La voiture s'arreta sur le côté. J'ouvris la porte et sortis en trombe, pour une fois de plus fuir. Alex, lui, tardait à sortir. Il semblait discuter avec Aïden, et parfois me lançait des regards inquiets, ou dirais-je plutôt compatissants. J'étais seule sur le trottoir, les gens passaient autour de moi comme un récital. La fatigue commençait à m'assaillir et les gens en mouvements ne représentaient plus que de longues traînées floues. J'étais bien ici, et mon seul réflexe fut de lever les yeux vers le ciel. Je n'aurais jamais penser que l'on pouvait admettre autant d'importance pour cette chose qui nous surplombait tous, et pourtant aujourd'hui, elle représentait ma mère. Cliché, surement. Etrangement, je pris conscience que, depuis tout ce temps elle pouvait me voir, veiller sur moi comme elle avait toujours fait. C'était la première fois que je l'évoquais de cette manière, et bizarrement j'eus comme dirait-on, honte. Honte qu'elle ai pu me voir dans cet état, honte qu'elle ne me voit que pleurer et repousser tout le monde, honte de lui montrer que j'étais aussi faible qu'elle ne l'était désormais. Et dans ma tête tout se chamboula, il n'était plus question de me rabaisser au niveau de victime mais d'assumer et de repartir de l'avant, plus question de pleurer ou hurler, je n'avais pas le droit, pas devant ses yeux, me dis-je en regardant une dernière fois le ciel.
Je regarda ma montre, il était 10h55, je n'avais plus de temps à perdre, l'assistante sociale m'attendait. Je me dirigea en direction du bâtiment à grandes enjambées, pour une fois je n'avais plus peur, j'était juste déterminée.
- Bah alors, on ne m'attends plus maintenant, cria une voix derrière moi
Je me retourna et vis Alex, qui ne courait qu'à moitié pour me rattraper. Je jeta un coup d'œil sur la route où était garé, en double file, la voiture d'Aïden tout à l'heure. Il n'était plus là, une partie de moi était déçue qu'il ne nous attendent pas, mais une autre me disait : A quoi tu t'attendais ? Pourquoi voudrait-il montrer de l'importance à une fille qui ne sait que le repousser, passe à autre chose comme tu sais le faire. J'étais d'humeur à plutôt suivre la deuxième partie qu'il se trouvait au fond de moi, et il me fallait oublier ce sentiment nouveau en moi avant qu'il ne me détruise encore plus.
Nous étions désormais dans une petite salle avec Alex. Une pièce qui semblait s'apparenter à une salle d'attente, sans le côté rassurant et la douce odeur que l'on pouvait retrouver d'habitude. La porte s'ouvrit sur une dame d'une quarantaine d'année, tailleur, chignon, disons qu'elle faisait plus juge qu'assistante sociale. Mais après tout comment pouvais-je juger, je n'avais pas eu besoin d'en voir jusque là. Alex sentit la peur qui me serra le cœur, car à ce moment precis, une main se posa dans mon dos, et m'encourageait à avancer.
- Entrez Ana, dit-elle d'une voix douce qui rassura
Elle remarqua alors Alex, et sembla tout d'abord surprise mais ses traits s'adoussirent vite. Elle me tenda sa main que je m'empressa de serrer le plus vite possible et le moins longtemps aussi, comme pour libérer mon stress.
- Asseyiez vous ici, dit-elle en pointant deux chaises rudimentaires.
D'ailleurs, tout était rudimentaire ici. Le bureau qui se dressait face à nous était en réalité une unique planche de bois que l'on posé sur deux sortes de poteaux. La fenêtre n'émettait que peu de lumière, et tout semblait comme mort dans cette petite pièce.
- Ana, Ana, laissez moi retrouver votre dossier.
Elle cherchait un dossier, du moins je suppose, dans une armoire qui semblait manquée de s'effondrer, qui comme je le pensais ne s'apparentait pas vraiment à un "dossier" mais plutôt à une vulgaire feuille de renseignement.
