Chapitre 15 : Le coeur a ses raisons que la raison ignore :

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La scène semblait figée. Elysia avait ramené sa mère dans son lit pendant que j'avais écrit un message à Maman lui expliquant l'urgence de la situation. Je savais que ce jour allait arriver. Cela faisait maintenant quatre ans que Tatie Iduna avait dit qu'elle était condamnée. Mais je n'imaginais pas que ça se passerait dans de telles circonstances.

La scène tournait en boucles dans ma tête : Les garçons qui se battaient comme des bêtes... Elle qui arrivait pour protéger son fils...Le violent coup qui la ramenait contre la table...Et Amarok qui menaçait Elysia sans aucun scrupule après l'avoir tuée avant de s'en aller. C'était un cauchemar sans fin...Et j'en étais la responsable...Rien que d'y penser mon ventre se tordit d'horreur.

Les yeux encore noyés de larmes, je m'approchai de l'épaule de mon amant et me frottant contre lui, je lui murmurai :

-Excuse-moi pour tout ça, tout est ma faute...Si je ne t'avais pas demandé de me faire un bébé, rien de tout ceci ne serait arrivé...Je...Je suis un monstre...

Pendant quelques secondes, mon beau Sappos me regarda gravement puis contre toute attente il me serra contre lui et répliqua :

-Ne dis pas autant de sottises ma Anna d'amour...Ce n'est pas toi la meurtrière...C'est...Je n'ose même pas croire que ce soit cet espèce d'enfoiré...Il...Il a toujours adulé Maman comme j'affectionnais beaucoup Tonton Yuma...Il voulait me la piquer parce qu'il n'en avait pas...Non vraiment...Je...Je n'arrive pas à croire que ce soit lui en personne...Qui...Qui a fini par...Par la tuer...Cela me rend malade rien que d'y penser...Alors qu'au contraire...Le fait que tu sois enceinte...C'est une bénédiction...Je ne regrette absolument pas ta requête...Et je suis autant fautif que toi...Car si je n'avais pas voulu cela...Je me serai retiré de ton corps...Avant...Le seul truc dommage c'est que maintenant la situation est encore plus compliquée pour nous deux...

Acquiesçant avec force, j'essayai pourtant de me convaincre et répliquai :

-Tu sais...Nous ne pouvons pas parler d'avantages, mais tout de même, maintenant qu'Amarok est l'assassin de ta mère...Mes parents ne me laisseront jamais l'épouser ! Ça j'en ai la conviction ! Ni eux...Ni Marraine Ylva...Même si je doute qu'elle ait assisté à la scène...

-Comment pourrais-tu le savoir ?! Tu...Tu crois qu'elle ne nous a pas observé avant ? M'interrogea-t-il avec beaucoup de surprise.

-Vu l'affection qu'elle porte...Enfin portait aussi à Tatie Iduna, je doute qu'elle ne serait pas intervenue une fois cette brute partie !

-Hum...C'est pas faux, soupira-t-il.

Nous raccrochant avec espoir, nous débattîmes ensuite des pour et des contres qui feraient que ce couard d'Amarok pourrait encore être mon fiancé. J'essayai d'être persuasif mais mon amant n'y croyait nullement, lui.

Finissant par capituler après un énième argument, il garda le silence et me regarda longuement avec des yeux doux, puis il posa une main ferme sur mon ventre comme s'il voulait encore sentir que la vie était toujours là malgré la perte de sa mère. Son geste paternel me réchauffa tout de suite et nous nous embrassâmes alors avec fougue pour tout oublier.

-Hum...Nous dérangeons peut-être ? Demanda soudain Maman qui venait d'arriver avec Marraine et qui nous regardait l'air dégoûté comme si elle avait du mal à réaliser ce qu'elle avait sous les yeux.

Elysia comme moi vira tout de suite au rouge brique et nous nous reculâmes gênés l'un de l'autre. Elles virent aussitôt leur meilleure amie allongée derrière nous. A ma grande surprise, leur réaction furent alors très différentes. Celle de notre petite tante inspira l'horreur car elle, d'humeur si bavarde, se transforma en âme errante. Celle de Maman fut déjà beaucoup plus naturelle puisque son souffle se coupa et elle pleura d'un coup. Sentant que l'instant était solennel, je repris dans un chuchotement :

Retour vers le passé 2 : Les souvenirs d'une grand-mère :Où les histoires vivent. Découvrez maintenant