Ne me hurlez pas dessus et ne me cognez pas. Faut bien que je sois en forme pour mettre la suite 😝
Préparez-vous, c'est un conseil ;)
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Lexa
Il paraît que toutes les bonnes choses ont une fin. J'avais dit à Clarke que j'avais peur de mon propre bonheur. Bon, ce n'est pas dramatique en soi, mais ne plus pouvoir bouger comme je le souhaitais, être surveillée et ne plus pouvoir interagir avec ma petite amie et mes amis me mettait hors de moi. Quand Titus m'avait annoncé ça, dès le matin, une dispute avait éclaté :
– Lexa.; je redressai la tête alors que j'avais le regard dans mon café. Titus était debout, dans une posture assez rigide, la main tendue vers moi.; Tes clefs de voiture.
– Pardon ?
– Tes clefs de voiture, maintenant.
– Tu m'expliques ?
– Ton rapprochement avec les SkyRunners te détournent de ton rôle ! Tu es capitaine de l'équipe invaincue. Cette Clarke te fait faire n'importe quoi. Alors, désormais, je t'emmène à tes cours et reviens te chercher. Les deux prochaines semaines, c'est moi qui t'entraîne.
– Mais et l'équipe ?!
– Il y a Indra et je suis certain qu'Anya saura s'occuper des entraînements, s'il le faut. Maintenant, tes clefs.
Je vis à son regard que je n'aurais pas le dernier mot, je me levai et allai chercher mes clefs. Je les claquai brutalement dans sa main. Mon téléphone vibra, je le saisis et répondis à Anya. Je vis Titus tendre la main, de nouveau.
– Ton téléphone.
– Tu te fous de moi ?; il resta stoïque.
– Il est hors de question que tu aies encore des contacts avec la capitaine des SkyRunners.
– Et mes amis ?
– Ils te verront à l'université !
– Mais tu te fiches de moi ? Je suis quoi, moi ? Une pré-ado rebelle qui fait connerie sur connerie ? J'ai toujours suivi tes demandes, et maintenant que je m'amuse avec mes amis et ma petite amie, je dois arrêter de vivre ?; il fit signe de la main pour que je lui donne le fameux téléphone. Je le claquai dans sa main après l'avoir éteint, tout comme les clefs.
– Bien. Va chercher tes affaires, je te dépose.
J'étais à deux doigts de perdre le peu de contrôle que j'avais. Je fermai les yeux, inspirai et expirai profondément.
Anya avait trouvé une solution pour que Clarke ne s'inquiète pas, mais quand même...
Je passai les jours suivants à aller en cours, comme un foutu zombie, complètement fermée. Je n'avais pas envie de parler. À personne. Anya était une exception, mais elle ne me forçait pas, sauf pour me demander si je voulais dire quelque chose à Clarke. Je rédigeais alors des mots, comme les pré-pubères, et le lui donnais pour qu'elle le transmette.
Le premier jour, Titus était venu me chercher, comme convenu.
– Tu as cinq minutes pour te préparer.
Je ne répondis même pas. L'envie m'était passée. Il m'en avait fait baver pendant deux heures. L'échauffement était assez « facile », mais il m'avait fait combattre contre lui. Il esquivait la plupart de mes coups, m'en mettant qui me laissaient au sol.
– Alors, c'est de ça dont est capable la capitaine de l'équipe invaincue ? Et bien, il y a plus de boulot que je ne pensais !
À force de répéter ce genre de choses, je finis par perdre patience, je tapai au sol et fonçai sur lui, pleine de rage. Je sentis plusieurs coups toucher ma cible et continuai à en mettre toujours plus. La plupart ne le touchèrent même pas et je finis au sol, complètement essoufflée.
– CONTRÔLE-TOI ! OÙ EST PASSÉ TON CONTRÔLE ?! Ce n'est pas comme ça qu'on gagne ! Reprends le dessus sur tes émotions, elles ne doivent pas te guider ! Il faut croire que je ne te l'ai pas assez répété.
Et chaque jour durant ces deux très longues semaines, je le combattais, je perdais. Je ne gardais pas le contrôle. Il me poussait à bout toujours plus, chaque fois.
J'avais des bleus sur les jambes, les côtes. Mon visage avait de légères marques de coups. Mes équipiers avaient l'air de s'inquiéter pour moi, je ne parlais toujours pas, je restais dans ma bulle silencieuse, me déconnectant complètement des conversations.
