Marrez-vous bien avec le point de vue de Lexa :p
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Lexa
J'étais finalement retournée dans le gymnase, mais j'avais préféré rester à l'écart. J'étais presque sûre que Clarke m'avait vue, mais elle ne se tourna pas vers moi, elle ne me lança même pas un regard. J'eus l'impression de recevoir un seau d'eau glacée. Je ne pouvais pas la quitter des yeux et elle m'ignorait. Ça me rendait dingue. Je croisai les bras et patientai. Elle finit par s'en aller, certainement pour aller se changer. Parfait. J'allais attendre devant les vestiaires, elle n'allait pas m'ignorer plus longtemps ! Et surtout, elle allait m'entendre !
J'attendis et la suivis de loin pour repérer dans quel vestiaire elle était. J'attendis alors face à la porte, dos au mur, bras croisés. J'entendis les bruits de la douche, puis ceux d'un sac qu'on bouge, des froissements aussi. Ce qui me fit réagir, ce fut la voix de Clarke, elle s'était clairement retenue, mais je reconnaissais aisément ce genre de sons... Elle avait mal. Quelle tête de mule !
J'ouvris et entrai sans m'annoncer, elle se retourna vivement, prête à râler, puis elle remarqua que ce n'était que moi. J'observai son visage. Ce qu'il m'avait manqué. Je remarquai qu'elle ne portait qu'un jean et un soutien-gorge. Merde. Détache ton regard de là, maintenant. Puis quelque chose attira mon regard : ses côtes étaient d'un bleu-violet assez inquiétant.
– Nan mais... Clarke. Ne me dis pas que c'est le coup de la frite du gardien, ça ?; je lui désignai sa blessure du doigt. Vu sa réaction, pas besoin de réponse.; T'as continué à jouer avec un truc pareil ? T'es pas un peu dingue, non ?!
J'avançai et posai une main sur son ventre, elle sursauta. Je n'avais pourtant pas les mains froides, puis je me rappelai de sa réaction quand je l'avais prise dans mes bras. Merde. Je me concentrai sur sa blessure pour éviter de penser à autre chose. Je posai ensuite une partie de ma main sur le bleu, elle siffla de douleur en se penchant.
Elle me rendait dingue !
– Clarke, mais qu'est-ce qui t'as pris ?; elle avait l'air de n'en avoir rien à faire. Comme si ce n'était pas important.
– Ça va, c'est rien.; je plongeai un regard noir dans le sien, elle était sérieuse ?!
– Rien ? Mais t'es complètement inconsciente !
– La belle affaire ! J'ai un bleu. Bah ça arrive dans ce genre de sports ! J'ai signé en connaissant les risques. Je vais m'en remettre, ça va !; je posai mes mains sur ses épaules et cherchai un contact visuel. Mais elle fuyait mon regard. Je pestai intérieurement.
– Qu'est-ce qui t'arrive ? C'était quoi le spectacle de ce soir ?; elle ne fit que hausser les épaules. Ce qu'elle m'agaçait avec son attitude désinvolte !; Clarke ?; elle fuyait toujours mon regard. Aux grands maux, les grands remèdes. Mes mains se fixèrent sur ses joues pour bloquer son visage. Elle n'eut d'autre choix que de croiser mon regard. Enfin. Elle semblait perdue.
– Lexa...; je tentai de déglutir discrètement. Sa voix était...; Je peux pas. C'est trop dur quand t'es proche comme ça. C'est trop dur de me perdre dans tes yeux sans rien pouvoir faire. Au moins ce soir, j'avais quelque chose qui m'occupait l'esprit. Je... Aucune nouvelle depuis...; alors c'était pour ça ?; Je voulais te laisser du temps et de l'espace, mais quand t'es là, comme ça, à me regarder de cette façon, à me toucher, c'est trop dur.; elle enleva mes mains de ses joues et me tourna le dos.
Elle finit par poser ses mains sur le mur. Elle respirait doucement, avec difficulté. Elle se retourna pour s'asseoir. J'avais pu observer son corps et je tentai de faire taire un certain nombre de choses. J'avais envie de glisser ma main le long de son dos, de retrouver le contact réconfortant de ses bras. Je pus sentir qu'elle me regardait, alors j'en fis de même et me décidai à être honnête : avec moi-même et avec elle.