- Alors Ana...Disait-elle en même temps qu'elle lisait cette vulgaire feuille qui à mon avis devait censé représenter ma vie et cela était bien triste. Ah ouii, Anaa je me souviens de vous maintenant, vous êtes celle qui malgré moi, m'avait forcé d'annuler un précieux rendez-vous.
- Je peux toujours par... Dis je en sentait mes nerfs montés en pression, lorsqu'Alex me pinça la cuisse comme pour me signifier de me taire ce que je fis.
- Non, non restez, vous m'intéressé. Une fille avec autant de cran que vous ne peut que me faire plaisir et sortir de mon monotone et morne quotidien.
- Bien, pourquoi vouliez vous me voir ?
- Je voudrais tout d'abord, que vous me parliez vous, disait-elle avec un sourire qui malgré tout mes efforts me dégoutait
- Il y a pas des psy pou...
Regard noir d'Alex, j'avais compris.
- Eh bien, je m'appelle Anastasia, mais en réalité tout le monde m'appelle Ana, j'ai 17 ans et ....
- Merci, mais je sais déjà tout ça, je voulais dire qui étiez vous depuis cette fameuse nuit de l'accident ? Et comment l'avez-vous vécu ?
- Je, je...
Sa question me perturbait. Mes yeux, qui depuis cette fameuse question fixaient le sol, se levèrent en direction d'Alex. Il m'encourageait à parler, je pouvais le lire dans ses yeux, seulement il ne m'y forçait pas non plus et cela me rassurait. Je ne supporte pas que l'on me force, et Alex l'avait compris désormais. Finalement, il n'était plus le petit con que je pensais.
- Je l'ai mal vécu je pense que vous vous en doutez, je ne sais pas ce que peux vous dire de plus, jusque que je me sens mal aujourd'hui, mais que j'apprends à vivre avec, dis je
- Bien, vous avez raison je ne suis pas psy' passons à autre chose.
Elle avait du comprendre que je ne pourrais me confier à elle, d'ailleurs je ne me confiait à personne, je n'en avais pas besoin, plus maintenant.
- Comment votre père vit cela ? J'ai cru comprendre qu'on l'avait retrouvé ivre mort dans la rue avec votre petit frère..
- Vous êtes conne ou quoi ? Comment penser vous qu'il le vit, il a perdu sa fem... dis-je en haussant le ton
- Excusez là madame, elle voulait juste dire qu'il le vivait mal comme tout le monde et que l'alcool l'a aidé ce soir là, mais pour tout ce que je sais de lui, ça ne lui arrive que très peu de déraper comme ça, croyez moi.
- Je comprends tout à fait, disait-elle
Non elle ne pouvait pas savoir, pas comprendre. Je devais prendre sur moi pour oser rester assise sur cette foutue chaise.
- Et sinon à la maison ça se passe comment ? Les factures, les courses, vous arrivez à suivre ? Quelqu'un m'as dit que votre père n'était pas souvent là, avez-vous besoin d'aide ?
- Ça se passe très bien, merci. Dis-je sur un ton sec
Je sentais le regard noir d'Alex sur moi, je m'en voulais de tout foutre en l'air comme ça, mais c'était plus fort que moi. Durant toute ma petite vie, je n'avais jamais eu à me justifier, ou même à avoir desoin d'aide, et qu'aujourd'hui je devienne dépendante de tout me frustrait, et me rendait plus irritable que jamais.
- Je suis le voisin d'Ana, et je peux vous dire que tout à l'air d'aller pour le mieux, le frigo est toujours plein, et tout marche droit dans cette maison je peux vous le garantir, disait Alex. De plus, je sais qu'Ana à trouver un travail pour soutenir son père.
