Broderie

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Le temps avait filé à toute vitesse, et Harry avait l'impression de ne pas être prêt alors qu'ils arrivaient au jour de l'attaque prévue par Voldemort. Severus, Sirius et Remus avaient fait en sorte de préparer au mieux les adolescents, leur apprenant comment se battre - pas de la façon policée des duels, mais bel et bien pour survivre.

Ils avaient été tous très occupés, pour le plus grand soulagement de Harry : ainsi, il n'avait pas le temps de ruminer et de se poser des questions. Le soir, il était tellement épuisé qu'il s'endormait à peine sa tête posée sur l'oreiller.
Étrangement, les cauchemars le laissaient en paix, et lorsqu'il en avait parlé devant Hermione, son amie avait souri, ne semblant pas étonnée.
- Entre ta fatigue et... la présence de Drago à tes côtés, tu es probablement moins réceptif.

Harry avait grogné et haussé les épaules, sans s'appesantir sur le sujet. Pourtant, il devait avouer que lorsqu'il croisait le regard du Serpentard, il se sentait mieux. Comme s'il pouvait déplacer des montagnes.

Il ne restait que quelques heures à peine avant de se rendre à Poudlard pour y attendre la venue de Voldemort et de ses Mangemorts. Et il avait été temps pour Sirius de se rendre à Gringotts pour y récupérer la coupe dans le coffre de Bellatrix.

Harry avait regardé son parrain partir, quitter la sécurité de leur refuge, la gorge nouée par l'appréhension. Puis, il avait commencé à l'attendre, allant et venant dans le salon, s'arrêtant de temps à autres pour fixer d'un air absent les broderies compliquées de la tapisserie familiale, sur laquelle le visage de Sirius avait été brûlé autrefois.
Sauf que maintenant, Sirius était le dernier Black et il avait hérité du titre de Lord. Ce même titre qui lui donnait tout pouvoir sur les possessions de Bellatrix. Si Hermione avait hurlé au scandale en apprenant cette loi désuette qu'elle jugeait "horriblement patriarcale", elle avait dû reconnaître à contrecoeur que c'était une aubaine pour eux, et que ça leur permettrait d'avoir un avantage non négligeable.

A condition que Sirius ne soit pas capturé.

**

Inconscient de l'agitation de son filleul, Sirius entrait alors dans Gringotts, sans même se cacher. Si dans le chemin de Traverse, n'importe quel Auror pouvait l'arrêter et le reconduire à Azkaban sans hésitation, l'enceinte de Gringotts était un sanctuaire.
La banque dépendait des lois gobelines et ces derniers ne se préoccupaient pas des affaires judiciaires de leurs clients. Repris de justice ou non, en fuite ou non, seul l'intérêt des propriétaires de coffre intéressait les créatures. Et personne dans le monde magique ne s'aventurerait à les contrarier. Ou à tenter de les voler.


Droit et fier, il se posta devant le guichet libre le plus proche de lui, et il demanda à voir un responsable de comptes. Le gobelin le fixa sans sourciller un long moment, puis il hocha sèchement la tête en lui désignant une porte un peu plus loin.
Sans la moindre crainte, Sirius s'avança et entra. Il savait que les gobelins étaient incorruptibles et il ne craignait pas vraiment une trahison...

La pièce dans laquelle il entra était un bureau, et il s'installa devant la créature occupée à rédiger quelque chose sur un parchemin après l'avoir saluée poliment. Il attendit sagement et lorsque le gobelin leva les yeux vers lui, il se présenta.
- Je suis Lord Sirius Black.
Le gobelin renifla, presque méprisant.
- Je sais. Je suis Ragnok, gestionnaire de vos comptes. Que souhaitez-vous ?
- En tant que Lord régnant, et seul héritier de ma noble famille, j'aimerais faire valoir mes droits.

Les yeux de Ragnok se plissèrent et une lueur mauvaise passa dans le regard. Il se pencha par dessus son bureau sans quitter Sirius du regard.
- Et de quelle façon Lord Black ?

Sirius s'obligea à rester calme et il eut un rictus amusé.
- Je voudrais inspecter le coffre de ma cousine Bellatrix née Black. Elle a un objet qui ne lui appartient pas et qu'il me tient à coeur de récupérer.

La créature se laissa retomber dans son siège et le fixa si longtemps que Sirius crut un instant qu'il allait être jeté aux portes de la banque manu militari, directement entre les mains des Aurors. Finalement Ragnok posa une question qui était loin d'être innocente.
- Pardonnez ma curiosité, Lord Black. Mais y a t'il un rapport avec la guerre ?
Sirius hésita un bref instant avant de se résigner à se montrer honnête. Tromper un gobelin - même pour de très bonnes raisons - ne serait pas un choix judicieux pour sa santé ou son avenir...
- C'est exact.
- Je tiens à vous rappeler que selon nos lois, la propriétaire du coffre en question, Bellatrix Black épouse Lestrange, sera notifiée dans les deux jours de l'intrusion. Elle recevra également un inventaire de ce qui a été retiré.

Sirius sourit, et hocha la tête.
- Évidemment. Je connaissais cette disposition. Ça ne me pose pas le moindre problème.

Le gobelin se leva et fit signe à Sirius de le suivre. Cependant, il s'immobilisa un bref instant devant la porte, et sans se retourner, il posa une question surprenante.
- Dois-je en déduire que les évènements se précipitent et que la fin de la guerre est proche ?
Sirius souffla doucement.
- Un affrontement est proche et nous espérons que... cette guerre interminable prendra fin.

Ragnok passa la porte sans un mot de plus, et Sirius le suivit, plongé dans ses pensées. Les gobelins ne prenaient jamais part à la vie sorcière. Ils étaient neutres, et refusaient de prendre position, restant parfaitement impartiaux. Ils géraient aussi bien les affaires du Sauveur du monde magique Harry Potter que celles de Voldemort et de ses Mangemorts.

Le trajet jusqu'au coffre de Bellatrix se fit dans le silence, et une fois arrivés, Ragnok reprit la parole, avec un rictus amusé.
- J'ai bien peur que la nation gobeline ne soit débordée ces temps-ci et que votre cousine Madame Lestrange ne sera notifiée qu'au dernier moment du délai qui nous est imparti. Je suppose que ça laissera le temps au jeune Monsieur Potter de régler ses propres affaires.
Stupéfait, Sirius remercia chaleureusement la créature et entra dans le coffre. Il lui fallut peu de temps pour se saisir de la coupe.

Au moment de prendre congé du gobelin, il eut la surprise d'être conduit par Ragnok dans une pièce vide, contenant juste plusieurs cheminées. La créature le fixa.
- Je suppose qu'un trajet direct serait plus sûr pour un homme dans votre cas Lord Black. Au plaisir de vous revoir.

Prompt de demain : piège

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