Perdre l'esprit

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Me revoici pour une nouvelle fiction. J'espère que vous aimerez le style un peu particulier... Mais je n'en dit pas plus, je vous laisse découvrir.

Bonne lecture et à demain pour la suite !



Le jeune garçon ne quitta pas son père des yeux durant toute la cérémonie d'hommage. Ils étaient seuls maintenant. Sa mère s'en était allée, à jamais.
Pour l'adolescent - encore un enfant presque - , le traumatisme était double : plus jamais il ne pourrait se blottir dans les bras tendre de la femme aimante qui l'avait élevé, plus jamais il se sentirait son parfum fleuri. Elle ne serait plus là pour le rassurer, pour le guider. Il n'entendrait plus son rire. Il ne pourrait plus lui raconter comment les choses se passaient pour lui à Poudlard.
Et puis... c'était la première fois qu'il voyait son père pleurer. Ce n'était pas juste des larmes qui coulaient sur ses joues, c'était des sanglots lourds de désespoir.

C'était probablement ça le plus dur à accepter. La mort de sa mère était encore irréelle, il avait l'impression que tout ça n'était qu'un mauvais rêve, un de ces cauchemars dont on se réveille le matin avec une sensation de malaise. Elle avait toujours été présente, et il savait que d'ici quelques jours, il prendrait pleinement conscience de son absence. En attendant, il continuait à vivre comme si tout était normal.

Mais il avait toujours connu son père maître de ses émotions. Presque indifférent à ce qu'il l'entourait. Il l'avait toujours admiré, d'aussi loin qu'il se souvienne. Et pour lui son père était indestructible.
Or en cet instant, il semblait brisé, sur le point de perdre l'esprit.
Qu'un homme aussi fort soit ravagé par le chagrin à ce point était douloureux à voir...

Ravalant ses larmes, il quitta des yeux le cercueil de sa mère pour regarder autour de lui, et il croisa le regard de son meilleur ami. Ils se fixèrent un long moment, et le garçon lui adressa un signe de tête discret, pour le remercier d'être là, une fois encore. Depuis qu'ils s'étaient rencontrés, ils ne s'étaient plus quittés. Ils s'étaient appréciés dès le début, et entre eux, l'amitié n'avait jamais cessé de grandir.

Scorpius Malefoy sentit une bouffée d'affection envers Albus pour sa présence constante, et s'il n'avait pas dû rester aux côtés de son père pour le soutenir, il serait parti se jeter dans ses bras pour y trouver le réconfort dont il avait besoin.
Il n'avait jamais douté que son ami viendrait, pour lui montrer son soutien. Même s'ils ne pourraient pas se parler, Albus ne lui en tiendrait pas rigueur. Il savait que quand il rentrerait chez lui, une lettre du jeune homme aux yeux verts l'attendrait, pour s'assurer que tout irait bien pour lui, qu'il n'avait besoin de rien.

Il nota qu'Albus était venu avec son propre père, Harry Potter en personne, et il observa avec curiosité l'homme dont il avait si souvent entendu parler. Le Sauveur du monde magique. Le héros des livres d'histoire, l'Auror courageux redresseur de torts.
Albus lui ressemblait énormément, physiquement. Les mêmes cheveux noirs en bataille, le même teint hâlé, les mêmes yeux verts surprenants. Et à l'instant, Harry Potter regardait son père, Drago Malefoy, avec tristesse, comme s'il était réellement touché par la détresse de son ancien ennemi d'école. Comme s'il hésitait à venir lui parler, pour le consoler.


Avec un léger soupir, Scorpius reporta son attention sur le cercueil de sa mère, avec l'impression d'avoir le cœur pris dans un étau.
Il saisit doucement la main de son père, et ce dernier s'y accrocha avec désespoir. Ils restèrent côte à côte, immobiles, jusqu'à la fin de la cérémonie, sans se lâcher. Ils laissèrent les personnes venues assister aux obsèques partir, jusqu'à rester seuls, main dans la main.
Harry Potter hésita, mais Albus lui dit quelques mots, et l'Auror acquiesça, s'éloignant non sans avoir jeté un dernier coup d'œil à un Drago Malefoy dévasté.

Le jeune garçon se rappela de l'amour que ses parents se portaient. Ça avait été un mariage arrangé au début, mais ils étaient devenus amis en premier, puis l'amour était arrivé. Astoria soutenait son époux malgré la marque des Ténèbres sur son bras, et Drago faisait en sorte de la rendre heureuse, oubliant parfois son éducation un peu trop aristocratique.
Sa mère n'aurait pas aimé voir son époux dans cet état. Elle n'aurait pas aimé qu'ils cessent de vivre et se perdent dans la douleur. C'est ce qu'elle avait dit quand la maladie s'était déclarée et qu'elle avait appris qu'elle était condamnée.

Scorpius fit une promesse, persuadé que sa mère serait d'accord avec lui. Il se jura d'arranger les choses et de trouver un moyen pour que son père soit heureux. Réellement heureux.


Scorpius serra un peu plus fort la main de son père lorsque le cercueil fut entré dans la crypte familiale, essayant d'ignorer le gémissement de désespoir de ce dernier. Puis, avec douceur, il l'attira contre lui, et l'aida à avancer, le conduisant en direction du Manoir familial.

Il savait déjà que personne ne viendrait les soutenir. Si Astoria Greengrass avait été respectée, aucun de leurs connaissances n'aurait l'idée de réconforter Drago Malefoy.
Malgré les années, il était toujours regardé avec méfiance et considéré comme un Mangemort. Il n'était qu'un adolescent qui avait commis de terribles erreurs. Il avait peut être échappé à Azkaban, mais personne n'avait oublié et personne ne lui avait laissé oublier.
Astoria partie, ils seraient seuls, tous les deux...


Il fit entrer son père dans le Manoir, et le fit s'allonger sur le canapé. Gentiment, il lui fit prendre une potion de sommeil sans rêves, et le regarda s'endormir, les joues baignées de larmes.

Drago Malefoy était resté indifférent en apparence aux insultes, et aux rumeurs. Il avait ignoré les regards noirs, et les bousculades quand il se promenait sur le chemin de Traverse. Il était resté tête haute lorsque certaines boutiques refusaient de le servir, sous prétexte qu'il portait la Marque des Ténèbres.
Durant l'enfance de Scorpius, il avait été attaqué physiquement à au moins deux reprises, et il était resté impassible, comme s'il s'en moquait.
Scorpius l'avait toujours pensé indestructible, et voilà qu'il découvrait que la force de son père s'en était allée avec sa mère.

Tristement, il se détourna, et ne put retenir un léger sourire triste en voyant le hibou de Albus entrer.
Comme il s'en était douté, son ami voulait savoir s'il avait besoin de quoi que ce soit, et il lui répétait à quel point il était désolé. Il lui assurait qu'il serait là pour lui, à n'importe quel moment.
Puis, à la fin du petit mot, une écriture différente avait ajouté quelques mots de condoléances, et la même offre, pour lui et son père. Harry Potter en personne s'inquiétait d'eux, et ces quelques mots griffonnés à la hâte émurent Scorpius.


Prompt de demain : Instinct

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