A ta place

Infini

La Grande Salle bruissait de murmures alors que le dîner avait commencé peu avant. A la table des Gryffondor, un Harry boudeur faisait face aux reproches de Hermione.
La jeune fille avait entamé à mi-voix le sujet qui mettait toujours Harry de mauvaise humeur. Elle avait profité du repas et qu'ils soient entourés d'oreilles amies pour dire ce qu'elle avait sur le coeur, certaine qu'ainsi Harry ne pourrait pas fuir comme il le faisait habituellement.

Elle avait eu raison puisqu'effectivement le brun était resté à table, piquant la nourriture dans son assiette à grands coups de fourchette rageurs.
Avec un soupir, Hermione insista.
- Harry, je sais que tu es déçu mais Dumbledore est le mieux placé pour t'aider...
Les yeux verts brillants de colère se posèrent sur la lionne et le jeune homme grogna.
- J'ai un respect infini pour Dumbledore mais je n'aime pas sa façon de procéder. Je ne vais pas lui offrir Drago sur un plateau, après la façon dont il a traité Rogue.

Hermione pinça les lèvres et lui lança un regard sévère - une parfaite imitation de l'air mécontent de McGonagall - cependant elle comprit qu'il était plus sage de ne pas insister. Elle poussait Harry à redevenir proche de Dumbledore, persuadée que seul le Directeur pouvait l'aider convenablement.

Harry avait beau être furieux, il n'en voulait cependant pas à son amie. La jeune fille avait encore confiance en Dumbledore et Harry n'avait jamais dit tout ce qui commençait problème, à commencer la façon dont les tuteurs choisis par Dumbledore le traitaient.

Neville, à côté de lui, lui adressa un regard compatissant, assorti d'un clin d'oeil et d'un sourire complice. Harry se détendit légèrement, et soupira, fermant un instant les yeux, manquant ainsi le coup d'oeil échangé entre Ron et Hermione et leur air inquiet.

*

A la table des professeurs, les adultes mangeaient dans un silence tranquille. De temps en temps, ils échangeaient quelques mots entre voisins de table, mais ils gardaient un oeil vigilant sur les élèves qui mangeaient dans un calme relatif.

D'un coup, Dumbledore lâcha ses couverts et posa les mains à plat sur la table. Minerva à ses côtés, fronça les sourcils, et se pencha vers lui.
- Albus ? Tout va bien ?
Cependant, le vieil homme ne répondit pas. Il recula brusquement sa chaise, et les pieds raclèrent le sol, attirant l'attention de la pièce entière. Il se leva, soudain blême, le front luisant de sueur et fit quelques pas, en direction de la sortie.

En le voyant, Severus plissa les yeux une fraction de seconde avant de laisser échapper un juron qui résonna dans la Grande Salle maintenant silencieuse. Il venait de comprendre et il se leva rapidement.
Pas assez vite cependant. Albus haleta et s'effondra au sol.

Minerva laissa échapper une exclamation surprise et se leva à demi, mais Severus était déjà près de l'homme, vite rejoint par Poppy Pomfresh.
Le potionniste et l'infirmière échangèrent un regard soucieux et ils firent léviter le vieil homme avant de le conduire rapidement hors de la pièce, sans s'occuper des élèves, laissant à Minerva le soin de gérer la suite.

Passé le premier choc, Minerva se reprit rapidement et se leva, lança un Sonorus et demanda aux enfants de se calmer.
Ses premiers appels restèrent sans effet, et elle avança jusqu'au pupitre de Dumbledore. Elle attira l'attention des enfants en lançant un jet d'étincelles multicolores vers le plafond magique et face au silence revenu, elle prit le temps de regarder chaque table un long moment avant de parler.
- Le Directeur Dumbledore vient de nous offrir une belle frayeur. Cependant, rassurez vous, il s'agit d'un petit malaise dû au surmenage. Quelques jours de repos et tout ira bien. Aussi... je vais vous demander de terminer votre repas dans le calme et de rejoindre vos salles communes comme à votre habitude. Inutile de dire que cet incident ne bouleversera pas les habitudes de l'école, aussi les cours seront dispensés normalement.

Elle resta silencieuse et droite, et elle laissa échapper un discret souffle de soulagement en voyant les élèves reprendre leur repas, commentant abondamment l'incident, mais n'étant visiblement pas plus inquiets que ça.
Son calme et son assurance avait évité un début de panique, et la panique était bien la dernière chose dont ils avaient besoin en ces temps troublés.

*

A la table des Gryffondor, Harry ne s'était pas précipité vers Dumbledore quand il l'avait vu vaciller uniquement parce que Ron l'avait retenu, lui murmurant de ne pas attirer l'attention.
Il se mordilla la lèvre en voyant Dumbledore au sol, et il décrypta immédiatement le regard inquiet de Rogue, même s'il gardait un visage neutre comme à son habitude.

A cet instant, Harry comprit tout de suite. Quoi qu'en dise MacGonagall, Dumbledore n'était pas du genre à avoir une faiblesse pour surmenage. Par contre, un Mangemort pouvait très bien avoir provoqué cet incident, en lui administrant quelque chose.

Il leva la tête vers la table des Serpentard et croisa les yeux écarquillés de Drago Malefoy. Ce dernier était figé, extrêmement pâle et semblait sur le point de se trouver mal. Harry essaya de capter son regard, mais le blondinet semblait perdu dans son monde.

*

Scorpius, en voyant Dumbledore se trouver mal, eut soudain l'impression d'étouffer. Il regarda autour de lui, mais tout le monde avait les yeux fixés sur la table des professeurs, et personne n'affichait une autre émotion que la surprise face à la situation.

Une vague de nausée l'envahit et le jeune homme se crispa, serrant le bord de la table de toutes ses forces pour ne pas s'enfuir à toutes jambes ou hurler.
Jamais les choses ne s'étaient passées ainsi dans l'adolescence de son père. Les changements qu'il avait provoqué venaient de conduire à l'empoisonnement probable du Directeur de Poudlard.

Blaise se pencha vers lui, d'un air inquiet.
- Drago ?
Le jeune homme tourna la tête vers son ami, lentement. Il cligna des yeux, perdu dans sa détresse, mais ne répondit pas, ne faisant pas confiance à sa voix en cet instant.
Blaise l'observa un moment et soupira.
- Potter a l'air sur le point de te sauter dessus tellement il a l'air inquiet. Tu devrais lui faire un signe comme quoi tu es toujours parmi nous.

Scorpius dirigea son regard immédiatement vers la table des Gryffondor pour se perdre dans le regard vert familier. Aussitôt, quelque chose se dénoua en lui, et son coeur reprit un rythme normal, apaisé.

Prompt de demain : tabou