Passager clandestin

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Bien qu'ils aient récupéré la bague des Gaunt avec succès, et qu'en plus leur petite mission ne soit pas venue aux oreilles de Voldemort, Sirius et Severus n'étaient pas vraiment ravis à l'idée de continuer à autoriser les garçons à se mettre en danger. Pas après la frayeur qu'ils avaient eu.

Cependant, Harry était têtu et déterminé. Même s'il détestait ce rôle qui lui collait à la peau, il savait qu'il n'avait pas le droit de se désister. Tant de gens comptaient sur lui, sur sa victoire.
Scorpius était un peu plus hésitant, mais il était déterminé à suivre Harry quoi qu'il arrive.

Aussi, il attendit que Severus ne revienne au Square pour lancer la conversation qui s'annonçait houleuse.

Calmement le jeune Gryffondor annonça sa décision.
- Je compte aller chercher le diadème de Serdaigle à Poudlard.

Severus lui jeta un regard noir, désapprobateur, mais Sirius explosa immédiatement, protestant à grands cris de l'idée, lui rappelant les risques qu'ils avaient couru.
Scorpius resta silencieux, soutenant juste son ami, fixant les deux adultes de ses yeux gris.

Harry leva les yeux au ciel, et abattit le mains sur la table, ramenant le silence.
- Je sais parfaitement qu'il y a des risques, mais vous ne pouvez pas m'empêcher de faire face à tout ça.
Voyant son parrain prêt à protester, Harry soupira.
- Sirius. C'est génial vraiment de t'avoir dans ma vie. Je n'ai jamais eu l'habitude d'avoir autant d'attentions. Je ne compte pas me montrer imprudent, mais je veux que tout ça soit derrière nous une bonne fois pour toute. J'aimerais vraiment pouvoir vivre sans me demander lequel de mes proches risque de mourir demain, ou sans craindre une attaque venant de nulle part.

Severus grogna.
- Et vous pensez être prêt, Potter ?
Harry le fixa de ses yeux verts, déstabilisant le professeur un bref instant. Puis il haussa les épaules, avec une grimace résignée.
- Il n'attendra pas que je sois prêt, Monsieur. C'est quelque chose que vous m'avez appris lors des cours d'occlumentie.

Le potionniste détourna le regard, légèrement honteux. Il se souvenait des cours déplorables, qui s'était révélé être une véritable torture, aussi bien pour l'adolescent que pour lui. Il n'avait fait aucun effort à l'époque.
Il acquiesça sèchement, avec un froncement de sourcils.
- Effectivement. Mais il me semblait vous avoir prévenu également que se jeter au devant du danger ne serait pas la meilleure des solutions.

Harry sourit et ses yeux brillèrent de malice. Il se pencha vers les deux hommes, et Sirius ne put s'empêcher de ricaner. Il commençait à connaître son filleul sur le bout des doigts et il se doutait que Harry avait une idée surprenante.
- Je ne compte pas arriver à Poudlard en grandes pompes et faire annoncer mon retour par la Gazette. Je pensais plus... jouer les passagers clandestins. Entrer en toute discrétion avec la cape de mon père et aller chercher l'horcruxe dans la salle sur demande. C'est là qu'il était, dans les souvenirs de... Enfin, selon Drago.

Severus renifla d'agacement, mais il semblait moins opposé à l'idée. Sirius gronda sourdement avant d'émettre une dernière protestation. Il savait qu'il n'aurait pas le dernier mot, son filleul était buté et têtu. Le garçon était capable de quitter seul le square pour se lancer dans une aventure invraisemblable, aussi, mieux valait lâcher du lest et accepter de le laisser faire pour avoir une chance de veiller sur lui...
- Tu peux quand même te faire surprendre, cape ou non !

Harry lui lança un sourire malicieux, et ses yeux pétillèrent.
- Oh Sirius... Toi plus que n'importe qui tu devrais savoir que j'ai de quoi échapper à n'importe qui dans Poudlard... N'oublies pas que j'ai en ma possession la carte du Maraudeur.

Sirius bomba légèrement le torse et ricana, son côté cabotin reprenant le dessus. Severus plissa les yeux espérant visiblement avoir plus d'explications, mais Harry lui envoya un regard faussement innocent.
- Professeur ? Avez-vous à Poudlard des potions qui pourraient nous être utiles ? Je pensais que vous pourriez peut-être en profiter pour nous rejoindre ici et laisser l'école aux mains du professeur MacGonagall. Vous risquez d'être une cible.

Severus dévisagea le gamin qui venait de lui demander de rester à l'abri, alors même qu'il l'avait humilié et insulté depuis qu'ils s'étaient vus pour la première fois.
Harry Potter lui avait souvent dit qu'il n'était pas son père, qu'il n'était pas James Potter. Mais en cet instant, Severus se rendit compte qu'effectivement le gamin était bien loin de ce qu'il avait imaginé.
Il déglutit, conscient qu'il ne méritait pas autant de considération et il croisa le regard inquiet de Drago. Lui qui avait mené une vie solitaire et vide de sens, à expier ses fautes, voilà qu'il se retrouvait à vouloir protéger deux adolescents. Et le plus ironique était que ces deux gamins écorchés par la vie avaient décidé visiblement de lui faire confiance. Pire encore, ils semblaient attaché à lui - leur maître des potions acariâtre et sarcastique - bien qu'il ait fait en sorte de les repousser méthodiquement.

Il eut un mince sourire destiné à Harry et il hocha la tête, voulant signifier au garçon qu'il appréciait son inquiétude et sa sollicitude à son égard. Puis il soupira.
- Bien que j'apprécie votre proposition, il est plus sage que je reste à Poudlard. Les armées du Seigneur des Ténèbres n'oseront pas attaquer tant que je resterais sur place à protéger l'école.

Drago laissa échapper un ricanement.
- Vraiment ? Alors même qu'ils peuvent vous envoyer à Azkaban à cause de la marque sur votre bras ?
Severus plissa le nez, mécontent.
- Dumbledore...
Le blondinet l'interrompit grossièrement, ses yeux prenant l'aspect du mercure liquide alors que sa colère enflait.
- Dumbledore est hors-jeu. Inconscient, incapable de vous protéger ou d'arrêter les Mangemorts aux portes de Poudlard !

Il haletait, épaule contre épaule avec Harry, et les deux garçons avaient toute leur attention fixée sur lui. Dans son dos, Sirius restait étrangement silencieux, oubliant ses moqueries puériles habituelles, conscient de l'importance du moment.
Severus soupira et fit un geste de la main, épuisé de la situation, épuisé d'avoir à se justifier.
- Il y a bien longtemps, j'ai fait un choix. Celui de réparer mes erreurs, quoi qu'il m'en coûte. Lorsque je l'ai décidé, je savais parfaitement que ma vie serait en danger et que j'aurais à me placer dans des situations... inconfortables.
- Mais...
- Je ne suis peut être pas un courageux Gryffondor, mais je n'ai qu'une parole. Et je ferais de mon mieux même si je dois en mourir.



Prompt : Oups, j'ai recommencé

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