La deuxième semaine se termina enfin, et nous découvrîmes le programme des matches retours. Le premier match verrait s'affronter les SkyRunners contre les HillFighters. Il aurait lieu le week-end prochain. Je fermai les yeux. Est-ce que Titus me laisserait aller voir le match ? J'allais devoir insister sur le fait que le deux équipes s'étaient sûrement entraînées durement, et qu'en tant que capitaine, il me fallait entraîner mon équipe aussi.
Je l'attendis patiemment.
– Ils ont annoncé les matches retours. Le premier match aura lieu samedi prochain. Les SkyRunners affronteront les HillFighters.; il se contenta de hocher la tête. Je me retins de souffler et me lançai.; Est-ce que je pourrais m'entraîner avec mon équipe la semaine prochaine ? J'ai besoin de voir comment ils ont tous évolué. On a besoin de se faire des matches entre nous pour notre cohésion d'équipe. C'est mon devoir de capitaine.; il sembla réfléchir.
– C'est d'accord. Tu marques un point, en tant que capitaine, tu te dois d'évaluer leur niveau et vous avez besoin d'avoir une bonne communication. Il faut que vous retrouviez vos marques. Même si vous vous connaissez bien et que vous en avez l'habitude, ça ne vous fera pas de mal.
– Ce serait un plus si je pouvais assister au match.; il tourna la tête vers moi, le regard froid.
– Je ne crois pas.
– Au contraire. Les deux équipes ont dû s'entraîner dur aussi. J'ai besoin d'évaluer leur niveau pour savoir à quoi m'attendre. Il est important que j'assiste au match des différentes équipes pour adapter les entraînements. Sinon autant déclarer forfait.
– En effet. Je vois que la capitaine est enfin de retour.; nous venions d'arriver.; Tu as cinq minutes, comme d'habitude.
Je me reposerai plus tard. Les combats contre lui étaient toujours difficiles, mais je voyais plus facilement les ouvertures, et je réussis à le mettre plusieurs fois au tapis. Je gardai le contrôle, plus ou moins. Mais surtout, j'avais l'espoir de pouvoir voir Clarke. Même si ce n'était que quelques minutes, ce serait déjà ça de pris.
Les petits mots, c'était bien beau, mais son contact me manquait. Sa voix, son rire, ...
Puisant mes forces dans ce mince espoir, je gardai la tête froide du mieux que je pouvais et j'esquivai les coups et répondis. Titus sembla satisfait.
– Tu peux te reposer ce week-end. Nos entraînements s'arrêtent ici. Tu as enfin repris le contrôle et ton rôle. Je compte sur toi pour continuer à travailler et à faire travailler ton équipe. Ne me déçois pas.
– Et est-ce que...
– Non. Je ne te rends ni tes clefs ni ton téléphone.; je réprimai l'envie de serrer les poings et la mâchoire.; Mais j'accepte qu'Anya t'emmène et te redépose ici. Sans faire de détour.; je hochai la tête.
C'était déjà ça.
Je passai le week-end à travailler. Je n'avais rien de mieux à faire, de toute manière.
Le lundi, Anya vint me chercher. Elle était déchaînée dans la voiture.
– Calme-toi, c'est parce que j'ai repris mon rôle de capitaine que j'ai un peu plus de liberté. Tu peux venir me chercher et me déposer chez moi, mais ne rêve pas, il sait à quelle heure je termine et le temps que dure le trajet. Pas de détour possible. Ce soir, c'est moi qui gère l'entraînement de l'équipe.
– Oh oh. On va en baver, c'est ça ?
– On verra ça. Je compte sur toi pour me remettre sur les rails si je vais trop loin. Samedi, je pourrai assister au match, pour « évaluer le niveau des équipes et m'adapter pour l'équipe ».; Anya me tendit sa main pour que je tape dedans, ce que je fis sans hésiter, en riant doucement.
– Bien joué, Commandante !; je claquai la langue au surnom.
– Tu vas recommencer hein ?; elle n'eut pour toute réponse que son célèbre sourire moqueur.
Toute la semaine, j'en fis baver à l'équipe. Anya me faisait remarquer quand j'en demandais vraiment trop et j'essayais du mieux que je le pouvais de les pousser sans aller trop loin. Nous avions encore progressé. J'attendais avec impatience le match du samedi.
