-ce que tu avais bien fait la prière ?
-Oui Mamie...J'ai bien articulé et j'ai fait attention je te le promets, reprit-elle frustrée.
-Bien...On va le refaire et cette fois tu vas être très très précise dans l'appellation du défunt, là en disant juste « aïeul », le terme était trop large et l'aura a dû se fausser en confondant les membres de mon premier mariage avec mon second...Mais rassure-toi en aucun cas, Yuma n'est un de tes aïeuls et ses menaces ne seront jamais mises à exécution ! Nous allons y veiller toutes les deux.

Anna retrouva définitivement son calme et un sourire finit par revenir sur son visage. Elle s'essuya ses dernières larmes séchées, respira un grand coup et répliqua :

-Je veux bien retenter l'exercice Mamie !

Je lui fis une risette et conclus :

-Je suis ravie de l'entendre ma petite Piceaerd.

Elle me redonna un peu d'énergie et je me remis au sol. Je fus à nouveau happée par le néant pendant plusieurs minutes et j'attendis patiemment qu'Anna ait fini l'exercice. Son visage était triomphant quand je fus rappelée après cela. Elle pleurait encore mais cette fois de joie.

-J'en conclus que ça a été réussi ? Demandai-je avec un sourire.

Elle acquiesça avec force et répondis :

-Oui Mamie. J'ai préféré demander quelqu'un de neutre cette fois et j'ai pu voir le fils d'Aude la fleuriste...C'est...C'est le premier corps d'enfants que j'ai eu à affronter après l'accident du barrage...Je vais pouvoir transmettre à sa Maman qu'il a bien rejoint l'Hellheim et qu'il veille sur elle de là-haut...Qu'il ne faut pas qu'elle le pleure et pleins d'autres choses merveilleuses pour la rassurer.

J'assimilai aussitôt la conversation de ce petit garçon à ce que mon précieux Olaf avait pu me dire il y a bien longtemps maintenant. Je réprimai un frisson et manquai de pleurer à mon tour. Puis je retrouvai le sourire tout en sachant que je le retrouverai sans doute bientôt comme Elysia...Je n'eus pas le temps de penser plus qu'Anna me sauta à nouveau au cou avec violence.

-Oula doucement ma petite Piceaerd, tes câlins à répétitions me font plaisir mais vas-y doucement tout de même, déclarai-je amusée.
-Oui pardon Mamie...Mais je voulais te remercier de m'apprendre tout ça...Je me sens enfin importante...J'ai vraiment l'impression d'être spéciale comme Elsa...D'avoir un pouvoir en quelque sorte, se justifia-t-elle.
-Je comprends Anna...Néanmoins ta sœur et toi êtes exceptionnelles chacune à votre manière, murmurai-je.

Elle hocha la tête alors que je demandai encore comme à la fin de chaque cours :

-Est-ce que tu as des questions ma petite Piceaerd ?

Je devinai déjà la réponse en voyant ses yeux pétiller de malice. Nous passions toujours autant de temps à faire l'exercice qu'à parler après.
Elle vint s'assoir à table alors que je lui servis le repas. Le ragoût de rennes avait mijoté toute la matinée pour être bien savoureux.

-Oui j'en ai ! Clama-t-elle, d'abord...Comment était ma deuxième prestation ? Est-ce que je n'ai pas trop fait de gaffes Mamie ? Où étais-tu pendant que les âmes se sont emparées de ton corps ?! Est-ce que tu as eu mal ou est-ce que j'ai bien placé mes mains ?
-Doucement Anna...Calme-toi...Tu as été parfaite pour ton deuxième essai comme d'habitude ! La coupai-je, Je plaisantais tout à l'heure en disant que tu apprends tellement vite que tu n'auras bientôt plus besoin de moi mais à force je vais finir par croire que c'est vrai...Ton arrière-grand-mère serait extrêmement fière de toi.

Elle pâlit immédiatement en entendant ma première partie de phrase et je tentai de rester la plus neutre possible alors qu'elle me fit un énième câlin. Elle était très tactile contrairement à Elsa et j'avais l'impression de retrouver dans ses gestes son cher grand-père.

-Je te le redis encore ! Tu es une privilégiée comme Elsa ! Tu ne débarrasseras jamais de moi Mamie ! Tu as encore pleins d'années à vivre à nos côtés ! Clama-t-elle alarmée.

Elle sentait que quelque chose n'allait pas dans mes paroles. Pourtant je restai impassible et la grondai gentiment pour cacher mon trouble :

-Seuls les dieux le savent ma petite Piceaerd, tu te rends compte quand même qu'en un mois de temps tu as assimilé ce que ma mère a mis cinq ans à m'enseigner ! Non vraiment ! Ton aura est un petit bijou.
-Merci Mamie, dit-elle en rougissant, je...Je n'ai pas l'habitude d'être mise en avant sans attirer l'attention.
-Quoi ? Ma petite Piceaerd qui s'excite pour se montrer aux autres ? Vraiment tu es comme ça ? Me moquai-je.

Elle hocha la tête et la baissa bientôt honteuse. Je repris aussitôt avec douceur :

-Ceci dit...Je t'ai trouvée un peu plus agitée que d'habitude aujourd'hui...Cela aurait-il un rapport avec le fait que notre cours ait été déplacé cette semaine ?

Le visage d'Anna se réchauffa immédiatement et je sus tout de suite que j'allais avoir le droit à une confession sur ses peines de cœur.
Elle n'en démordait pas. Elle voulait piquer Kristoff à sa sœur. A cause de son rêve. Je n'osais pas lui dire qu'il ne fallait pas s'y fier. Que dans d'autres de mes vies j'avais été une peste avec son grand-père maternel et aimai un homme que j'ai détesté dans ma vie actuelle...Que j'avais même eu une liaison avec son grand-père paternel au plus grand bonheur de ce dernier. Non Anna...Tu ne peux pas lui dire ça...Elle n'est clairement pas prête, soupirai-je.

