LA LOUTRE ET LE RENARD [termi...

Autorstwa HeilenBlack

202K 11.5K 3.6K

[FREMIONE - terminée] Quand tout semble perdu, et que la noirceur s'abat dans son cœur, il arrive. Pour illum... Więcej

[PROLOGUE - PARTIE 1] Les lignes de l'avenir.
I - Les ailes du phénix.
II - L'elfe et le héro.
III - La déchéance de la magie.
IV - L'envol de la colombe.
V - L'armée de Dumbledore.
VI - Les confrontations de la reine.
VII - Les mots du prince.
VIII - Le silence des larmes.
IX - Le dernier salut.
X - Le venin de la guêpe.
XI - L'ultime au revoir.
XII - La Salle sur Demande.
XIII - L'Alliance.
XIV - Le frère du géant.
XV - Histoires d'une vie.
XVI - Rêves sans douceurs.
XVII - L'amertume de Noël.
XVIII - Les craintes de la loutre.
XIX - La force des mots.
XX - Les évadés.
XIX - Une Saint-Valentin à Poudlard.
XXII - Weasley & Weasley.
[CHAPITRE 23] Changements imprévus.
[CHAPITRE 24] Sérum de vérité.
[CHAPITRE 25] La reine fourbe.
[CHAPITRE 26] Révolte multicolore.
[CHAPITRE 27] Souvenirs de Rogue.
[CHAPITRE 28] Et après ?
[CHAPITRE 29] Ensemble.
[CHAPITRE 30] Molly Weasley, le tyran.
[CHAPITRE 31] BUSE.
[CHAPITRE 32] Département des Mystères.
[CHAPITRE 33] Juste un au revoir...
[PROLOGUE - PARTIE 2] Tout le monde.
[CHAPITRE 1] Soirée d'été.
[CHAPITRE 2] Slughorn et Amortentia.
[CHAPITRE 3] Rencontre nocturne.
[CHAPITRE 4] Mépris et secrets.
[CHAPITRE 5] Club de Slug.
[CHAPITRE 6] Visite surprise.
[CHAPITRE 7] Découvertes.
[CHAPITRE 9] Le collier ensorcelé.
[CHAPITRE 10] Les orphelins.
[CHAPITRE 11] La méthode Slughorn.
[CHAPITRE 12] Philtre d'amour.
[CHAPITRE 13] Noël glacial.
[CHAPITRE 14] Se souvenir.
[CHAPITRE 15] Le sauvetage du Serpent.
[CHAPITRE 16] Le frère mal-aimé.
[CHAPITRE 17] Silence douloureux.
[CHAPITRE 18] Le souvenir.
[CHAPITRE 19] Demande surprise.
[CHAPITRE 20] Mauvais match.
[CHAPITRE 21] Dernière leçon.
[CHAPITRE 22] La chute éternelle...
[CHAPITRE 23] Apprendre à aimer.
[PROLOGUE - PARTIE 3] La guerre.
[CHAPITRE 1] Le mariage.
[CHAPITRE 2] Loin de toi, loin de moi...
[CHAPITRE 3] Les indésirables.
[CHAPITRE 4] Désartibulé.
[CHAPITRE 5] Nuits à la belle étoile.
[CHAPITRE 6] Déchirure.
[CHAPITRE 7] Godric's Hollow.
[CHAPITRE 8] Les doutes.
[CHAPITRE 9] L'épée et le Horcruxe.
[CHAPITRE 10] Potterveille.
[CHAPITRE 11] Prunes dirigeables.
[CHAPITRE 12] Si près et si loin...
[CHAPITRE 13] Désespoir...
[CHAPITRE 14] L'elfe libre.
[CHAPITRE 15] Le dragon mal aimé...
[CHAPITRE 16] Le retour.
[CHAPITRE 17] L'ultime combat.
[CHAPITRE 18] La MORT...
[EPILOGUE FINAL] La Loutre et le Renard, puissions-nous nous retrouver...
REMERCIEMENTS.
[BONUS] Dix ans.
[BONUS n°2] Hermione Cassiopée Weasley.
[BONUS n°3] Mon cher amour...
[BONUS n°4] Mon âme-sœur.
[BONUS n°5] Toi et moi.
et si...
[Bonus n°6] Tout est brisé...

[CHAPITRE 8] L'anniversaire.

1.7K 113 37
Autorstwa HeilenBlack


à écouter sur la musique : Chopin - Spring Waltz.