Je ne sais pas si c'était une bonne idée de faire mention de ce détail, mais l'assistante fut comblée, et nota cette information sur sa feuille, ou alors peut-être notait-elle que j'étais une gamine infréquetable, avec une éducation qui semblai inexistante. J'avais honte de faire déshonneur à tout ce que ma mère m'avait enseigner. Désolée maman, je vais me racheter, promis.
- Oui, excusez moi, les cours m'ont un peu épuisés. Je travaille et mon père est toujours bien présent à la maison, je ne sais pas qui vous a transmis ces informations mais elles ne sont pas de sources sûres, désolée. Dis-je en essayant de me contenir au mieux.
- Très bien, très bien, je pense que pour un premier rendez-vous ça suffira. La prochaine je viendrais chez vous, juste pour verifier que tout vas bien, et je serais plus qu'enchantée de rencontrer votre père et votre frère, Noam, c'est ça ? Me demanda-t-elle tout en connaissant la réponse.
- Je, ... Euh oui pas de problème, dis-je en essayant de bégayer le moins possible.
Alex se leva le premier, comme si cette courte entrevue avec l'assistante l'avait lui aussi épuisé. Une fois les politesses faites, je m'empressa de sortir de ce bâtiment.
- Merci Alex, je veux dire pour tout le soutien que tu m'apportes, dis je au milieu du trottoir et à demi-mots
Il paraissait surpris, mais heureux aussi.
- Je rêve ou mademoiselle Ana me remercie et avoue avoir besoin de soutien.
Il arrêta des passants pour leurs demander de le pincer. Son petit cirque me fit rire.
- Haha, Alex très drôle. Non sérieux, je voulais te dire merci. Mais, pourquoi t'es comme ça, je veux dire aussi gentil, alors que depuis le début je suis insuportable ?
- Je crois que c'est parce que je veux baiser avec toi, dit-il en m'aguichant du regard.
- Aleeex, criais-je
- Non c'est bon je déconne, c'est parce que...
Soudain il se tue, et son regard rejoigna ses pieds, même de là ou j'étais je pouvais voir les micro-tremblements de son corps. Les même que j'ai lorsque l'on évoque ma mère.
- Parce que, tu sais en réalité je t'ai mentis Ana. Mon père me manque, et je n'ai jamais fait mon deuil, peut-être parce que je n'ai accepter cette mort, ou peut-être parce que volontairement j'ai voulu l'a minimiser. Tout ça pour dire, qu'aujourd'hui je culpabilise de pleurer la mort d'un meurtrier.
- Je savais pas désolé Alex, dis-je choquée
Puis il releva doucement la tête.
- Alors, pour répondre à ta question, je ne veux pas que tu fasse comme moi et que reste bloquée sur la mort de ta mère. Et puis ça fait plaisir à la mienne que je m'occupe de toi, je crois qu'elle est fiere de moi, et pour toutes les crasses que je lui ai faites je lui dois bien ça. Et c'est pas déplaisant d'être avec toi, tu me fais rire, même si t'es super chiante. Mais bon ça se comprends, alors je veux juste que t'es un ami, parce que pour survivre, crois moi c'est le plus important... Disait-il
J'étais touchée, pour une fois je ne voulais pas repousser son aide, sachant que malgré moi, je l'aidais aussi. C'était comme si aujourd'hui, l'on était devenu ami, et je sais que ma mère aurait été fière de le savoir. Fière de savoir que j'avais pu, pour une fois m'entendre ave le fils de sa meilleure amie, et même si je regrettais de l'avoir fait une fois sa mort venue, j'étais tout de même heureuse.
- Alex, je peux te demander une chose ?
- Ouais, tant que c'est pas un truc du style " Abandonne moi, j'ai pas besoin d'aide, pas besoin de toi"
- Merde, comment t'as deviner, c'est nul... Non, plus sérieusement, est ce que tu peux venir avec moi faire des courses ? Et puis faut que j'aille payer les factures, sauf que je sais pas ou aller...