– Parce que tu crois que c'est facile pour moi ? Ton contact me manque. Tout me manque. Je comprends que tu m'aies laissé un peu de temps. Après tout, c'est moi qui l'ai voulu. Mais bon sang, c'était quoi ça ? Tu me tends l'avant-bras ? Tu m'ignores complètement ? Qu'est-ce que je dois croire, moi ?; j'avais besoin de lui dire tout ça. Ce n'est pas parce que je semblais impassible que c'était le cas. Pas avec elle, en tout cas.
– J'essayais juste d'agir pour le mieux. Je ne t'ignorais pas. Je...; elle soupira fortement et je n'avais pu m'empêcher de regarder le mouvement. Elle était toujours en soutien-gorge. Je détournai mon regard vers un point derrière elle. Je n'arriverai pas à rester concentrée si je la regardais. Pas dans cette tenue. Bon sang, mais j'avais quel âge, merde ?!; Lexa ?; je la regardai dans les yeux, mais il m'était difficile de rester concentrée. Je sentis une chaleur envahir mes joues. Et merde.; Tu rougis ?
– Clarke.; évidemment, il avait fallu qu'elle le remarque. Mon ton la fit seulement rire. Il fallait bien que je le lui dise.; Est-ce que... Est-ce que tu pourrais mettre un t-shirt, s'il te plaît ?; j'avais bafouillé ? Mais qu'est-ce qui me prenait ? Et ma remarque ne sembla pas la déranger, elle éclata de rire.
– C'est ça qui te perturbe à ce point ? La grande Lexa Woods perturbée par une fille en petite tenue ? Oh allez, détends-toi, je te taquine un peu.; elle se leva et fut devant moi. J'essayais de garder mon regard dans le sien, mais mes yeux étaient attirés par son corps. Il fallait croire que le mien aussi réagissait à certaines choses. Elle le vit et se foutait de moi avec un sourire moqueur digne d'Anya. Elle finit par mettre son t-shirt mais semblait avoir quelques difficultés à cause de la douleur. Je l'aurais bien aidée, mais je ne m'en sentais pas capable.; Ça te va ?
– Pour te répondre, non, je suis pas perturbée par UNE fille en petite tenue.; je tentai de lui faire comprendre que c'était elle, son corps qui me « perturbait ». Et je crois que le message passa plutôt bien, vu sa réaction. Elle semblait hésiter. Elle ferma juste les yeux.
– Lexa... Si tu veux que je respecte la distance et le temps dont tu as besoin, il va falloir que tu arrêtes ça. Que tu arrêtes de t'inquiéter autant pour moi. De débarquer comme ça, de poser tes mains sur moi, d'accrocher mon regard de cette façon. Je fais du mieux que je peux pour me contrôler, mais mes limites s'amincissent de plus en plus.; en effet, elle semblait vraiment à bout. Qu'est-ce que je devrais dire ? Son regard brisa toutes mes réticences, je m'avançai et la pris dans mes bras. Je sentis son corps se détendre au contact.
– Tu m'as manquée. Je suis désolée. Je sais que je ne devrais pas mais c'est plus fort que moi. J'ai be...; besoin ? Qui je voulais convaincre ?; J'ai envie de ce contact. Est-ce que... c'est ok, pour toi ?; je l'entendis soupirer, elle avait l'air d'en avoir envie aussi.
– Ça ira. Je pense que je devrais pouvoir supporter un câlin.; je ne pus m'empêcher de rire.
– Est-ce que ça va aller, après ?; elle acquiesça avec sa tête contre mon cou.
Ce que ça m'avait manqué ce contact, cette chaleur. De la sentir contre moi. De sentir qu'elle en avait envie, qu'elle s'y sentait bien. Mes mains trouvèrent leur place dans son dos. Comme si elles aussi n'avaient attendu que ça.
Je m'écartai, elle se laissa faire, sa joue frôla la mienne doucement, je me retins de frissonner. Quand elle croisa mon regard, elle sembla se bloquer, je la vis s'approcher. Mon coeur se mit à battre la chamade. Elle allait m'embrasser. J'en avais envie, mais quelque chose me retenait, me faisait peur, peut-être ? Elle s'arrêta à quelques centimètres et finit par reculer jusqu'à s'asseoir sur le banc. Est-ce que j'aurais répondu à son baiser ? Est-ce que j'avais vraiment eu peur ? Ou ce n'était que de l'envie ? Elle finit par me sortir de mes pensées.
– Je suis désolée. Je sais pas ce qui m'a pris. Excuse-moi. Je ferai plus attention.
Elle s'excusait en plus ? C'est moi qui avais carrément bloqué et elle s'excusait ? Mais de quoi ? D'avoir eu envie de m'embrasser ? De s'être arrêtée ? Combien de temps ça allait durer cette mascarade ?
– Lexa, je t'assure, ça ne se reproduira pas. Je ne... Enfin... J'aurais dû faire attention.
– C'est rien.; ma voix était descendue dans les graves. Je ne savais plus où j'en étais.
– Ça va aller ?; j'acquiesçai.; Je suis vraiment...; je levai la main pour l'arrêter dans son élan.
– Ça arrive de perdre le contrôle. Tu as même plutôt bien réagi. Je ne suis pas certaine que j'aurais réussi à m'arrêter à temps. Tu es bien plus forte qu'il n'y paraît, Clarke.; si elle m'avait embrassée, je n'aurais pas su la repousser. Et je n'en aurais pas eu envie. J'étais en train de me dire que j'avais eu envie qu'elle le fasse.
– Pas d'explication ?
– Nope.
– Tu te fous de moi ?
– Chacune son tour.
– Arrête ou je te jure que cette fois, je vais pas m'arrêter à temps.; je n'attends que ça, si tu savais.
– C'est ça. Heureusement que tes amies ne sont pas là, j'en entends déjà une dire quelque chose comme « que de la gueule, Griffin ».; elle sembla étonnée et je lui fis un clin d'oeil. Je pouvais jouer à ça, moi aussi.; Va me soigner ça et que je te reprenne plus à faire des trucs aussi cons !
– Cons ! Mon cul oui ! Je suis sûre que c'était pas là ta première réaction !; je lui souris. D'accord, c'était incroyable, mais totalement stupide d'inconscience. Je me dirigeai vers la porte.; Lexa ?; je me tournai pour la regarder.; Merci.; je hochai la tête et sortis du vestiaire.
Je me hâtai de retourner à ma voiture. Il fallait que je respire un peu après toute cette tension.
Je pris mon portable pour envoyer un message à Anya :
« Je sais plus où j'en suis. »
« Je sais que tu es avec Raven, je ne veux pas te déranger. Ça peut attendre. Mais je suis totalement paumée. »
« Il me semble que j'ai besoin d'un peu de temps. Mais je crève d'envie de l'embrasser. Je crève d'envie de l'avoir pour moi. Elle a failli m'embrasser avant de s'arrêter et de se rendre compte de son geste. Je ne sais même pas si je dois la remercier pour s'être arrêtée 'à temps' ou pour avoir eu envie de m'embrasser. Je sais plus si je dois en être reconnaissante ou au contraire hurler pour lui dire de poursuivre son geste. Qu'est-ce que je dois faire, bordel ?! »
Je jetai le téléphone sur le siège passager et posai mon front sur le volant pour reprendre mon souffle. J'entendis mon téléphone sonner :
– Oui ?
– Qu'est-ce que je t'ai dit ? Si t'en as envie, qu'est-ce que tu attends ?!
– Elle vient, elle-même de s'arrêter...
– Elle s'est arrêtée pour toi, espèce d'andouille ! Est-ce que t'as perdu tes neurones en chemin ? Tu lui as dit vouloir du temps. Elle s'est arrêtée parce qu'elle pense que tu n'es pas prête. Elle s'efface pour ton bien. Comme tu as voulu, toi aussi, cesser les contacts pour le sien. Tu deviendrais pas un peu débile, Woods ? Ou la sénilité est très en avance ?
– Tu penses que...
– OUI !; j'entendis un drôle de bruit, puis c'est la voix de Raven qui prit la place d'Anya.; Si elle a fait le premier pas, crois-moi, elle a dû faire un sacré effort pour s'arrêter ! C'est pas le genre de Boucle d'Or ! Si elle a fait ça, c'est parce qu'elle tient à toi plus qu'à n'importe qui ! Crois-moi, je l'ai vue avec quelques personnes, elle n'a jamais été autant... J'ai même pas les mots pour décrire ça. Elle t'aime, bordel ! Si tu lui fais du mal, Woods, je te pète les genoux ! Crois-moi, ça fait mal !; j'entendis Anya éclater de rire puis reprendre la parole.; Voilà, maintenant, tu sais que Clarke n'attend que ton feu vert. T'attends quoi ? Si tu voulais un signe, le voilà, alors fonce et fais pas chier.
Elle raccrocha tout simplement. Je savais que Clarke était amoureuse. Elle l'avait avouée. Elle s'effaçait pour moi, alors ? Je secouai la tête et démarrai. J'allais réfléchir à ça, chez moi. Réfléchir à comment dégoupiller cette situation tendue.