Chapitre 20 : Être à la hauteur :

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-Papa...Maman...Comment faire sans vous ? Prononçai-je dans un murmure alors que le soleil continuait à décliner.

Je leur avais fermé les yeux et cachai le plus possible les blessures. J'avais essayé de chercher leurs auras mais ils n'existaient plus. Et ma petite Iduna...A chaque anniversaire, elle penserait que c'était sa faute...Forcément qu'elle y penserait !

-Tout ceci ne serait pas arrivé si Pieter n'était pas venu...Chuchotai-je en ayant un regard dans le vague.

Je savais au plus profond de moi-même que cela était faux...Mais dans l'instant, cela me faisait du bien de le penser. Ma cage thoracique se compressa à nouveau jusqu'à m'en étouffer et je libérai bientôt mes larmes avant de me recoucher sur leurs corps sans vie. J'entendais déjà les reproches de Yélana dans ma tête « Mais c'est ta faute Anna aussi, tu n'as pas respecté le sacrement des coupoles, je te l'avais dit que ça finirait par arriver... ».

Cela me perturba tellement que j'eus soudain envie d'hurler sauvagement pour déferler à nouveau ma rage et faire sortir mes souffrances. Ouvrant grandement la bouche, je me rendis compte très vite qu'aucun son ne voulut sortir. Epuisée, je ne sentis pas mes paupières se fermer tout de suite avant de partir dans le néant. Perdue dans un monde onirique rempli de rêves hantés, j'entendis une voix dans le lointain puis quelqu'un me souleva dans les airs. Un souffle se répercuta enfin sur mon front et mon oreille. Et enfin...Un appel :

-Ma Anna d'amour...Anna...Allez...réveille-toi maintenant...

Non...Non, je n'en avais pas envie...Pour la simple et bonne raison que la réalité était trop pesante. Il me fallut produire un effort surhumain pour finir par écarquiller les yeux et observai l'horizon dans le flou. J'étais dans les bras de mon mari et il venait de me déposer sur le lit de notre hutte.

-Elysia...Est-ce...Est-ce que Papa...Et Maman...Sont...Sont morts ? Demandai-je péniblement.

Me posant rapidement un tissu d'eau fraîche sur le front, il répondit avec le plus de douceur possible :

-Oui... Ils se sont faits emportés par le troupeau de rennes...Tu...Tu ne t'en souviens plus

-Si, chuchotai-je alors que ma respiration se saccada.

N'arrivant plus à contenir mes sanglots, je me remis à pleurer alors que mon amant me pressa contre son torse pour m'apaiser.

-Marraine Ylva veille sur eux dans leur hutte...Ne t'inquiète pas...Elle s'en occupe bien, m'indiqua-t-il.

Cela ne m'apaisa pas pour autant mais je savais que ma petite tante devait être aussi effondrée que moi.

N'ayant pas la force de la rejoindre pour le moment, je constatais soudain avec affolement qu'il manquait un point important dans la maison.

-Elysia...Est-ce qu'Iduna dort dans sa chambre ?

-Non ma Anna d'amour...Je l'ai laissé à Yélana, renchérit-il gêné, je...J'ai pensé que ce serait mieux pour toi...

Quoi ?! Iduna seule avec Amarok ?! Mon sang ne fit qu'un tour et ma tristesse fut bientôt remplacée par un excès de peur. Oui ! La peur qu'il lui fasse du mal ! Qu'il la viole...Ou pire ! Ne cherchant même pas à comprendre, je me levai d'un bon tout en hurlant :

-TU AS LAISSE NOTRE FILLE A YELANA ?! MAIS TU ES TOTALEMENT INCONSCIENT EN FAIT !

Ne s'attendant pas à une telle opulence, mon mari blêmit d'un coup avant de se confondre en excuses :

-Non...Euh...C'est que...Il a fallu faire vite pour que je m'occupe de toi...Et Marraine était déjà en train de se charger de Tatie Helga et Tonton Olaf...J'étais tellement désespéré...La...La petite s'est réfugié dans ses jambes quand nous sommes revenus dans le camp après la découverte des corps... Yélana m'a aidé et m'a dit qu'il fallait que je m'occupe de toi pendant qu'elle se chargeait d'elle.

Non ! Que des balivernes tout ça ! Ne souhaitant pas l'écouter plus à cause du danger imminent, je me relevai d'un bond du lit tandis qu'il me prévint :

Retour vers le passé 2 : Les souvenirs d'une grand-mère :Where stories live. Discover now