- T'inquiète je vais t'aider, même si je sais pas trop non plus... dit-il en riant
L'on avait alors quitté le trottoir, pour nous rendre tout d'abord à la banque où j'y déposa mon chèque de la veille. Après ça, j'avais pu négocier un sursi avec l'agence qui s'occupait de tout ce qui était électricité, eau, etc... Leur exposant la situation critique qui me touchait, et même si il m'a fallu beaucoup de courage pour oser demander de l'aide et parler de mon quotidien à d'autres gens qu'Alex, j'étais soulagée et fière de l'avoir fait. Ce soir, quand mon frère rentrera, tout sera rentré dans l'ordre, et le frigo sera de nouveau remplir enfin une fois que l'on aura trouvé le magasin, parce que pour l'instant ce n'étais pas gagné.
- Je te dis que c'est par là, dis-je à Alex à moitié désespérée
- Non c'est par là, je sais on vas toujours là-bas avec les gars... dit-il en pointant le doigt vers le fond de la rue entre deux étranges bâtiments
- Tu veux dire, avec les gars avec lequels tu te défonce la gueule ? Demandais-je
Il sembla hésité, puis.
- Ok, c'est par là, dit-il en pointant le doigt dans la même direction que le mien désormais
Je ris, ce qui sembla légèrement l'exaspéré. En réalité, j'avais raison, et le supermarché se trouvait dans la direction que j'avais indiqué, je l'avais donc nargué le long de chaque rayon que l'on traversait. Finalement, je l'avais plus qu'exaspéré, je l'avais aussi épuisé. Nous étions désormais à la caisse, quand un papier tomba de ma poche sans que je ne m'en rende compte. J'avais payé avec les sous que j'avais pu déplacer sur ma carte, quand on m'interpella.
- Attendez, madame, vous avez laissé tomber ç... Attends, mais je te connais toi ?!
Je me retourna, même si j'avais reconnu sa voix. Le drogué. Ce nom était légèrement, voir carrément péjoratif, et je détestais réduire les gens à une simple impression, mais c'est malheuresement la seule manière que j'avais de le nommé. Il me tendait le feuillet que m'avais tendu précédemment le directeur, quand il se prit à le lire. J'eu alors le temps de l'observer, cette fois ci, il me parassait sobre.
- Tu y vas toi aussi ?
- Je, hein de quoi ? Dis-je confuse
- Bah à la réunion du psy' là, je suppose que si tu l'as garder avec toi c'est que tu comptais y aller, non ?
- Je...non je n'y comptais pas, puis j'en ai pas besoin et il y a mon frèr..
- Non, elle plaisante, elle comptait y aller mais n'avais justement personne pour y aller. Dit Alex que j'avais oublié derrière moi, et puis je m'occupe de ton frère t'inquète pas.
- Mais les courses, faut que je t'aide, je peux pa...
- Arrête de te poser des questions, ma mère m'attends dehors elle sera ravie que je m'occupe un peu de toi, et je sais qu'elle serait d'accord avec moi, aller vas-y
Il me fit son fameux regard, un regard que j'apparentais désromais à un regard paternel.
- Ok, ok j'y vais.
Je me retourna vers le "drogué", désolé pensais-je.
- Alors on y vas ?
- Quand tu veux ma belle ! Dit-il en me prenant par l'épaule
J'appréhendais cette sorte de réunion, mais après tout un jour il faudrait bien que j'affronte mes peurs, comme parler au monde de ce qu'il s'est réelement passé cette nuit là.
- Au fait tu t'appele comment ? demandais-je
- Antoine et toi ?
- Ana, enchantée, dis-je en riant.
// Nouveau chapitre, j'espère qu'il sera à la hauteur de vos espérances. N'hésitez pas à me donner vos avis ❤️
Et qui sait peut être que la vérité éclatera au prochain chapitre, sadique jusqu'au bout 😂\\