-Mamie... J'ai fait une bêtise, bafouilla soudain Anna en tremblotant.

Je faillis m'étrangler avec mon gâteau avant de répondre du tac au tac :

-Quoi toi aussi ?! Non mais vous vous êtes concertées avec Elsa ce n'est pas possible !

Anna pâlit à nouveau sans comprendre.

-Quoi ? Quoi moi aussi ? Répéta-t-elle, pourquoi Elsa ? Qu'est-ce qu'elle a Elsa ?

Je l'observai attentivement durant une petite seconde et poussai intérieurement un soupir de soulagement. Non...Ma petite Piceaerd était beaucoup trop jeune pour avoir fait l'amour surtout quand je savais qu'elle était incapable de choisir entre Hans ou Kristoff. Je la serrai fort contre moi et la rassurai immédiatement :

-Rien ma petite Piceaerd...Rien du tout...Elsa va très bien je t'assure...Elle file le parfait amour avec son grand Nattura c'est tout...Excuse-moi...Je suis tout à ton écoute.

Le visage d'Anna devint cramoisi de jalousie. Elle m'observa encore quelques secondes. Puis elle roula des yeux et je remarquai qu'elle était pensive. Elle réfléchissait à comment elle allait m'annoncer la nouvelle. En la voyant ainsi, je m'attendais tout de même au pire. Au moins il n'y avait pas d'autres barrages à casser dans les environs...

-Oh...Ce n'est peut-être pas si important que ça après tout, lâcha-t-elle en se relevant, et comme tu dis...Ma sœur va très bien.
-Une tentative de repli donc, murmurai-je, bien Anna...Tu ne fais plus confiance à ta vieille grand-mère.
-Non non Mamie ce n'est pas ça ! Je...J'ai peur de faire du mal à Elsa ! S'écria-t-elle soudain.

Ses yeux s'embuèrent de contrariété et je supposai tout de suite que ladite bêtise avait dû se faire avec Kristoff. Sinon elle n'aurait jamais impliqué sa sœur dans l'équation. Je la pris immédiatement par les épaules en m'écriant :

-Que me chantes-tu là ma petite Piceaerd ?! Toi ?! Faire du mal à ta sœur ?! S'il y en a bien une qui ne doit rien craindre de toi c'est elle !

Le visage d'Anna se décomposa à nouveau en entendant mes paroles sensées l'apaiser.

-Peu importe Mamie...C'était une bêtise de plus de ma part de toute façon, maugréa-t-elle les larmes aux yeux.
-Et tu ne veux pas être plus explicite ? Insistai-je.

Anna se replia sur elle-même de la même manière que sa sœur pouvait le faire. Elle secoua la tête et reprit :

-Non. Mamie...Je...J'ai eu trop honte.

Je ne la brusquai pas plus. Après tout mon rôle était de l'écouter. Elle finit alors par chuchoter d'une voix légère :

-Je...J'ai embrassé Kristoff.

J'hochai la tête lui indiquant alors de poursuivre.

-Il...Il n'a pas très bien réagi...Il m'aime mais comme une sœur...Il voit sa vie avec Elsa.
-Je vois ma petite Piceaerd...Et Hans qu'a-t-il dit ? Demandai-je.
-Qu'il continuera de m'aider à faire des tentatives si je veux Kristoff, répondit-elle.
-Et est-ce que tu vas encore en faire ?

Anna haussa les épaules. Je pris cela pour un oui et soupirai intérieurement.

-Tu ne dis rien ? Questionna-t-elle frustrée.
-Rien te concernant ma petite fille... Néanmoins Hans est dévoué c'est tout ce que nous pouvons tirer de tes récits.

Son visage afficha une mine boudeuse et je savais que ce n'était pas la réponse qu'elle aurait voulue. Je m'approchai encore doucement d'elle et lui tendis mes bras.

-Est-ce qu'un câlin de ta vieille grand-mère suffirait à te faire oublier ton chagrin ? Demandai-je avec un sourire.

Anna me regarda avec les yeux encore brillants. Puis elle se rua contre moi et y resta très longtemps. Je lui caressai les cheveux avec tendresse en murmurant :

-Quoi que tu aies fait ma petite Piceaerd, cela ne pourra pas être pire que ce que j'ai été capable de faire au même âge que toi ! Un baiser n'est rien du tout comparé à d'autres choses...Même si à quinze ans je n'étais pas encore trop imprudente, ajoutai-je avec un sourire.

Cela suffit à éveiller sa curiosité. Elle se détacha soudain de mon étreinte et m'observa à nouveau.

-Toi Mamie ? Tu as fait des bêtises ?

Je ris et lui ébouriffai les cheveux.

-Oh oui ! Je te raconterai tout cela un jour...Quand tu auras mûri ! Clamai-je avec un clin d'œil.

Elle fut silencieuse après cela. Puis elle répliqua encore :

-Tu sais Mamie...Je vais bientôt l'être. J'ai presque seize ans...Demain pour être plus précise.
-Oh mais quelle merveilleuse nouvelle ! Repris-je, profite-s'en surtout !
-Oui ! Dit-elle comme si elle n'avait pas fini sa phrase...Est-ce que tu te rappelles des tiens ? Oh...Peut-être pas après tout ça remonte à longtemps maintenant !

