Je m'apprête à réagir, lui sauter au coup jusqu'à qu'elle finisse par avouer qu'en réalité, il s'agissait de sa décision mais la main de Caleb sur ma cuisse et son sourire m'en ont tout de suite dissuadée.

— C'est un mensonge qu'on peut démonter en quelques secondes, me chuchote-il à l'oreille, c'est bon pour nous.

J'opine, reportant mon homicide à plus tard.

— Mary, tu soutiens sa version des faits?

— Pas du tout. Vous ne voyez pas qu'elle ment comme elle respire.

Je la regarde alors qu'elle se rassoit, un sourire joueur au visage que je semble être la seule à remarquer. Ne voient-ils pas qu'elle ment? Elle ne cesse de me rendre dingue.

— Abigail dit vrai, lance Isa. Il y a plusieurs preuves qui démontrent que sa version est la réalité. Tout d'abord, premier point, on sait tous très bien qu'une entente entre les deux est strictement impossible. Alors vous pouvez m'expliquer comment elles auraient pu s'allier contre leurs amis? Impossible, donc il s'agit forcément de l'une d'entre elles. Et la coupable est Mary, la plus impulsive des deux.

Moi, impulsive? Je vais lui en coller une à celle là, elle va voir si je suis impulsive. Mais quel raccourci absurde. Qu'elle continue à fabriquer ses attrapes-rêves à la noix en silence qu'on puisse discuter entre adultes. L'avocat du diable, c'est bien le cas de le dire.

— C'est complètement stupide ce que tu dis, souffle Caleb à l'égard d'Isa. Vraiment, elles se sont barrées toutes les deux je te signale, et c'est Abigail qui a mis au point l'évasion, seule. Pour preuve, Mary ne sait pas conduire.

Le mépris qu'à Caleb envers Isa dans sa réthorique me sidère. Il prend partie pour moi à tout prix, et ça me rassure beaucoup. Il est strictement hors de question qu'elle ne sent sorte comme ça.

Le jury composé du reste de nos amies s'acharnent en messes basses avant que Ronald ne lève la main demandant la parole qui lui est accordée.

— Très bien, imaginons que seulement l'une de vous est responsable de ça, je pense que ce qui nous intéresse le plus ici est : Qu'avez vous foutue ensemble depuis hier soir?

Ronald, fidèle à ses principes de commère du groupe.

Et là, le silence règne, un silence pesant et tout le monde nous jauge, même Caleb à qui je n'ai pas évoqué le moment où nous avons quitter la maison, et j'ai l'impression que tous peuvent lire en moi.

Étrangement, je ne veux pas qu'ils sachent ce qui s'est passé depuis le début du séjour avec Abigail. C'est si peu prévisible qu'ils ne comprendraient pas. Je ne comprends même pas moi même ce qu'il se passe entre nous. Je jette un coup d'œil à Abigail qui semble prête à ne lâcher aucune information à ce sujet, même mentir n'est plus envisageable. Elle veut sans doute cacher notre « bonne » entente pour une raison qui m'ignore et je ne sais vraiment pas comment le prendre.

— Ce n'est pas du tout le sujet, nous gronde Julien en frappant la table avec son maillet de pacotille avant d'inspecter sa montre. On n'a pas toute la journée, alors je veux votre version finale.

— Pour ma part, j'ai déjà tout dis, souffle Abigail montrant un désintérêt total à la situation. La seule et unique raison pour laquelle j'ai fuis, c'est parce que je savais qu'il y aurait confusion avec le coupable et Mary m'a suivie, c'est tout.

— C'est faux et tu le sais, dit Caleb et j'en suis ravie car je ne saurais m'exprimer sans lui hurler dessus et la frapper avec le faux maillet de Julian. La responsabilité te revient et tu fais ça comme énième tentative d'embêter Mary et ça devient sérieusement agaçant.

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