Fait pour être brisé

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Il avait fallu toute l'autorité de Severus pour calmer Hermione. La jeune fille, surexcitée, allait et venait, parlant à toute vitesse, rendant son discours incompréhensible.
Harry sourit, amusé. Avec un peu de tristesse, il eut une pensée pour Ron, qui aurait clairement été amusé lui aussi.

Finalement, la lionne s'empourpra et s'immobilisa, prenant une grande inspiration pour se calmer. Puis, elle reprit d'une voix plus calme.
- J'ai lu un passage intéressant. Apparemment, l'épée de Gryffondor a la capacité d'absorber les éléments avec lesquels elle entre en contact pour se renforcer. Ainsi, lorsque Harry a tué le Basilic, la lame est entrée en contact avec son venin et donc...

Severus souffla la suite, doucement.
- L'épée a pris les propriétés du venin de Basilic.
Enthousiaste, Hermione hocha la tête.

Harry haussa un sourcil dubitatif et fit une moue hésitante.
- C'est possible ça ?
Il récolta un regard noir de son amie et il leva les mains en signe de défense.
- Harry ! Cette épée a été forgée par les gobelins et est imprégnée de magie ! Bien sûr que c'est possible !

Severus laissa échapper un ricanement moqueur et quitta la pièce dans un tourbillonnement de robes.
- Je vais prévenir Black, qu'il ramène de Poudlard l'épée.
Hermione bégaya, yeux écarquillés.
- Mais le règlement de Poudlard interdit que l'épée ne quitte l'école !
L'homme s'immobilisa, et se tourna brièvement vers eux. Levant les yeux au ciel et soupirant exagérément, Severus lui répondit.
- Parfois, Miss Granger, le règlement est fait pour être brisé.

**

Étrangement, tout s'était déroulé parfaitement. Harry avait plus l'habitude de voir les choses mal tourner, les imprévus arriver.
Sauf que cette fois, la chance semblait être de leur côté.

Severus avait envoyé un message directement dans le bureau de MacGonagall qui tenait les rênes de Poudlard en l'absence forcée de Dumbledore. Et Sirius était rentré quelques temps plus tard avec l'épée de Gryffondor.
Minerva avait planifié de mettre les plus jeunes enfants à l'abri le jour de la bataille - visiblement, Voldemort comptait attendre la tombée de la nuit pour profiter de son armée de loups-garous - et elle allait demander aux professeurs d'informer les plus âgés de la bataille imminente. Au dernier moment, bien évidemment. Personne n'oubliait qu'un élève portait la marque des Ténèbres et comptait faire entrer Voldemort lui-même dans l'école.

Au retour de son parrain, Harry avait pris l'épée sans un mot, et il s'était rendu dans la pièce où ils avaient laissé les horcruxes à détruire.
Le jeune homme s'était imaginé qu'il serait seul à cet instant. Mais ils étaient tous venus à sa suite, et Harry s'était senti soulagé de ne pas être seul pour cette épreuve. La dernière fois, que l'horcruxe lui montre sa mère l'avait déstabilisé, et seule la présence de Severus l'avait aidé à aller jusqu'au bout.

Contre toute attente, la destruction des objets avait été presque trop simple. Il avait abattu l'épée sur le médaillon, puis sur la bague des Gaunt, sans la moindre hésitation. Il y avait eu un cri déchirant à chaque fois, et une aura noire. Rien de plus.

Harry avait soupiré.
- Et pour la coupe en possession de Bellatrix ?

Sirius laissa échapper un ricanement moqueur.
- Et bien... j'ai découvert une information intéressante. Bien que ma mère m'ait autrefois déshérité, elle craignait de voir l'héritage Black terminer entre de mauvaises mains. À la mort de mon petit frère, elle m'a discrètement réintégré. Je ne l'ai su que très récemment, et c'est une information encore confidentielle puisque je suis un fugitif...

Harry lui sourit, conscient de ce que cette réintégration signifiait pour son parrain. Bien qu'opposé à sa famille, il avait souffert de la réaction de sa mère et de la perte de son héritage.
Cependant, Sirius lui fit un clin d'oeil.
- Tu ne vois pas du tout où je veux en venir n'est-ce pas ? Harry, ça signifie que je suis l'héritier Black. Bellatrix est une Black, tout comme Narcissa. En tant que chef de famille, ça me donne droit de regard sur ses possessions selon la loi gobeline.

Harry cligna lentement des yeux, perplexe, alors que Hermione se mit à glousser.
- Donc c'est possible de retirer la coupe en toute légalité ? Sous son nez ?
Sirius leur fit un large sourire.
- Tout à fait. Le seul inconvénient est qu'elle doit être notifiée de toute intrusion dans son coffre. Donc, nous devons attendre le tout dernier moment pour s'occuper de cet objet.

Severus hocha sèchement la tête.
- Bien. Problème réglé. Il restera le serpent et celui-ci, nous devrons nous en occuper sur le champ de bataille.

Harry doucha l'enthousiasme de tout le monde. Il grogna.
- Et moi également. Il restera celui qui est en moi. Quand il me tuera, l'un de vous devra l'achever.


Scorpius fut le premier à réagir aux paroles de Harry. Il lui agrippa le poignet en le fixant, sourcils froncés, visiblement furieux.
- Tu ne vas pas mourir. Tu te souviens ? Tu vas t'en sortir. Tu ne peux pas abandonner, perdre espoir.
- Je ne me fais pas d'illusions. Nous ne savons pas ce qui s'est produit la première fois, donc...

*

Hermione était restée silencieuse, écoutant attentivement. Remus l'avait mis au courant de l'horcruxe que Harry portait, pour ne pas l'évoquer devant le jeune homme. Elle avait passé des heures à tourner des pages de grimoires emplis de sorts de magie noire pour chercher une solution pour sauver son ami, mais elle avait dû se rendre à l'évidence ; jamais encore un cas comme celui de Harry n'avait été documenté.
La réaction de Drago la surprit même si elle savait que le Serpentard était attaché à Harry. Mais elle tiqua sur les mots employés par son meilleur ami.
- Comment ça, "la première fois" ?
Harry se tourna vers elle, et il détourna le regard, signe qu'il cachait quelque chose. Elle s'apprêtait à insister pour avoir une réponse, mais leur professeur de potions intervint d'un ton tranchant.
- Doit-on vous rappeler que votre ami a déjà survécu à un Avada étant bébé, Miss Granger ? Il me semblait pourtant que cette information était connue de tous...

La lionne voulut insister, persuadée que ce n'était pas de ça que parlait Harry, mais le regard noir de son professeur la dissuada de continuer. Et avec surprise, elle trouva le même regard chez Sirius.

Harry laissa échapper un rire forcé, terriblement triste.
- Ce n'est pas la peine de se pencher sur la question. Je dois mourir, quoi qu'il arrive. Que j'ai pu survivre étant bébé ou non n'est pas la question.
Le jeune homme se dégagea avec douceur de la prise de Drago et quitta la pièce. Aussitôt, le Serpentard le suivit, visiblement décidé à lui remonter le moral.


Prompt de demain : intercepter

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