C'est évidemment Anya qui vint me chercher, Raven était déjà là. Quand elle me vit sortir de chez moi, elle descendit de voiture et clopina - elle avait fait de sacrés progrès ! - aussi vite qu'elle le pouvait vers moi. Je l'arrêtai d'un geste, elle s'arrêta et sembla surprise par mon regard. J'avais pu sentir la panique commencer à monter.
– Allez, en voiture, tout le monde ! On a un match à observer ! Et toi, Reyes, tu dois encourager ton équipe, je crois !
Raven me fit comprendre de monter devant. Une fois qu'on fut assez éloignées de chez moi, elle serra ses bras contre moi.
– Putain, ça fait plaisir de te revoir, Woods ! Clarke est dans tous ses états. Elle pétait les plombs ! Je te dis pas comment elle en a fait baver aux autres ! Ça a gueulé, par moment. Mais ils sont tous au courant. Y'a juste eu quelques engueulades rapides pour lui dire de lever le pied. Je veux pas te faire flipper, mais elle s'est défoulée... Enfin...; je soupirai.
– T'es en train de me dire qu'elle a recommencé à faire du sport de son côté, à se pousser pendant les entraînements de l'équipe ?
– Ouais. Et comme elle sait que tu viens voir le match, elle trépigne depuis hier.
– C'est pour ça que j'ai demandé à Anya de transmettre le message qu'hier...
– Ouais, bah ça va donner. Elle est sur piles. Bon, elle est crevée aussi. C'est pas la même fatigue que... Enfin...; je hochai la tête pour lui dire que j'avais compris. ; Mais tu vois le genre.
– Clarke.
– Clarke.; je pus sentir au ton de Raven qu'elle souriait.
– Par contre, clairement, je peux pas m'afficher comme ça, avec elle. Si Titus passe dans le coin, je suis grillée.
– Oh.
– Oh ?
– Bah... Elle t'attend quoi donc...; je soupirai. Putain.
Je fermai les yeux, me pris la base du nez entre les doigts et soufflai doucement.
Quand nous arrivâmes au gymnase d'Arkadia - tous les matches des SkyRunners se passeraient dans leur gymnase, cette fois - je descendis de voiture, sans attendre les autres et avançai.
En effet, je vis Clarke devant l'entrée, avec toute son équipe et Lincoln qui était avec Octavia. Je marchai d'un pas décidé, passai devant tout le monde et les saluai de la tête. Clarke qui avait un sourire sur les lèvres depuis qu'elle m'avait vue descendre de voiture se figea quand j'avançai sans m'arrêter.
– Le...; elle fut interrompue.
– Viens avec moi, je vais t'expliquer.; Anya couvrait mes arrières. Je m'en voulais tellement de leur imposer ça, à toutes les deux.
Je m'installai dans les gradins, tout en haut. Le visage fermé, comme toujours. Anya finit par me rejoindre.
– Lincoln fait le guet devant le gymnase, en faisant semblant de téléphoner. Raven est dans le couloir qui mène aux vestiaires en jouant sur sa console. Niylah est à la sortie de secours. Clarke est dans le vestiaire 4.; j'expirai bruyamment.
Je me levai et essayai de ne pas courir. Je passai devant Raven qui me fit un clin d'oeil. J'ouvris la porte du vestiaire où était Clarke. Elle était assise, tête baissée. Elle releva le regard vers moi, elle semblait blessée. Je refermai la porte puis m'approchai rapidement d'elle. Je m'accroupis et la regardai dans les yeux, tout en soupirant.
– Bon sang. Ce que ça m'a manqué de pouvoir te regarder.; je lui souris.; Je suis désolée pour tout-à-l'heure, mais si Titus vient dans le coin et me voit avec toi, on n'est pas prêtes de se revoir. Je suis désolée si je t'ai blessée, Clarke, c'était pas mon intention.; son regard sondait le mien, j'en eus un frisson.
Elle sépara l'espace entre nous et posa ses lèvres doucement sur les miennes. Je soupirai plus fort encore. Je la sentis sourire, puis elle approfondit le baiser. Mes mains se posèrent sur ses côtes et je la sentis frémir à ce simple contact. Je m'écartai.
– Désolée pour ce « manque » aussi.; elle sourit franchement.; J'aimerais pouvoir le combler mais...
– J'ai un match à assurer. Et j'ai pas intérêt à merder maintenant que t'es là. Tu devrais y aller, au cas où..; je hochai la tête.