Mon cœur se déchira de nostalgie en repensant à Elysia qui était venu me faire la surprise de me rejoindre sous l'épicéa des Plages Grises alors que je venais de me fiancer à Amarok. C'était notre...Enfin nos premiers vrais baisers...Le dévoilage de nos premiers sentiments l'un envers l'autre. Lui...Mon faux frère...Mon amant...Mon mari...Le père de mes enfants...Comment avais-je pu vivre sans lui pendant si longtemps depuis ?! Malgré les années...Malgré la mort...Aucune flamme...Aucune coupole ne pourrait éteindre notre amour. Je frissonnai en repensant à ses excuses alors que nous nous étions disputés quatre ans avant notre premier baiser...A la bague faite avec la glace d'Ahtohallan qu'il m'avait fabriqué et qui était parti rejoindre son corps lors de sa mort...Sa manière craquante de se toucher la nuque quand il était stressé...A son courage de m'avoir embrassé alors que je connaissais sa timidité...Oh Dieu que je l'aimais...Je l'aimerai toujours...Et bientôt je serai à ses côtés...Enfin.

-Youhou Mamie ! Mamie ! Appela soudain Anna qui était toute rouge.
-Hein quoi ?! Pourquoi fais-tu cette tête ma petite Piceaerd ? Demandai-je.
-Tu as dit « je t'aime » à haute voix...Je suppose que tu parlais de Papy Elysia !
-Bien évidemment ! Je ne parlais pas de ton autre grand-père Runeard, grinçai-je.

Anna reprit des couleurs à cause de la confusion puis elle s'exclama plein d'espoir espérant avoir des informations sur mon passé :

-Donc ton seizième anniversaire avait un rapport avec Papy Elysia ?
-Oui ma petite Piceaerd...Comme pratiquement tous après tout ! La grondai-je gentiment.

Anna se tut et nous nous regardâmes avec une grande complicité.

-Est-ce que tu as autre chose à me confier ? Questionnai-je.
-Euh...Non Mamie...C'est juste que...Bafouilla-t-elle.

Elle me regarda avec nervosité et essaya de parler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle attendit ainsi au beau milieu de la hutte alors que je commençai à ranger les affaires que nous avions déplacées pour l'exercice voyant qu'elle n'arrivait pas à parler.

-Mamie...Essaya-t-elle encore.

Je m'arrêtai à nouveau et la regardai.

-Oui ? Demandai-je.

Elle allait parler mais une fois encore elle se retint, se déchiquetant la lèvre.

-Non rien, finit-elle par répondre...Hum...C'est sans importance...Merci pour tout. Je te dis à la semaine prochaine ?
-Avec grand plaisir ma petite Piceaerd ! Clamai-je.

Anna resta un moment à l'entrée de la hutte. Elle se serra les poings avec force et les frotta de contrariété sur sa tenue Northuldra comme son grand-père et sa mère pouvaient le faire, avant de me jeter un dernier regard. Elle soupira ensuite et emprunta le géant pour retourner à Arendelle. Je sentais que je l'avais froissé mais je ne comprenais pas en quoi...

-Bonjour grande sœur, te joins-tu à nous pour déjeuner ? Demanda soudain Andréas en m'offrant son plus beau sourire.

Je sursautai immédiatement mais répondis en plaisantant tout de même :

-Oh que oui ! J'ai assez de ragoût pour tout le monde.

Le sourire de mon petit frère adoptif fut bientôt replacé par un air nostalgique. Mince ! Mais quelle bourde avais-je faite encore ?! A ma grande surprise, je l'entendis alors répliquer :

-Je me souviens quand Maman et toi vous le faisiez, vous n'arrêtiez pas de vous chamailler...Mais vous vous aimiez...Et c'était toujours Papa qui arrivait à vous calmer.

J'hochai la tête me replongeant moi-même dans les souvenirs de ma Mère en train de me forcer à me marier avec Amarok. Je pâlis immédiatement alors que mon grand frère se rua sur moi en m'enlaçant. Il resta ainsi à me pleurer dans les bras pendant plusieurs minutes.

-Allons...Allons...Tu es grand maintenant pour avoir une telle peine, peinai-je à articuler sans avoir moi-même les larmes aux yeux car je n'aimais pas le voir comme ça.
-Pourtant Anna, tu as eu ce sentiment de solitude toi aussi quand tu as perdu tes proches, souleva-t-il.

Je devins blanche en y repensant avant de me reprendre et de dire :

-J'en ai retrouvé quelques-uns depuis...Et toi aussi...Profite donc de tes enfants qui t'ont été redonnés Andréas.

Il acquiesça mais garda un visage dur à l'égard de Beata.

-Elle aussi m'a abandonnée ! Explosa-t-il, me privant de mon petit Kaspian pendant longtemps ! Et derechef comme j'ai passé mon temps à la chercher je n'ai pas non plus vu Ryder et Honeymaren grandir !

Je joignis aussitôt mes paumes de mains aux siennes pour tenter de le canaliser. Cela sembla marcher. J'attendis quelques secondes puis je surenchéris en lui frottant vigoureusement le dos :

-Donc c'est bien ce que je te dis, profite d'eux au maximum maintenant ! Moi aussi j'avais perdu mon Ange de l'Air mais j'ai été ravie de la retrouver à l'âge adulte ! Ravie de voir qu'elle avait fait des enfants.
-Oui tu as raison...Je devrais être plus fort, tous mes enfants sont en bonne santé ! Quand on sait que toi tu as perdu Olaf.

Je me raidis aussitôt en revoyant mon petit garçon de cinq ans s'éteindre dans mes bras.

-Il aurait fait un merveilleux adulte pour sûr ! Renchérit Andréas pour me consoler, je ne l'avais pas vu beaucoup mais je l'avais aimé.

Je me contentai d'acquiescer, incapable de retrouver mes mots. Mon petit frère continua pour moi :

-Merci grande sœur pour tes conseils...J'aurais aimé que Pieter soit comme toi...C'est un de mes plus grands regrets...Ne jamais avoir eu de complicité avec lui.

Mes poils s'hérissèrent derechef en entendant le nom de mon grand frère prononcé à voix haute. Sans le vouloir, je rétorquai agressivement :

-Pieter et toi avez toujours eu une animosité ! Mais crois-moi il m'a beaucoup appris en tous cas ! Et surtout ! Surtout ! Il a tout de même réussi à tenir la promesse qu'il avait faite auprès de Papa et Maman quand je suis née.

Andréas sembla gêné devant mon ton enflammé. Il a vu qu'il m'avait troublé. Il reprit aussitôt d'une voix enfantine :

-Tu sais...Lui ne m'aimait pas forcément mais sa mort m'a quand même attristée.

La vision des derniers instants de mon frère traversa aussitôt mon esprit et j'activai mon chakra couronne pour relativiser sinon j'allais exploser de la même façon qu'Anna tout à l'heure.

-Je sais que tu es sincère petit frère, murmurai-je en posant ma main sur son épaule...Bien...Arrêtons cette discussion ici avant que je finisse définitivement en larmes...On va rejoindre Yélana à présent, aide-moi à transporter la marmite de rennes.
-Oui grande sœur, bien sûr ! Dit-il en retrouvant le sourire.

Sans attendre, nous partîmes de la maison et nous rendîmes vers la Clairière des Rencontres. Ma meilleure amie nous y attendait un peu bougonne comme à son habitude.

-Ah bah ce n'est pas trop tôt ! Je pensais qu'avec Andréas ça irait vite ! Maugréa-t-elle.
-J'avais besoin de consolé mon petit frère chéri, renchéris-je.

Yélana leva des yeux amusés au ciel avant de nous dévisager à nouveau.

- J'ai cru que tu avais invité ta petite fille à dîner avec nous ! Reprit-elle.
-Non ! Elle a préféré un repas privilégié avec sa grand-mère. A présent, elle est repartie pour ses devoirs royaux en Arendelle comme à son habitude, répliquai-je.

Yélana frissonna légèrement comme à chaque fois que je mentionnais la couronne royale. Puis elle essaya de s'intéresser à notre leçon de chamanisme hebdomadaire. C'était sa façon à elle, de renouer avec cette nouvelle aire Northuldra qui avait ressuscité grâce à Anna et Elsa. Je n'omettais aucun détail à ma meilleure amie sur mes petites filles que ce soit l'une ou l'autre. Aussi, je lui racontai bientôt le malaise de ma petite Piceaerd aujourd'hui à l'égard de son premier échec puis la peur de faire du mal à sa sœur ainsi que la mention de son anniversaire en fin de semaine.

-Elle m'a interrogé sur mes seize ans, expliquai-je, elle m'a demandé si ça avait été important pour moi.

Yélana me regarda à nouveau amusée et répliqua du tac au tac :

-Et toi bien sûr en bonne mamie prude tu n'as pas mentionné que c'était la première fois que tu avais embrassé ton cher Elysia.

Malgré le poids de mon âge et les années qui me séparaient de mon mari, je sentis mes joues se chauffaient instantanément.

-Eh bien...Disons que je ne l'ai clairement pas dit comme ça ! Et je suis surprise que tu te rappelles ça ! Bafouillai-je confuse.

Yélana soupira encore et rétorqua avec un gros sourire :

-Ce genre de détails est inoubliable... Elysia ne faisait que m'en parlait c'était lassant à force... « Toi qui la connais bien Yélana est-ce que tu penses qu'elle sera contente de ma bague ?! Est-ce que tu crois qu'elle m'aime ? Est-ce que tu crois que je vais avoir le courage de l'embrasser ? Est-ce qu'elle va me pardonner ? »...Ce n'était que ces questions-là tous les jours...J'ai cru que j'allais devenir folle !

Je lui pris la main de compassion et répliquai :

-Ça en valait le coup... Même si à cette période moi aussi je pensais devenir folle avec mes fiançailles à Amarok.

Nous grimaçâmes en même temps avant d'éclater de rire.

-Certes Madame Piceaerd, reprit-elle, bon et du coup, ta petite Anna t'a parlée de son anniversaire et après ?
-...Elle était bizarre, commentai-je, elle a attendu sur le pas de la porte...Comme si elle voulait me demander quelque chose mais qu'elle n'osait pas.

La réaction de Yélana me surprit alors. Elle se mit à taper des mains et s'exclama :

-Sérieusement Anna ! Tu te moques de moi !
-Euh...Non pourquoi ? Demandai-je ne comprenant pas où elle voulait en venir.
-Ta petite fille n'attendait qu'une chose-là ! S'écria-t-elle, si tu me dis « Quoi donc ?! », je t'étrangle avec ton ragoût !

Je compris en un éclair où elle voulait en venir et me grondai moi-même :

-Suis-je bête !? Elle voulait juste que je lui dise que j'allais venir à son anniversaire en Arendelle !
-Mesdames et messieurs la sagesse d'Anna Piceaerd, continua de dire mon amie en se moquant.
-Tu n'es pas en reste dans tout ce qui concerne les maladresses Yélana Coudrier ! Maugréai-je me sentant de plus en plus ridicule.
-Je ne vois pas du tout de quoi tu parles ! Renchérit-elle.
-Oh je ne sais pas moi...Je ne suis pas sûre hein ! Mais il me semble qu'une fois tu avais sorti à Iduna qu'elle n'aurait pas dû exister à cause des coupoles maudites !

