Chapitre 2 : Guerre et paix :

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J'étais à la fois envahie d'un sentiment agréable et désagréable. L'eau était chaude. J'étais nourrie. Pourtant j'étais de plus en plus à l'étroit. Dès que je voulais étendre mes jambes ou mes bras, on me caressait gentiment en me disant d'arrêter. Docile, je le faisais à chaque fois. Mais depuis quelques temps je n'en pouvais plus. J'enfonçai ma tête dans la paroi. Ça semblait encore trop étroit pour passer. J'ouvris la bouche pour crier ma colère mais l'eau s'engouffra. Je réitérai mon coup. Je sentais que j'avais besoin de partir dans cet autre monde dont me parlaient mes parents. Ma frustration prit toutefois très vite fin quand Maman m'envoya à manger. Cela me réconcilia tout de suite avec mon environnement. Me raccrochant à mon cordon ombilical pout que ça arrive plus vite, je jugeai finalement que je n'étais pas si mal ici.

Je restai ainsi plusieurs jours. J'entendais Papa et Maman. Leurs voix étaient masquées par l'impact de l'eau. Ils parlaient d'un peuple qui venait d'un royaume nommé Arendelle. Chaque fois que Maman les mentionnait, son ventre se contractait de peur. Elle et Papa voulaient l'attaquer car il ne leur inspirait pas confiance. Je préférai encore rester dans mon cocon car je m'y sentais en sécurité et surtout parce que je n'avais pas besoin d'efforts pour avoir de la nourriture. Je m'étais donc enroulée le cordon autour du poignet pour que ça arrive plus vite mais Maman respectait les heures du manger. Quelquefois, je continuais de taper vers le bas avec ma tête car une force inconnue me poussait à essayer de sortir. Mais, arrivée tout à la fin du col de l'utérus c'était toujours fermé.

Pourtant ma Mère ne cessait de se tordre de douleurs depuis plusieurs jours. Elle voulait me voir. Elle le criait d'anxiété à Papa qui s'exclamait toujours, assez décontenancé :

-Ne panique pas Helga !

Et puis un soir, je sentis une chaleur insoutenable, proche de ma tête. Prise de frayeur, j'eus l'impression qu'on essayait de me brûler !

-Elle aurait dû sortir il y a une semaine Olaf...Pour le six décembre ! S'exclama-t-elle se pliant contre son ventre, va chercher la guérisseuse...Il va falloir couper...Et emmène Pieter avec toi...Mets-le chez ma chère Ylva Nordlys... Je ne veux pas qu'il assiste au spectacle.

-Mais voyons Helga... C'est... C'est impossible, bégaya-t-il.

-Je te dis qu'il faut faire ça...Iduna y a eu le droit après tout pour ses fils...Mes eaux ne sont pas au sol...Mon col ne se dilate pas...Notre fille peut mourir...

-Ne peux-tu pas attendre que l'attaque passe ?! S'inquiéta encore mon père, nous avions tout prévu pour Arendelle et toi comme moi savons que Yuma ne plaisante pas avec ça...

Indifférente à ses paroles, elle se contracta à nouveau de douleur. Sa respiration se fit plus forte et elle surenchérit colérique :

-Ne mêle pas la guerre à cela s'il te plaît...De toute façon...Ce n'est pas comme si tu en accordais de l'importance...Ce que je comprends parfaitement...Olaf...Je t'en prie...Je te préviens...Si tu continues à trop attendre...Tu vas avoir deux mortes sur la conscience...

Oh ? Elle parlait de moi et elle ! Non ! Cela ne devait pas finir ainsi alors que je n'avais même pas commencé ma vie sur Terre ! Sentant son inconfort et son alerte, mon père reprit bientôt :

-Bien...Bien, j'y vais...Mais essaye de te calmer...Tu as déjà accouché...Il n'y a pas de raison que cela se passe mal, d'accord ?!

-D'ac...D'accord, hoqueta-t-elle péniblement.

Il y eut alors du remue-ménage pendant plusieurs minutes et la voix de mon grand frère dit bientôt « à tout à l'heure » à ma mère qui lui rendit un « je t'aime ». Elle en donna également un à Papa qui le lui rendit. Puis ce fut un silence de mort qui régna ensuite dans la pièce. J'attendis dans la panique alors que la chaleur se dirigea une nouvelle fois vers le bas du col. Maman se tordit encore de douleur en hurlant de plus en plus.

Retour vers le passé 2 : Les souvenirs d'une grand-mère :जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें