Racines profondes

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Lorsque Harry ouvrit les yeux une seconde fois, il était étendu dans l'herbe humide, le visage contre le sol. Autour de lui, il y avait des cris, et beaucoup de bruit, le fracas de la bataille alors que les Mangemorts se battaient contre ceux qui étaient venus défendre Poudlard.

Le jeune homme gémit doucement, et crispa ses mains, mais il s'obligea à rester le plus immobile possible.

Il entendit le cri de victoire de Voldemort, "Harry Potter est mort". Mais il resta silencieux. Le moment n'était pas encore venu. Il devait s'assurer de se lever au bon moment, et de faire en sorte de profiter de l'effet de surprise qu'il allait provoquer.

Le cri désespéré de Hermione lui serra le cœur, et l'appel de Voldemort à tuer ses amis le rendit fou de rage. Mais il se contint, son instinct lui hurlant que le moment n'était pas venu.


Soudain, Voldemort prit la parole.
- Toi ! Vérifie qu'il est bien mort.

Quelqu'un s'approcha de lui et se pencha, pour le dévisager. Ses yeux verts croisèrent un regard clair, empli de crainte. Narcissa Malefoy le dévisageait, ne semblant pas le moins du monde surpris par le fait qu'il soit en vie.
Harry allait la supplier de se taire, mais la blonde fut plus rapide. Elle murmura dans un souffle.
- Protégez mon fils, Monsieur Potter. Je vous en prie.
Harry lui sourit et acquiesça doucement, bougeant à peine la tête. Bien sûr qu'il allait protéger Scorpius - celui qui passait pour Drago Malefoy. Il était bien trop attaché au blondinet pour le laisser lui filer entre les doigts.

Narcissa soupira et redressa la tête, son visage reprenant la dureté qu'elle affichait toujours.
- Il est bel et bien mort, Maître.

Voldemort éclata d'un rire tonitruant, visiblement ravi de la nouvelle.
- Parfait.
Narcissa lui jeta un dernier coup d'œil et pris d'une inspiration subite, Harry lui souffla.
- Il faut détruire son serpent. A tout prix.

Il ne savait pas ce qu'il imaginait. La femme cependant, le surprit. Quelque chose passa dans son regard, de la détermination peut être - et elle hocha la tête fermement, avant de se relever et de s'éloigner.


*

L'adolescent eut l'impression qu'il restait au sol des heures. Il entendait des cris à proximité, et il serra les dents, priant pour qu'aucun de ses amis ne soit blessé. Cependant, il savait qu'il ne pouvait pas affronter Voldemort de face. Pas alors qu'il lui restait le serpent en horcruxe.
Sans compter que le Mage Noir était puissant, et que même si Harry s'était durement entraîné, il avait peu de chances de s'en sortir seul dans un duel.

Harry aurait pu se comporter en Gryffondor typique et foncer tête baissée en comptant sur un peu de chance pour mettre fin à la guerre. Cependant, à force de côtoyer Severus et Scorpius, il avait appris à attendre le moment idéal pour agir. Il avait l'impression qu'il avait trop abusé de la chance et qu'il ne pourrait pas compter sur elle une fois encore.


Voldemort passa devant lui, ignorant ce qu'il pensait être le corps de son ennemi. Malgré sa haine intense Harry ne bougea pas, surveillant le mage noir avec soin.

Il commença à se redresser doucement, en silence. Plus personne ne faisait attention à l'adolescent tombé au sol, tout les yeux étaient braqués sur le champ de bataille, et beaucoup étaient engagés dans des duels.

Narcissa Malefoy était un peu en retrait elle aussi, et elle lui jeta un bref regard. Cependant, elle n'eut aucune réaction, comme s'il était courant de voir un supposé mort revenir à la vie.
Elle reporta ensuite son attention sur Nagini, qui glissait paresseusement autour du groupe de Mangemorts, ne s'éloignant jamais véritablement de Voldemort.
A l'instant où le serpent passait à sa portée, Narcissa leva sa baguette, la main légèrement tremblante et elle murmura un sort que Harry n'entendit pas.

L'effet fut immédiat. De profondes entailles apparurent sur le serpent, et l'animal se tortilla un moment, convulsant, avant de tomber inerte. Mort.
Narcissa fit un pas de côté pour s'éloigner discrètement. Et Harry se redressa, baguette en main.

Une ombre noire sortit du serpent, se déployant avant de disparaître brusquement. Comme si des racines profondes liaient l'animal au maître, Voldemort se mit à hurler avant de tomber à genoux.


Harry leva légèrement les yeux pour regarder le champ de bataille et il croisa le regard de Severus. Ce dernier se battait aux côtés de Sirius, et les deux hommes encadraient Scorpius, le protégeant avec efficacité. Leur parfaite complémentarité sur le champ de bataille fit sourire Harry, et quelque chose gonfla dans sa poitrine. De l'espoir, de l'amour... Juste ce qui lui fallait pour trouver la force d'aller jusqu'au bout.

D'ici quelques instants, il allait tuer un homme. Un homme maudit, qui avait bradé son humanité depuis longtemps. Un monstre qu'il fallait éliminer pour sauver beaucoup de monde.

Lorsque Voldemort hurla de rage et se retourna, Harry était prêt.


Le Mage Noir eut un mouvement de recul en voyant l'infernal gamin qui avait fait de sa vie un enfer bel et bien en vie, debout, et prêt à en découdre.
Harry le fixait de son regard aussi vert que l'Avada, baguette en main, parfaitement calme. Décidé.

Voldemort hurla de rage, attirant l'attention de ses Mangemorts. Il y eut des hoquets de surprise et du coin de l'œil, Harry surprit quelques mouvements de recul. Ainsi donc, la fidélité dans le camp des ténèbres n'était pas aussi solide qu'il l'avait pensé.

Lorsque Voldemort voulut lancer une fois encore l'Avada, Harry était prêt. Simplement, au lieu de lancer le même sort que son ennemi, il hurla "Experlliamus".
L'un des sorts les plus simples, que les enfants apprenaient à Poudlard.

Si l'instant n'avait pas été aussi grave, si l'adolescent ne venait pas une fois encore de réaliser l'impossible en survivant à un Avada, pour la seconde fois de sa courte vie, bon nombre de combattants aguerris aurait éclaté de rire à la réaction de Harry.
Mais le jeune homme accomplissait l'impossible depuis cette lointaine nuit de Halloween où il avait changé l'histoire. Aussi, aucun Mangemort ne s'étonna vraiment de voir les deux sorts se rencontrer à mi-chemin et lier les deux baguettes.

Prompt de demain : givre

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