Le sourire de Yélana disparut immédiatement et elle grogna :

-Oui j'ai compris. Un point pour toi également. Bien. Nous sommes d'accord que même si tu ne lui as rien dit, tu vas y aller quand même ?
-Evidemment ! M'écriai-je retrouvant le sourire, elle aura la surprise, ce ne sera que mieux pour elle.
-A la bonne heure ! S'écria-t-elle, bon que vas-tu lui offrir comme cadeau dans ce cas ?

Je fus tout de suite prise de court. La vérité était évidente : Anna en tant que princesse d'Arendelle avait déjà tout à disposition...Même mes propres copies de roman de la duchesse de Funningur.

-Je ne sais absolument pas de quoi elle pourrait avoir besoin, soupirai-je quelques instants plus tard.
-Peut-être à quelque chose en lien avec le chamanisme, non ? Minauda à nouveau ma meilleure amie.

J'épluchai dans ma mémoire ce qui avait pu être transmis par ma mère et que je n'avais pas déjà jeté dans la Mer Sombre et j'eus soudain une illumination.

-Tiens tiens...Ce regard...Quelque chose me dit qu'Anna Piceaerd a trouvé ! S'exclama-t-elle en me dévisageant.
-Oui ! Je retourne à la hutte de Papa et Maman ! Déclarai-je toute contente, merci Yélana ! Merci !

Ma meilleure amie fut immédiatement intriguée. Estimant que les autres Northuldra n'avaient pas besoin d'elle pour le moment, elle décida de me suivre nous replongeant toutes les deux dans le passé. Je marquai comme toujours un petit temps d'arrêt par respect pour mes parents avant d'entrer dans la demeure.

-Tu as dû me voir avec, très peu de fois en réalité, murmurai-je pensive.

Ne lui laissant pas le temps de me questionner, je me dirigeai vers une malle où reposaient encore les robes de Maman et en sortis bientôt l'écharpe bleue que j'avais obtenue lors de ma deuxième épreuve de réussite sur le chamanisme et mon rôle de cinquième esprit. Yélana écarquilla aussitôt des yeux ronds et je pus y lire un retour en arrière pour elle aussi.

-Je me souviens que tu l'avais porté le jour de tes dix-huit ans, me confia-t-elle bientôt.
-Exact, repris-je en rougissant, c'était le fameux jour où nous nous étions retrouvées et que je devais rejoindre Elysia le soir même pour que nous passions notre nuit ense...
-Stop Anna ! Merci ! Je ne veux toujours pas de détails même au bout cinquante et un ans ! Dit-elle très vite.

J'haussai les épaules gardant les images de cette nuit magique qui tournèrent dans ma tête aussi distinctement que si elles remontaient à quelques heures. Puis je me repris en voyant que Yélana m'observait toujours et j'emballai l'écharpe avec plus de soin tout en reprenant :

-Quand Maman et Papa sont morts...J'ai décidé de m'en détacher comme je m'étais détachée de la bague de fiançailles d'Elysia et des barrettes crocus de Pieter...Toutefois je n'ai jamais réussi à brûler cette écharpe car j'avais secrètement le rêve que j'aurais pu la transmettre un jour à Iduna...Bon toi comme moi savons ce qu'elle a pensé de toutes ces leçons...Heureusement qu'Anna aime le chamanisme finalement.

Ma meilleure amie acquiesça et répliqua :

-Tu ne pouvais pas faire de cadeau plus judicieux.

Puis elle marqua un temps d'arrêt avant d'ajouter :

-Ta mère doit être très fière de toi là où elle est...Je sais que c'était important pour toi et que tu as souffert de cet échec avec Iduna.

J'essayai de relativiser même si sa remarque me toucha profondément.

-Du Niflheim, elle ne me voit pas malheureusement, déclarai-je, mais Papa, ma Belle-Mère et mon Elysia doivent l'être pour sûr !

Ce fut au tour de Yélana d'être surprise. Voyant qu'elle ne comprenait pas, je pris deux bonnes heures pour lui expliquer qu'elle avait été ma vie de solitude sur les Plages Grises en trente-cinq ans de la mort d'Olaf, à mes recherches sur les coupoles dans Ahtohallan. Elle écouta attentivement et je fus surpris de voir qu'elle se contenta juste d'hocher la tête sans remettre en cause mes dires.

Quand mon récit se termina, elle demanda d'une voix renfrognée :

-Mais du coup quand j'irai rejoindre Amarok, il n'éprouvera pas de sentiments pour toi au moins ?
-Pas plus qu'il n'en a éprouvé lorsqu'il était vivant, assurai-je.

Même si je n'étais pas sûre car je ne savais pas si le fait d'avoir fait d'autres vie différaient sur nos sentiments. Yélana me fixa longuement puis me serra la main.

-Si mon fils avait survécu nous aurions allumés ces coupoles avec Iduna ! Lâcha-t-elle d'un coup.
-Tu es incroyable ! M'exclamai-je dépitée, alors tout ce que je viens de te dire n'a servi à rien !? Le destin n'a pas besoin des coupoles pour s'acharner mais tu leurs restes quand même fidèle !
-A jamais Anna, grommela-t-elle en souriant.

Je lui révélai alors la vérité à propos de ma fille et mon gendre :

-Apprends ma chère que même si tu l'avais voulu, cela ne se serait pas produit car Iduna était promise à Agnarr.
-Balivernes ! Les coupoles ne marchent pas sur un Arendellien ! S'exclama-t-elle désespérée.
-Elles marcheront sur mes petites filles pourtant si elles le désirent, renchéris-je.
-Alors tu nous aurais tous trahis ? Me persécuta-t-elle.
-Je n'aurais trahi personne, répliquai-je agacée, à la base Runeard était venu pour unir nos deux nations, pour que nous soyons amis...Et malgré tout, c'est ce qui a fini par arriver, cela a pris du temps c'est tout.
-Et tu crois sincèrement qu'Elysia aurait laissé faire cela ? Renchérit-elle avec hargne.