– Oui, Chef !; elle ricana alors que je me dirigeai vers la porte.; Je compte sur toi pour me montrer de quoi vous êtes capables !; je la vis juste sourire.
Le match avait été impressionnant. Dès que la balle était lancée, ils réagissaient tous en même temps, chacun allant à la place qu'il devait tenir, Clarke était incroyable, comme toujours. Dès qu'un des HillFighters tentait de se venger avec des coups bas, un des membres des SkyRunners se chargeait de plaquer, frapper dans les règles. Ils étaient tous, tout le temps, en mouvement. Leurs actions étaient toujours aussi impressionnantes. Certaines dangereuses, ils prenaient toujours autant de risques, faisant des acrobaties, prenant appui les uns sur les autres, ou sur leurs adversaires. Emerson, à bout, voulut frapper Clarke au visage quand elle s'approcha du but mais elle le vit arriver, esquiva et lui mit un magnifique coup de pied au visage, qui mit KO son adversaire. Elle regarda les autres membres « à problème » et ils se tinrent tous à carreau.
Ils gagnèrent le match 4 à 0. Bellamy n'avait rien laissé passer, concentré tout du long, observant tout. Ils avaient tous extrêmement progressé. Les HillFighters restaient plus ou moins au niveau habituel.
J'étais fière de Clarke et de son équipe. J'attendais avec Anya quand je crus voir passer Ontari, mais elle avait disparu rapidement. Est-ce que mon esprit me jouait des tours ?
Je finis par voir Octavia revenir. Clarke et elle étaient les dernières.
Je lui demandai où était Clarke, elle me répondit qu'elle finissait de se changer dans les vestiaires. Elle était donc seule ? Je fonçai vers les vestiaires après avoir crié un « merde ». J'étais peut-être parano, mais je ne croyais pas franchement à une coïncidence pareille.
Octavia
Ce match avait été dingue ! Pas spécialement difficile. Les HillFighters ne nous avaient pas franchement posé de problème. À part Emerson qui essayait de faire le fier, ou Cage qui ne valait pas vraiment mieux, Clarke en avait remis un à sa place avec un bon KO et ça les avait tous calmés. Pauvre Maya qui devait subir une équipe pareille ! Nous nous étions bien défoulés, mais nous étions quand même fatigués, nous avions mis une telle intensité dans nos actions !
J'étais la dernière à sortir des vestiaires. Enfin, il restait toujours Clarke, qui finissait de se changer. Je rejoignis donc les autres près des gradins. Lincoln me félicita pour la victoire. Je vis Lexa froncer les sourcils.
– Où est Clarke ?
– Elle termine de se changer dans les vestiaires.; soudain je la vis pâlir. Je me tournai vers Lincoln qui ne comprenait pas non plus.
– Merde !; elle s'en alla en courant comme si elle avait une horde de zombies aux fesses.
– Linc' ?; je me tournai vers lui et le vis inquiet. Il se détacha de moi.
– Anya !; elle se retourna.; Lexa.; elle regarda vers Lexa qui venait de disparaître en courant toujours aussi vite, elle fronça les sourcils, mais son regard était inquiet.
Il ne m'en fallut pas plus, je me mis à courir derrière elle, tentant de la rattraper. Je pus entendre plusieurs pas derrière moi.
Quand j'arrivai devant le vestiaire que j'avais quitté quelques minutes avant, Lexa était en train de tambouriner dessus en appelant Clarke, elle tentait d'ouvrir mais rien n'y faisait.
– Lexa ?!; elle me regarda, avec une lueur de panique dans les yeux. Elle pointa le doigt vers la porte.
– Ontari.
– Quoi Ontari ?
– Elle est entrée dans le vestiaire.; oh merde, j'ouvris de grands yeux. Anya arriva mais avait pu entendre.
– T'es sûre ?; Lexa hocha la tête. Le visage d'Anya prit une expression que je ne lui avais jamais vu. Elle était plus qu'en colère, ça allait au-delà. Puis elle détailla Lexa. Elle la prit dans ses bras et l'écarta de la porte. Je vis Lexa dire quelque chose tout bas à Anya, qui ne fit que serrer les dents.
Je m'approchai pour coller mon oreille à la porte, un coup violent me projeta en arrière. Quelqu'un venait de se faire claquer contre la porte, vu le choc. Tout le monde put entendre Clarke hurler :
– Je vais t'éclater, espèce de tarée !