« Lorsque la mer représentait ma tristesse,

tu m'as appris à nager »

La tristesse est un sentiment perfide, sournois. Manipulateur à souhait. Elle vous prend aux tripes, d'abord doucement, si finement que vous ne comprenez rien à ce qu'il se passe, puis de plus en plus violemment. Sa puissance se décuple. Elle monte, elle monte, elle monte. Jusqu'à atteindre un point de non-retour. Et une fois que vous en êtes arrivés-là, alors c'est trop tard.

Vous êtes déjà perdus.

Du moins, c'est ce que je croyais. C'est ce que j'ai cru durant de nombreux mois après avoir perdu mes parents, en ce triste Halloween. C'est ce que j'ai cru alors que les pleurs, la douleur et la tristesse dans mon cœur étaient devenus mes plus fidèles alliés. Ils étaient devenus mon quotidien. Le pire quotidien que l'on puisse espérer à cet âge. Je m'étais tant habitué à eux, que, lorsque le moment est venu de leur dire au revoir, cela n'a pas été facile. Ils avaient été mon soutien tout ce temps, et les perdre comme ça, me paraissait terrible. Comme si j'allais sombré. Plus profondément. Dans cette aura de noirceur qui m'entourait à longueur de journée. J'étais entrain de sombrer... inexorablement.

Et puis, soudainement, aussi lumineux que le soleil, tu as fais irruption dans ma vie, comme une comète dans un ciel étoilé. Ta chaleur, ton rire et tes sourires chaleureux ont balayés ces nuages noirs dans mon cœur. Petit à petit, tu as fais ton chemin dans mon âme. Petit à petit, tu es parvenu à éveiller l'espoir qui s'était endormi en moi. Petit à petit, tu m'as ouvert au monde. Petit à petit, tu as tracé une ligne dans ma tête, dans mon cœur, dans mon corps. Petit à petit, tu es devenu vital. Petit à petit, tu as compté. Petit à petit, tu es devenu le garçon qui faisait battre mon cœur. Petit à petit, tu m'as aimé.

Petit à petit, d'une façon incontrôlable, je t'ai aimé.

Ta joie de vivre a fait disparaître les ténèbres et je suis remonté à la surface. L'océan dans lequel j'étais entrain de me noyer est devenu un fleuve, une rivière puis un ruisseau. Avec le temps, il s'est desséché, et l'amour a tout remplacé. Mes sourires sont revenus. La flamme qui animait ma vie s'est rallumée. Tes bras ont formés un rempart autour d'elle, autour de moi et tu as réussi à me préserver de tout.

D'une comète, tu es passé à une étoile. La plus brillante de mon univers. D'une étoile tu es devenu une constellation. Et à partir de ce jour, j'ai su que je ne pourrais plus jamais me passer de ta présence à mes côtés. Que je ne pourrais plus jamais me passer de ton sourire, de ton odeur, de ta voix. De tout ce qui faisait que tu es le garçon exceptionnel que tu es.

Je suis tombée amoureuse comme on s'endort : doucement, puis tout d'un coup. 

On pourrait croire que cette histoire est digne d'un conte de fées. Tout y semble parfait que songer que la fin ne puisse pas l'être est impensable. Impossible. La princesse et son prince vivent forcément heureux lorsque les derniers mots sont inscrits. Oui, c'est comme ça que nous connaissons tous les contes.

Et pourtant, il y a toujours cette ombre noire au tableau. Cet instant d'égarement qui remet tout en question. La joie, le bonheur, l'amour. Ces questions existentielles qui sèment le doute. Qui laisse une porte d'entrée aux ténèbres, qui, tapies dans l'ombre, attendent patiemment le moment opportun pour revenir. Pour s'enrouler autour de nous comme un serpent autour de sa proie. Et on en revient à cette sournoise tristesse, et tout recommence.

Le cercle vicieux se réenclenche.

Et cette impression ne me quitte pas depuis que je suis revenue à Poudlard. Il m'a fallut du temps pour comprendre, mettre un terme sur mes sautes d'humeur, mon envie de pleurer sans cesse, même lors des moments joyeux. Il m'a fallut du temps pour me faire à l'idée, accepter la situation et la voir d'une façon moins sombre.

Je pensais sincèrement être heureuse de revenir à l'école, même si tu n'étais plus à mes côtés. Je pensais sincèrement que la distance ne serait pas un obstacle, puisque tu avais trouvé le moyen pour que nous puissions continuer de nous parler. Je pensais sincèrement que ne pas sentir tes bras autour de moi ne serait pas un problème. Que je pourrais gérer le manque. Je pensais sincèrement être assez forte pour tenir, garder la tête haute et profiter de cette année autant que les autres.

Oui je le pensais sincèrement.

Mais je me suis fourvoyée. Terriblement. Et lorsque le trente-et-un octobre s'est dessiné sur mon calendrier, j'ai perdu pieds.

Je le pensais, Fred. Oui, je le pensais.

Les yeux perdus dans le vague, Hermione essayait tant bien que mal de retenir ses larmes, alors que son corps était parcourut de tremblements. La tête lui tournait et sa vue brouillait par les larmes l'empêcha de voir ses camarades de dortoir quittaient discrètement la pièce, un léger sourire triste aux lèvres. Elle ne perçut pas le silence prendre ses aises dans la chambre. Elle ne vit pas les rayons du soleil pénétraient et éclairaient ces parures de lit rouge et jaune.

Elle ne vit rien de tout ça. Seule la date du jour parvenait à se faire une place dans son esprit. Une place malsaine. Une place qui serrait douloureusement son cœur. Une place qui rendait sa respiration irrégulière. Une place qui insinuait la tristesse dans chaque parcelle de son corps.

Ce ne fut qu'en sentant une main se poser sur son épaule qu'elle sembla émerger et son regard, un peu flou, se posa sur le visage de sa meilleure amie. Et il ne lui en fallut pas plus pour éclater en sanglots, se serrant contre Ginny, qui lui caressait les cheveux en murmurant à son oreille des paroles réconfortantes qu'elle ne comprenait pas.

De longues minutes durant, Hermione laissa ses larmes couler le long de ses joues, pour venir s'échouer sur la cape de son amie. Elle laissa les souvenirs revenir, un peu douloureux mais pourtant si rassurants. Elle laissa la tristesse la guidait, comme si elle laissait une vieille amie prendre la place du conducteur. Elle accepta sa main tendue, la laissa se faufiler à travers les mois qui avaient passés depuis la mort des Granger. Elle ne fit pas mine de vouloir s'en soustraire et la suivit à travers cet épais brouillard peu à peu entrain de recouvrir sa vie. De cacher la joie et tout autre sentiment positif.

Elle ne sut précisément combien de temps s'écoula, pourtant, lorsque ses larmes finirent par se tarir, elle eut l'étrange sensation qu'une éternité venait de s'écouler. Qu'elle avait pris mille ans d'un seul coup. C'était si éreintant qu'elle sentit la fatigue prendre possession de son corps et avec un soupir, elle s'allongea sur son lit, sous le regard profondément inquiet de Ginny, assise à ses côtés.

—Comment tu te sens ? souffla doucement la rousse.

Le silence plana quelques secondes avant qu'Hermione ne trouve la force de répondre et sa voix rauque résonna douloureusement dans la chambre, accentuant l'angoisse de son amie.

—Je... je ne sais pas.

Et c'était vrai. Cet instant, ce dur moment, elle avait toujours su qu'elle devrait y faire face un jour, cependant, elle ne s'était pas attendue à un tel choc. A une telle violence dans ses sentiments. Cette vague qui l'avait percuté de plein fouet lorsqu'elle avait réalisé le jour qu'il était, lui avait fait perdre pieds. D'une façon si brusque qu'elle n'avait rien pu faire contre.

—Est-ce que tu veux en parler ? proposa son amie. Parler, ça fait du bien parfois.

Bien sûr que ça faisait du bien. Mais comment trouver les mots corrects ? Comment trouver un sens à tout ça ? Comment organiser ses pensées, ses sentiments ? Comment faire de ce méli-mélo un discours ? Pendant quelques secondes, elle hésita à s'y résoudre, ne sachant pas pour où commencer, mais le sourire encourageant de sa meilleure amie eut raison d'elle.

Alors elle parla. De ses craintes. De ses angoisses. De ces sentiments qui étaient son quotidien depuis leur retour à Poudlard. Le manque. L'indécision. La peur de perdre l'autre, comme elle avait perdu les deux personnes les plus importantes à sa vie. De son impression que son monde devenait un terrible bordel. Sans dessus-dessous. Sans suite logique. Qu'elle était entrain de perdre les ficelles pour contrôler sa vie. Que la guerre prenait le dessus sur absolument tout. La joie. Les rires. L'amour.

A bout de souffle, elle se tut et essuya ses yeux du revers de sa manche, un peu inquiète à l'idée de croiser le regard de son amie. Car jamais encore, elle ne s'était autant confiée à elle. Jamais avec cette profondeur d'âme qui toucha Ginny, qui n'hésita pas à glisser sa main dans celle de Hermione, comme pour lui faire comprendre que, quoi qu'il advienne, elle serait toujours là.

—Ça va mieux ? demanda la rousse.

Hermione admit que oui et cette constatation lui fit ouvrir les yeux. Que tout ce qu'elle avait pris pour mauvais dans sa vie ces derniers temps n'étaient que le résultat de cet anniversaire morbide qu'elle redoutait plus que tout. En comprenant ça, elle sentit un poids se retirer de ses épaules, et malgré la tristesse imposait par cette journée, elle releva un regard plus léger. Plus pétillant. Moins torturé.

—Merci, souffla-t-elle avec un petit sourire à l'égard de Ginny.

—C'est à ça que servent les amies, répondit la plus jeune avec un clin d'œil. Est-ce que tu veux aller manger ou tu préfères rester ici ?

—Non... je crois que je vais venir. Rester ici ne me fera que broyer du noir. Et je... je n'ai pas envie.

—Voilà une philosophie de vie que j'aime entendre ! rit joyeusement la rousse en se levant. Allez viens, Hermione Granger, allons montrer à tous ces incompétents ce qu'ait le vrai courage !

Quelques élèves se retournèrent sur leur passage lorsqu'elles firent irruption dans la salle commune, ayant tous eu vent des commérages de Lavande et Parvati, qui n'avaient même pas essayé de préserver l'intimité de leur camarade. Hermione sentit son visage prendre feu face à tous ces regards rivés sur elle. Un instant, elle songea que ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça d'aller dans la Grande Salle. Tous les élèves n'auraient d'yeux que pour elle, et elle n'était pas certaine de pouvoir gérer toute cette pitié qu'elle voyait fleurir dans leurs prunelles. Elle commença à faire demi-tour, jugeant le dortoir finalement le meilleur endroit pour fuir la réalité, mais la main de son amie l'en empêcha et elle fut contrainte de suivre Ginny dans toute l'école, qui ne perdait pas une occasion de fusiller les autres élèves du regard si les leurs se faisaient un peu trop insistants sur Hermione, qui marchait la tête baissée, refoulant les larmes qu'elle sentait prêtes à déborder.

Il n'y eut pas le moindre silence dans la Grande Salle lorsqu'elles s'arrêtèrent à son seuil, le temps de repérer Ron et Harry à la table des lions. Il n'y eut pas de vagues de murmures lorsqu'elles reprirent leur chemin. Non, il n'y eut que l'agitation habituelle. Les rires. Les discussions animées. Les échanges hostiles entre les maisons ennemies. Le bruit des couverts s'élevant de partout.

Il n'y eut que ça, et Hermione en fut énormément soulagée.

Un silence se fit brusquement entre ses deux amis lorsqu'elle s'installa sur le banc face à Harry et elle fit mine de ne pas voir le regard qu'ils échangèrent. A la place, elle attrapa quelques morceaux de pain qu'elle avala sans grande faim, mais elle se doutait fortement que Ginny ne la laisserait pas aller en cours sans avoir manger quoi que ce soit.

—Alors... hum... vous avez fait le devoir de Sortilèges ?

La voix hésitante de Harry rompit le silence, et Hermione releva vers lui un regard soulagé face auquel il répondit par un sourire bienveillant. Ce sourire qu'elle avait toujours vu chez lui et qui inspirait immédiatement confiance. Un sourire qu'elle aimait. Un sourire qu'elle rêvait sans cesse de voir chez lui dans les moments les plus difficiles de leur vie. Un sourire qui redonnait du baume au cœur. Ron leur jeta un regard surpris, avant de comprendre les intentions de son meilleur ami, et à son tour, il offrit un sourire un peu maladroit à la brune.

—Oui, répondit Hermione d'une voix chevrotante que chacun fit mine de ne pas entendre.

—Euh... quel devoir ? rougit Ron.

Ses amis rirent en l'entendant prononcer ces mots, et un nouveau poids se retira du cœur de Hermione.

[...]

—Monsieur Weasley, la prochaine fois, évitez de vous endormir durant mon cours, fit ironiquement remarquer le professeur Flitwick alors que les élèves commençaient à quitter la salle. Comme ça vous saurez si je donne des devoirs ou non.

Les joues rouges, Ron quitta la classe sous le rire de certains de leurs camarades. Lavande, qui se trouvait près de lui, glissa quelques mots à son oreille qui arrachèrent une grimace au garçon et ainsi enlacés, ils rejoignirent la salle du professeur McGonagall, pour les deux heures de métamorphose avant le repas. Harry et Hermione marchaient un peu plus loin derrière eux, riant de ce couple si étrange.