Je savais au fond de mon cœur qu'il en aurait été hors de question mise à part si Iduna était tombée amoureuse d'Agnarr.

-Bien sûr que oui, me convainquis-je, et personnellement je ne vois pas pourquoi tu en fais tout un plat ! Il n'y a aucune différence entre un pacte marqué d'un sceau royal et des coupoles gravées à la naissance dans le bois allumées par une chamane...C'est exactement pareil ! C'est un mariage forcé dans les deux cas !

Yélana accueillit ma phrase comme une claque. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Aucun argument valable n'aurait pu contrecarrer ce que j'essayais de lui faire comprendre depuis le début et elle le comprit enfin.

-Je crois que notre discussion touche à sa fin pour aujourd'hui ! Conclut-elle, tu embrasseras Iduna, Elsa et Anna pour l'anniversaire de cette dernière.

Vexée, elle partit avant que je ne puisse répondre. Je la laissai méditer, faisant de même de mon côté.

L'anniversaire de ma petite fille arriva et fut un succès. Nous retentâmes l'exercice de spiritisme devant toute l'assemblée d'Arendelle et il n'y eut aucun problème cette fois-ci. Elle fut heureuse de son écharpe bleue et nous passâmes l'après-midi ensemble. Je fus contente de constater qu'elle avait finalement réussi à choisir entre Kristoff et Hans faisant le choix judicieux de laisser le grand Nattura à sa sœur. En revanche, je ne lui fis pas part de la petite fille que j'avais vue dans son ventre quand je lui avais donné son présent, espérant seulement qu'elle était bien de mon petit Piceaerd.

Tout se profilait donc pour le mieux et j'étais déjà impatiente que nous fassions notre prochaine leçon de chamanisme. J'étais donc en train de préparer des biscuits tout en me remémorant la leçon du jour que j'allais inculquer à Anna aujourd'hui. Ma petite Piceaerd n'allait pas tarder à arriver. J'appréhendais toujours ses entrées fracassantes me demandant quand est-ce que j'allais succomber à la crise cardiaque. Malgré tout, sa joie de vivre me donnait le sourire. Tout comme le fait d'avoir aidé sa sœur avant elle. L'odeur des biscuits se fit bientôt sentir. J'en goûtais un et la pâte croustillante éveilla un peu plus mes papilles. Je conservai les gâteaux et les plongeai dans du chocolat chaud. Un vieux souvenir d'Elysia et moi en train de faire la cuisine dans la hutte d'Amarok et Yélana émergea dans ma mémoire et je rougis violemment.

Courant d'Air entra immédiatement dans la pièce alors que j'étais encore dans ma rêverie et j'entendis soudain hurler :

-MAMAN ! MAMAN ! MAMAN !

J'eus du mal à reconnaître la voix de mon Ange de l'Air tellement elle était déformée par les sanglots. Elle venait d'arriver dans la hutte avec brutalité suivie d'Agnarr qui me regardait avec plus de réserves.

-Iduna ? Si je m'attendais à te voir toi ma chérie ? Que se passe-t-il ? Tu es bien pâle, déclarai-je.

Sans m'accorder de réponse ma fille se rua dans mes bras et laissa échapper toutes ses larmes. Je lui frottai vigoureusement le dos alors que cela me déchirait les entrailles de la voir comme ça.

-Mon Gendre...Qu'est-ce qui se passe ? Demandai-je à nouveau, personne n'est mort au moins ?
-Non, Belle-Maman, grinça-t-il.

Iduna réagit immédiatement en entendant le ton de son mari. Furieuse, elle se tourna vers lui et lui hurla dessus :

-AGNARR TU N'ES QU'UN IDIOT ! C'EST TA FAUTE ! SI TU N'AVAIS PAS DETRUIT LA PIECE DE CHAMANISME ET INTERDIT A ANNA DE POURSUIVRE SES LECONS AVEC SA GRAND-MERE ELLE NE SE SERAIT PAS ENFUIE !!

Je me pétrifiai dans un premier temps avant de répéter à mon tour d'une voix furibonde :

-Vous avez fait quoi mon Gendre ?

Je mis aussitôt mon Ange de l'Air sur le côté et me ruai sur lui avant de le secouer. Puis je lui criai dessus :

-De quel droit osez-vous faire ça ?! En quoi cela vous gêne-t-il dans votre petite vie de roi que j'apprenne des choses à MA petite fille ?! Oui votre père détestait la magie mais il était pour sûr plus ouvert d'esprit que vous malgré tout, je vous le garantis ! Je vous préviens s'il arrive quelque chose à Anna vous allez avoir affaire à moi !
-Belle-Maman je vous interdis de me parler sur ce ton ! S'exclama-t-il d'un air bougon, j'ai encore le droit de faire ce que je veux dans mon royaume, il me semble ! Je n'ai rien contre vos leçons en soi, mais ma fille passe plus de temps et prend plus de plaisir à appliquer son rôle de chamane qu'à suivre ces futurs devoirs de monarques !
-Dans ce cas mon Gendre pourquoi avoir détruit tout une pièce remplie de grimoire écrits par mon précieux Ange de l'Air pour préserver sa communauté si ce n'est pour éradiquer la partie Northuldra qui loge pourtant dans les veines de votre descendance ?! Ne vous moquez pas de moi je ne suis pas d'humeur ! Vous avez déjà dépassé les bornes à plusieurs reprises en faisant du mal à Iduna et Elsa...Et maintenant Anna ! Mais quand allez-vous cesser vos pitreries !