Nous entendîmes tous des coups contre la porte. L'une des deux devait avoir manquer sa cible, et de toute évidence, il s'agissait d'Ontari, qui venait de crier de douleur. Ce furent ensuite des bruits de vestiaires métalliques qui prennent des coups ou qui tombent qu'on entendit. Lexa était d'une pâleur à faire peur. Son regard passait de la panique à la colère, Anya la tenait fermement contre elle, tentant de la rassurer.
Je me décidai enfin, je donnai des coups des pieds dans la porte pour faire sauter la serrure. Lincoln posa une main sur mon épaule :
– Gustus et moi, on peut...; je le coupai sèchement.
– Sûrement pas ! Mon amie est là-dedans, en train de se battre avec l'autre tarée, hors de question que je reste là à vous regarder.; une autre main se posa sur mon autre épaule, Niylah.
– Elle a raison. Je vais t'aider, si tu veux bien.; je hochai la tête.; À 3 ?; j'acquiesçai une nouvelle fois.
Elle compta et nous tapâmes dans la porte en même temps. J'entendis Anya parler derrière moi :
– Tu la rassures d'accord ?; et moi, cette porte commençait à m'agacer. J'accélérai les coups de pieds, me fichant du rythme. Anya m'arrêta.; On fait ça ensemble.
– Il faut qu'on ouvre, maintenant !
– Calme-toi, on va la sortir de là.; je ricanai.
– Nan, tu comprends pas...
– Je...; Raven lui coupa la parole.
– Non, Anya. O' ne panique pas pour ce que tu penses. Clarke est capable de se défendre. Elle a peur qu'elle aille trop loin. On l'a tous entendue s'énerver. Tu vois peut-être Clarke comme une Barbie, mais si l'autre la pousse à bout, va savoir de quoi elle est capable !; Anya fronça les sourcils.
– Comment ça ?
– Clarke va la démolir, on a intérêt à l'arrêter, maintenant ! Et ce n'est pas que je sois contre le fait que cette tarée se fasse éclater, mais si Clarke pète un plomb, le premier truc qui sera à portée de main, l'autre va le prendre en pleine gueule ou elle va se faire claquer la tête sur un mur ou sur un lavabo...
– Ou elle prendra un extincteur dans le pif. Ceci dit, ça lui arrangera la tronche. Ça lui calmera les idées...
– Rav' ! C'est pas le moment, de plaisanter !; elle soupira et serra les dents.
– Je sais.; Lexa était contre Raven, qui la maintenait contre elle, au sol en lui parlant doucement pour la rassurer. Gustus et Lincoln étaient à côté, au cas où Lexa finirait par perdre le contrôle.
Nous reprîmes les coups de pieds en rythme mais la porte avait un système magnétique.
– Rav' ? Tu pourrais pas faire sauter les plombs, ça désactiverait peut-être le système de la porte ?; elle hocha la tête et commença à se lever quand on entendit le verrou se débloquer.
Tout le monde retint son souffle. Qui ouvrait ?
Quand je vis les cheveux blonds de Clarke, je fus rassurée. Je ne le fus pas longtemps. Je croisai son regard, elle tentait de ne regarder personne dans les yeux. Elle avait ce fameux regard. Elle était encore pleine de colère. Je finis de la détailler. Elle avait une entaille à la joue, le sang coulait tout le long pour venir sous le menton et goutter au sol. Son nez avait une couleur un peu bleutée. Sa lèvre inférieure était éclatée. Et surtout, son t-shirt était plein de sang.
J'ouvris les yeux en grand, je tendis les mains pour l'attraper, elle eut un léger mouvement de recul.
– Clarke ?! C'est quoi ce sang ?; elle secoua la tête.
– J'ai rien.; sa voix était basse.
– Tu te fous de ma gueule ?!; elle planta son regard encore énervé dans le mien, et je dus faire un effort pour ne pas frissonner.
– C'est pas le mien.; quoi ?!
– C'est pas le... tien ?; sa voix se fit encore plus grave, grondante.
– Tu vas me faire répéter combien de fois ?; je ne l'avais jamais vue si énervée.
– Barbie ?; je fermai les yeux. J'entendis Clarke crisser des dents.; Clarke ? Est-ce qu'on... Est-ce qu'on peut entrer dans le vestiaire ? S'il te plaît ?; je rouvris les yeux pour observer la réaction de Clarke.
