Proche du paradis

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Depuis que Harry s'était effondré terrassé par la douleur de sa cicatrice, Scorpius le veillait avec attention, inquiet. Il était certain que jamais son père n'avait pris conscience de ce qui pesait sur les épaules de son camarade de classe, sinon il aurait probablement ouvert les yeux sur le chemin dans lequel il s'engageait bien plus tôt.

Penser à Drago Malefoy et au fait qu'il avait en quelques sortes volé sa vie ne le faisait plus autant se sentir coupable, surtout depuis que Harry l'avait remercié encore et encore d'avoir sauvé son précieux parrain. Il avait peut être agi sans réfléchir, tout à sa préoccupation d'aider son père à avoir une autre vie, mais les conséquences ne semblaient pas aussi désastreuses que Blaise l'avait craint au début.
Il acceptait désormais que sa vie était dans le passé de son père, et il s'y sentait parfaitement bien.

Avec un soupir, le blondinet s'installa près du lit de Harry, qui s'était endormi d'un sommeil agité. Il dégagea doucement les mèches de cheveux noirs qui collaient à son front, et il prit la main du jeune homme, avant de s'installer au mieux, réfléchissant en observant le Sauveur du monde magique.
Dans ces moments, il s'obligeait à se souvenir de tout ce qu'il savait à propos de la guerre et de la scolarité de son père et de Harry Potter. Il rassemblait ce qu'il avait pu lire, ce que son père lui avait raconté - avec toujours cette ombre au fond des yeux - et ce que son ami Albus lui avait confié.
C'était mince mais c'était toujours mieux que rien. Et alors qu'il veillait sur le sommeil de Harry, il recoupait minutieusement chacun de ses souvenirs, essayant de trouver le moindre élément qu'il pourrait transmettre à Harry pour l'aider.

Il tentait de se rappeler chacune des réactions de son père lorsque ce dernier évoquait le passé, déterminé à aider le Sauveur au mieux. Déterminé à trouver un élément qui permettrait de le protéger, de lui offrir la victoire.


Perdu dans ses pensées, toujours fermement accroché à la main de Harry, Scorpius finit par s'assoupir, la tête contre la poitrine de Harry.


**

Lorsqu'il s'éveilla lentement, Harry grimaça. Il avait encore un léger mal de tête lancinant, reste de son petit voyage dans l'esprit malade de Voldemort. Hormis ce léger inconvénient, il allait bien.
Après s'être assuré qu'il était indemne - autant que possible - il s'étira en baillant sans chercher à se redresser ou à se lever. Sirius lui avait fait prendre une potion de sommeil sans rêves, décidant que son filleul avait besoin de repos, et il se sentait légèrement groggy.

Bien qu'il ait vivement protesté, Sirius était resté intraitable. Après ces quelques heures de repos, le jeune homme devait avouer qu'il se sentait bien mieux, installé au chaud, blotti dans un lit confortable.
Il se rendit rapidement compte que quelqu'un tenait sa main. En voyant le Serpentard blond assoupi contre lui, il sourit et profita de son sommeil pour l'observer avec attention.

Même s'il savait que ce n'était pas réellement Drago Malefoy, il ne pouvait pas s'empêcher de le comparer au Serpentard prétentieux qu'il avait toujours connu. Et il préférait largement cette nouvelle version, ce Malefoy plus doux, plus enclin à montrer ses émotions.

Lorsqu'il dormait, le visage de Drago se relâchait et il avait un air encore enfantin, innocent. Il était totalement abandonné, en confiance, comme s'il n'était pas conditionné par la guerre, comme s'il n'avait pas besoin d'être sur ses gardes en permanence.
En un sens, c'était le cas : Scorpius avait eu une enfance apparemment heureuse en temps de paix, et il n'avait jamais dû apprendre les réflexes de survie que Harry avait rapidement développé. Il n'avait jamais pensé à dormir avec sa baguette sous son oreiller, il ne s'était jamais réveillé paniqué à l'idée d'être attaqué par des Mangemorts.

Le jeune homme était rapidement devenu pour Harry une raison de plus de se battre, de remporter la victoire sur Voldemort, pour s'assurer qu'il puisse avoir un avenir heureux.

D'après ce qu'il avait compris, dans le futur que Scorpius connaissait, Harry avait vaincu mais après avoir tout perdu. Sirius mourrait, tout comme Remus. Il n'avait plus aucune famille, il n'avait jamais appris à connaître Severus Rogue et ce dernier succombait également.
Par sa seule présence, le blondinet avait tout changé et il avait offert à Harry le bonheur de se sentir aimé. Il lui avait permis d'apprendre à connaître Sirius, et de faire la paix avec Severus.

Harry soupira et le léger mouvement qu'il fit réveilla Scorpius. Ce dernier battit des paupières et leurs regards se rencontrèrent. Encore endormi, le jeune homme mit un certain temps à se rendre compte que son ami était éveillé. Lorsqu'il réalisa, il eut un large sourire et se jeta au cou de Harry.

En prenant conscience de son geste, il rougit et tenta de se reculer, mais Harry l'avait enlacé fermement, l'obligeant à rester contre lui. Le blond cessa de lutter et se laissa aller dans l'étreinte, lui murmurant qu'il était heureux de voir qu'il allait mieux.

Ils restèrent enlacés un long moment en silence, le coeur battant presque à l'unisson. Harry avait l'impression de se ressourcer, d'oublier les épreuves et la guerre qui faisait rage, d'oublier Voldemort et son esprit plein de haine et de violence.

Pris d'une impulsion subite, Harry tourna la tête et embrassa Drago, juste au coin des lèvres. Ce n'était pas un baiser amoureux à proprement parler, mais ce n'était plus totalement amical. C'était un baiser ambigu, comme une question en suspens entre eux.
En se rendant compte de son geste, le brun s'empourpra. Cependant, il ne regrettait rien.
Le coeur battant la chamade, il avait l'impression d'être proche de paradis, et il prenait conscience à quel point le jeune homme lui était devenu précieux. Un peu nerveux, il attendit la réaction du Serpentard.

Ce dernier se figea, écarquilla les yeux et rougissant violemment. Il y avait une pointe d'incertitude dans le regard gris qui disparut rapidement. Le jeune homme sourit et Harry se détendit, aussitôt, rassuré de découvrir que ses sentiments semblaient partagés.

Pour dissiper l'instant de gêne qui menaçait, Harry commença à parler rapidement de tout et rien, tout plutôt que laisser une occasion à Drago de s'enfuir. Cependant, s'il avait pu lire les pensées du jeune homme à ses côtés, il aurait rapidement compris que ce dernier n'avait pas envie de s'éloigner. Encore moins après ce geste spontané de tendresse, cette preuve qu'ils étaient devenus proches, plus qu'ils n'auraient osé l'espérer.

Prompt de demain : Reminiscences

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