Agnarr rougit pris au dépourvu. Il répliqua toujours de mauvaise humeur :

-Oui bon je reconnais, je suis quelqu'un de sanguin et ma colère m'a fait faire n'importe quoi...
-...Une chance pour vous qu'il y a des exemplaires de chamanisme écrits par les grands-mères et les arrière-grands-mères d'Iduna ! Le coupai-je, vous ne verrez donc aucun inconvénient à ce que mon Ange de l'Air les rapporte au château pour redorer cette pièce visiblement consacré à son passé ?

Mon Gendre me jeta un regard fuyant se sentant prisonnier de la situation. Il finit par grogner :

-Non aucun...Cessez donc de vous en faire...Anna n'est pas partie seule de toute façon ! Elle a embarqué Hans avec elle ! Ils sont sans doute en train de batifoler à l'heure qu'il est, ces deux idiots !
-Vous devriez en faire autant Agnarr cela vous détendrez ! Clamai-je.

Il s'empourpra et railla encore :

-Il ne nous reste qu'Elsa et son ravent de montagnard pour la couronne !

Iduna se rua alors vers lui et lui assena une gifle tout en criant :

-Son ravent de montagnard comme tu dis c'est un Northuldra comme ta femme !
-Et il fait déjà partie de la famille Piceaerd grâce à son père ! Persifflai-je.
-Ça Maman ce n'était pas obligé par contre, maugréa-t-elle n'aimant toujours pas ce pauvre Andréas.
-Soit mon Ange de l'Air...Bien...C'est gentil de m'avoir informé que mon Gendre était un abruti mais que voulez-vous que je fasse à mon âge pour vous aider à trouver Anna ? Demandai-je, surtout que je suppose que vous avez déjà fait des recherches un peu partout dans les royaumes voisins...

Iduna pleura de plus belle et se lova à nouveau contre moi.

-Je m'excuse Maman, bafouilla-t-elle, je m'excuse de t'avoir fait souffrir...Je me rends compte maintenant de l'état dans lequel tu devais être quand je suis partie...En plus il n'y avait plus Papa pour te protéger...Je ne voulais pas te faire du mal...Pardon...Pardon...Pardon.

Je faillis flancher à la mention d'Elysia mais à la place je la serrai plus fort et lui embrassai les cheveux.

-Je sais ma chérie, je sais...Tu as fait ce qui était juste...Et tu as appliqué une leçon de chamanisme donc je ne peux pas t'en vouloir, répliquai-je.
-Une leçon de chamanisme c'est ce dont nous allons avoir besoin maintenant Belle-Maman ! Reprit Agnarr avec des yeux implorants.
-Ah bon mon Gendre ? Vous avez besoin de ma sorcellerie à présent ?! Comme c'est curieux ! Il me semblait tout à l'heure que mon Ange de l'Air avait dit que vous ne vouliez plus en entendre parler pour préserver Anna ?!
-Oui...Bon...Comme je vous le rappelle...Je me suis trompé...J'ai fait mon décret sans réfléchir aux conséquences.
-Ça c'est vraiment fâcheux, murmurai-je presque méchante, Ne m'en veuillez pas mais je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée après tout ! Je n'ai pas envie de trahir ma petite fille qui elle au moins aime ce qu'elle fait et y a mis toute sa volonté dès le départ ! Elle sera peut-être plus heureuse avec son amant loin de vous et votre incompétence !
-Maman je t'en prie ! Je t'en supplie ! Cria Iduna, Anna comprendra, aide-moi à la ramener...Par les voyages astraux...Pas ceux que tu faisais avec Papa hein...
-Ah pourtant elle réussit ceux-là aussi avec brillance, déclarai-je amusée.

Mon Ange de l'Air se renfrogna et m'observa cherchant une explication. Puis voyant que je ne dirai rien elle ajouta :

-Par les voyages astraux tu peux la localiser et nous dire où elle est...Si elle est brillante comme tu dis...
-Elle l'est.
-Dans ce cas, tu n'auras aucun problème à la trouver, s'il te plaît Maman je te le demande à genoux.

Je soupirai tiraillée par ce dilemme cornélien : Rendre le sourire à ma fille ou perdre la confiance de ma petite fille. Je pesai le pour et le contre. Je me revoyais moi-même en train de courir après Iduna pour la perdre à jamais et souffrir. D'un autre côté, Anna avait eu les tripes que je n'avais jamais eues : Elle s'était enfuie avec celui qu'elle aime pour espérer vivre pleinement avec lui, fuyant l'autorité parentale.

-Tu sais que c'est contre mes principes mon Ange de l'Air, je ne veux pas lui imposer de rentrer...Elle a fait son choix, tout comme tu avais fait le tien en aidant Agnarr...Lâchai-je.
-Belle-Maman...De quel choix sensé parlez-vous ?! Explosa mon Gendre, elle a seize ans et Hans dix-sept ! Ils sont trop jeunes pour se rendre compte de ce qu'ils font !
-Pas besoin d'être jeune pour être idiot, lui criai-je, vous en êtes la preuve vivante Agnarr !
-Maman s'il te plaît...Intervint alors Iduna, oui je sais que tu ne veux pas choisir pour nous et que tu m'as fait souffrir en faisant cela...Mais là, on parle de mon enfant...Ce n'est pas toi qui choisis c'est moi...Si Anna doit en vouloir à quelqu'un c'est moi. Tu es ma dernière chance...Je t'en prie.

Je ne pus résister à ses beaux yeux bleus qui m'imploraient perlés de larmes.