Elle plongea son regard, un peu ailleurs, dans celui d'Anya. Elle pencha la tête sur le côté, semblant réfléchir. Elle observa un peu autour, elle vit Niylah, elle fronça les sourcils. Puis elle remarqua Lincoln et Gustus proches d'une Lexa d'une blancheur maladive. Elle vit Raven derrière Lexa, qui la rassurait encore doucement. Elle serra les dents puis posa enfin son regard sur Lexa.
Cette dernière finit par lever les yeux et vit Clarke. Enfin. Ses épaules se relâchèrent et elle souffla. Elle remarqua son attitude, ses blessures et enfin le sang. Une étincelle de colère pure enflamma son regard et elle se releva d'un saut pour rejoindre notre capitaine.
Ses yeux rencontrèrent ceux de Clarke, et je jure l'avoir vue faire un pas en arrière. Clarke fronça les sourcils et lui saisit le poignet rapidement, mais avec une certaine délicatesse. Son regard commença à s'adoucir.
– Lexa.; sa voix était toujours basse, mais la colère ne grondait plus.; Tout va bien. Ne t'en fais pas, d'accord ?; je pus voir la capitaine des Grounders hocher la tête puis, sa retenue disparut et elle serra Clarke contre elle, s'accrochant désespérément à son t-shirt.
Nous les laissâmes dans leur bulle. Elles en avaient besoin. Autant Lexa pour se rassurer, que Clarke pour se calmer. Nous nous regardâmes tous, indécis. Je soufflai.
– Bon, j'entre la première.; Anya et Niylah hochèrent la tête mais je les sentis me suivre.
C'était vraiment le bordel dans le vestiaire. Les casiers étaient renversés au sol. Les bancs, retournés. Les affaires de Clarke éparpillées partout. Pas d'Ontari. Je retins ma respiration. Je me dirigeai vers les douches. Je vis enfin l'autre tarée, elle était sur le ventre, au milieu des douches. Je vis du sang par terre. C'était pas bon, ça.
Je m'approchai vivement, je mis deux doigts à la gorge : son coeur battait, c'était déjà ça ! Je mis ma main sous son nez et sentis une légère respiration. Je la retournai et pus constater les dégâts. J'avais cru que Clarke était amochée. Ce n'était rien en comparaison !
Ontari avait le visage méconnaissable : son nez avait facilement triplé de volume, le choc avait éclaté la peau et le sang s'écoulait de là et des narines, le contour de ses yeux commençait à prendre une couleur bleu-violet, une arcade avait cédé.
Et ce n'était que pour le visage ! Le cou avait la trace d'un étranglement, les phalanges des mains semblaient cassées, ou au moins excessivement abîmées. Ça, quand on loupait son coup, ça faisait des dégâts ! Ce qui m'inquiéta le plus, ce fut le morceau de verre planté dans la cuisse. Mais je fus rassurée quand je m'aperçus qu'il y avait une ceinture juste au-dessus. Clarke avait été suffisamment consciente du danger pour pallier au mieux sur l'instant.
– Putain de merde ! C'est Barbie qui a fait ça ?; je me tournai vers Anya.
– Je t'ai dit que si je voulais ouvrir, c'était pour l'arrêter ! Tu comprends maintenant ?
– Mais... Elle qui semble si douce... Comment elle a pu lui planter un bout de verre dans la cuisse et lui éclater la tronche comme ça ? Nan mais t'as vu sa gueule ! Ça ressemble plus à rien !; je hochai la tête.
– C'est Clarke. Si Ontari l'a poussée à bout, elle a pété les plombs.
– Putain, on dirait Le...; elle se prit un coup dans le ventre par Niylah.
– On dirait ?
– C'est malin !
– Oh, ça va, elle est peut-être déjà au courant, si ça se trouve ! Lexa a perdu le contrôle, une fois. Sur Ontari. On l'a arrêtée avant qu'elle ne la finisse, je crois qu'elle aurait pu la tuer. Elle s'en est prise à Costia, en remuant le couteau dans la plaie. Lexa était déjà dans un état assez flippant, c'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
– Et bah, la boucle est bouclée. Cette fois, c'est la petite amie qui a fini le boulot. J'espère juste que ça va pas causer d'emmerdes à Clarke...; Niylah posa une main sur mon épaule.