-Bon...Je ne promets rien mais je vais essayer dans ce cas, mentis-je, mais pas maintenant...Retrouvez-moi demain matin à la même heure c'est compris ?

Mon Ange de l'Air se jeta encore dans mes bras et m'embrassa alors qu'Agnarr se contenta d'hocher la tête en disant :

-Merci Belle-Maman...Excusez-moi d'avoir été bête...
-Ce n'est pas envers moi qu'il faut s'excuser mon Gendre mais faîtes-le à votre femme, et à votre enfant quand vous l'aurez retrouvé, conclus-je en souriant.

Ils partirent confiants activant les recherches de leurs côté. J'allais de ce pas vérifier que mes petits Piceaerd n'étaient pas dans la Forêt Enchantée. Je demandai ainsi à Yélana, Andréas et quelques autres membres de quadriller le périmètre. Les pisteurs et pisteuses allèrent dans des endroits plus costauds comme les Cavernes Perdues quand d'autres se chargèrent d'aller en éclaireur sur les Plages Grises.

-C'est tout de même incroyable qu'il ne se passe pas une génération sans que nous recherchions un membre Piceaerd ! Grogna ma meilleure amie.

Je faillis lui flanquer une gifle même si je savais qu'elle avait raison. Quand ce n'était pas Iduna à cinq ans, c'était moi à trente-cinq et quand ce n'était pas moi à trente-cinq c'était Anna à seize ans.

-Manquerait plus que tu nous ramènes les coupoles dans l'équation et c'est bon nous avons tous les points de la fuite ! Me moquai-je.

Mais Yélana était pâle voyant qu'elle m'avait fait de la peine.

-Peut-être qu'Iduna lui a parlé des Terres Gelées ? Suggéra-t-elle me redonnant un peu d'espoir.
-Je vais aller vérifier.

Appelant mes fidèles amis, je passai d'abord par Ahtohallan puis j'allais plus loin sur la fine plaque où avait vécu les Sappos et les ancêtres Piceaerd. Ce fut dur mais il fallut me rendre à l'évidence...Elle n'y était pas non plus. Quand je revins à ma hutte penaude il faisait déjà nuit. Nous avalâmes vite un peu de ragoût de rennes puis j'intimai à la communauté de rentrer chez elle pour être le plus au calme possible.
Contrairement à ce que ma fille pouvait penser, je ne comptais pas trahir Anna. Il fallait que son père se rende compte du mal qu'il lui avait fait même si cela faisait souffrir mon Ange de l'Air. Bien évidemment, je ne garderai pas le secret éternellement et encore moins si je savais mes petits-enfants déjà en danger.

-Que ferais-tu Elysia à ma place ? Clamai-je.

Je soupirai. Je ne pouvais pas prendre le risque d'aller le voir en voyage astral et ensuite essayer de trouver Anna, cela m'aspirerait trop de mon énergie. Je fermai donc les yeux et me concentrai sur ma silhouette dans un lieu neutre. Je visualisai ensuite le visage de ma petite Piceaerd pendant de longues minutes sentant des dizaines d'énergies affluaient autour de moi. Et j'attendis...J'attendis...J'attendis...Dans une patience et une angoisse insoutenables.

Je sentis ma force s'épuisait petit à petit. A regret j'étais obligée de repartir quand j'entendis soudain :

-Mamie ? Mamie c'est bien toi ?

Je me tournai alors vers la voix et poussai un soupir de soulagement.

-Anna ? Murmurai-je.

En quelques secondes elle se retrouva dans mes bras et pleura comme sa mère un peu plus tôt aujourd'hui.

-Oh Mamie ! Je suis désolée...Je n'ai pas eu le temps de t'expliquer...Papa ne voulait plus qu'on fasse de leçons ensembles...Alors j'ai préféré partir...Hans est avec moi...Je te promets qu'on se retrouvera.
-J'y compte bien ! Une idée comme cela ne pouvait germer que dans ton esprit d'écervelée, la grondai-je.
-Tu es fâchée ? Demanda-t-elle d'une petite voix.
-Il y a un peu de quoi tout de même...Mais je ne réfuterai pas tes intentions...Anna promets-moi quelque chose.
-Oui Mamie ?
-Je ne sais pas où vous allez avec Hans et je ne veux pas le savoir mais promets-moi que si tout ne se passe pas bien, tu rentres à la maison!

Je la vis se mordre la lèvre montrant qu'elle réfléchissait. Puis elle répondit :

-Je te le promets Mamie...De ton côté promets-moi que si Papa et Maman viennent t'interroger, tu ne diras pas que tu m'as vu...Comme ça, nous pourrons continuer le chamanisme, Papa ne nous empêchera pas alors que si je reviens à la maison, c'est fini pour toujours.

Je déglutis violemment me sentant encore une fois prise au piège entre mon devoir de grand-mère et mon devoir de mère. Je répondis tout de même mal à l'aise :

-Je te le promets ma petite Piceaerd...Rejoins-moi par voyage astral tous les soirs pour me dire que tu vas bien, et ne me révèle jamais où vous allez ! Je dois te laisser à présent, je puise dans mon énergie et je ne suis plus de toute jeunesse. A demain.
-A demain Mamie, merci, je t'aime...Je ne te décevrai pas promis ! Clama-t-elle.

Elle me regarda avec des yeux pétillants marquant ce qui était pour elle la douceur et l'innocence de la jeunesse. Je regrettai de ne pas avoir eu son tempérament au même âge. Je lui embrassai le front pour lui porter bonheur et retournai à des rêves moins pénibles, rassurée qu'elle aille bien.

Retour vers le passé 2 : Les souvenirs d'une grand-mère :Kde žijí příběhy. Začni objevovat