– T'en fais pas, on prendra sa défense. Ça passera. Ontari est sur la sellette depuis un moment, je pense que Clarke s'en sortira.; je hochai la tête.
– Bon, ça m'enchante pas, mais faut quand même appeler les secours...
– Parce que tu m'as prise pour une irresponsable, O' ?; oh oh, je ne l'avais pas entendue entrer.; Je lui ai mis un garrot en attendant, j'ai appelé après qu'elle soit tombée dans les vapes.
– Et tu l'as laissée sur le ventre ?; elle haussa les épaules.
– J'étais à deux doigts de lui prendre la tête pour la claquer au sol. J'ai préféré sortir pour pas faire de conneries.
– Elle marque un point ! J'admire le self-control ! Tu ne cesses de m'étonner, Barbie !; je fermai les yeux une seconde. Encore ce surnom. Je n'étais pas sûre que ce soit le moment. Mais Clarke ferma les yeux et réprima un sourire en secouant la tête. Ouf.
– Va chier, Anya.; l'interpellée leva les bras au ciel, avec un air choqué.
– Et voilà comment je suis remerciée quand je fais un compliment ! Vraiment ! Personne ne me mérite, ici !
– Ah non ?; Rav' venait d'entrer, Anya pâlit légèrement et j'éclatai de rire.; Allez, viens Boucle d'Or, on va aller prendre l'air et laisser Anya, puisque personne ne la mérite !; tout le monde se mit à rire dans les vestiaires.
Je me relevai et commençai à remettre les bancs, puis ramassai le sac de Clarke et ses différentes affaires. Elle finit par poser sa main sur mon bras.
– C'est gentil, O', mais j'aurais pu le faire. Après tout, c'est un peu ma faute s'il y en a partout...; je secouai la tête.
– C'est elle qui t'a attaquée, non ?; elle acquiesça.; Qu'est-ce qu'elle a pu dire ou faire pour te mettre dans un état pareil ? Je t'ai jamais vue comme ça...; elle ferma les yeux et soupira bruyamment.
– Pas maintenant, s'il te plaît.; je hochai la tête alors qu'elle rouvrait ses yeux.
Bellamy, Lincoln, Nyko et Gustus redressèrent les casiers et les remirent plus ou moins à leur place, selon les traces qu'on pouvait voir au sol. Nous étions tous assis sur les bancs quand nous entendîmes les sirènes arriver, enfin. Il était temps ! Des pas rapides arrivèrent, Bellamy avait décidé d'attendre dehors une fois les casiers rangés. Evidemment, Echo était restée avec lui. Elle n'avait rien dit de l'état d'Ontari, mais elle n'avait pas cillé, non plus, quand elle l'avait vue. Difficile de savoir ce qu'elle pensait, alors.
Ontari fut placée sur un brancard, Clarke raconta ce qui s'était passé dans les grandes lignes.
La dingue était entrée dans le vestiaire, les avait enfermées et avait commencé à la provoquer, puis elle avait porté le premier coup après une réponse de Clarke. De là, la bagarre avait dégénéré pendant un moment. Clarke avait fini par se claquer contre le miroir, qui avait cédé sous le choc, et Ontari avait pris un morceau de verre pour l'utiliser contre notre blonde préférée. D'où la blessure à la joue. Elle avait réussi à esquiver et à retourner l'arme contre son agresseuse.
La bagarre s'était poursuivie dans les douches, Clarke avait fini par taper plus fort : coups de poings, coups de têtes, elle avait claqué la tête d'Ontari contre un des murs pour se dégager. Puis elle avait réussi à la saisir à la nuque et lui avait asséné des coups de genoux avant de lui passer une « guillotine » pour l'arrêter. Il fallait qu'elle soit KO rapidement avant que la bagarre ne dégénère plus que ça. Quand Ontari s'était relâchée, elle avait retiré ses bras, la laissant tomber au sol, en la retenant à peine. Elle avait enlevé sa ceinture et avait fait un garrot à la jambe. Elle n'était plus capable de réfléchir correctement, elle avait fait au mieux.
Les brancardiers écoutèrent, lui conseillèrent d'aller aux urgences pour ses blessures. Ils lui demandèrent si elle allait porter plainte. Elle leur répondit qu'elle ne savait pas encore. Elle était encore dans un état second, à cause de la bagarre. Ils emmenèrent la foldingue et nous laissèrent seuls.