—Ron a l'air au bout du rouleau... ricana le brun en bifurquant dans un nouveau couloir, à peine éclairait par les rayons du soleil qui avaient du mal à percer la barrière des épais nuages noirs dans le ciel.

—Tu m'étonnes ! Tout le temps coller à la bouche de Lavande, ça doit être fatiguant, rit Hermione.

—Je ne sais même pas s'ils prennent un peu de temps pour parler...

—Et pourtant Lavande adore parler !

Ils échangèrent un regard amusé avant de s'arrêter près du groupe de Serdaigle attendant devant la porte encore close de la classe de métamorphose. Hermione grimaça lorsque Ron et sa petite-amie leur firent une nouvelle présentation d'échange de salive, et sous les rires de son meilleur ami, elle détourna le regard.

—C'est répugnant, grommela-t-elle.

—Tu ne dirais pas la même chose si c'était toi et Fred... fit innocemment Harry.

En rougissant furieusement, Hermione fusilla le garçon du regard et pénétra à pas lourds dans la classe qui s'ouvrit, et ne remarqua pas le regard un peu brillant que sa directrice de maison posa sur elle un court instant. Mais cela fut si fugace que personne n'eut le temps de le remarquer, et d'une voix sèche, le professeur McGonagall leur ordonna de lui faire parvenir les devoirs qu'elle leur avait demandé au cours précédent.

Ils passèrent les deux heures suivantes à écouter le discours de la vieille femme qui allait bientôt leur apprendre l'art subtil des sortilèges informulés, en coordination avec le professeur de Sortilèges, et Hermione passa tout le cours à noirceur ses parchemins, trouvant enfin une occasion d'occuper son esprit et penser à autre chose qu'à la douleur qui entourait son cœur depuis le matin-même. Elle ne perçut même pas les regards de ses amis, qui se demandaient sans cesse comment elle faisait pour garder contenance en cette si éprouvante journée. Harry, qui était déjà passé par-là, savait que c'était sa façon à elle de garder la tête haute et ne pas se laisser ensevelir par ses sentiments. Et il était encore plus fier d'elle.

La sonnerie fut accueillit avec soulagement, surtout par Ron dont l'estomac ne cessait de crier famine depuis le milieu de la matinée, malgré la quantité pharaonique de petits pains qu'il avait ingurgité. Ce fut sans attendre qu'il attrapa ses amis par le bras et qu'il les entraîna en direction de la Grande Salle, passant près de Lavande qui réprima un sanglot face au manque d'attention du rouquin, et en un temps record ils prirent place à la table des lions qui commençait peu à peu à se remplir.

—Ron ! protesta vivement Hermione en se massant le poignet. Tu pourrais pas être moins brusque des fois ?

—On y serait encore si vous ne vous étiez pas dépêchés ! expliqua-t-il la bouche pleine. J'ai faim, moi !

—Tu es un véritable estomac sur pattes ! maugréa-t-elle en levant les yeux au ciel.

Le rouquin haussa des épaules, un sourire satisfait aux lèvres, ce qui ne fit qu'augmenter l'exaspération de son amie. Elle prit tout de même la décision de ne pas répondre, car inévitablement, avec leurs caractères respectifs, cette discussion finirait en dispute, et aujourd'hui, elle n'était pas prête à cela.

Ils étaient entrain de finir de manger lorsque Hedwige traversa le ciel magique de la Grande Salle pour venir se poser gracieusement devant son maître, arrachant un froncement de sourcils aux trois adolescents. Harry récupéra le parchemin enroulé à sa patte et lui tendit un morceau de pain que la chouette engloutit avant de reprendre son envol, dans un battement d'ailes qui ébouriffa les cheveux de Hermione.

—Qu'est-ce que c'est ? s'empressa-t-elle de demander.

—Une lettre de Dumbledore, répondit Harry, les yeux rivés sur l'écriture gracieuse du directeur. Il veut me voir ce soir, dans son bureau... pour un cours particulier.

Hermione fronça les sourcils, se demandant ce que le directeur pouvait bien vouloir au garçon avant de se souvenir de ce que Harry leur avait raconté à propos des souhaits du directeur à l'égard de Horace Slughorn, qui était revenu à l'école en tant que professeur de potions dans un unique but.

—Il aime les Suçacides ? s'étonna Ron qui avait lu le message par-dessus l'épaule de son ami et paraissait soudent perplexe.

—C'est le mot de passe pour la gargouille, à l'entrée de son bureau, répondit Harry à voix basse.

Ils passèrent le reste de la pause à spéculer sur ce que Dumbledore pourrait bien lui enseigner. Ron penchait pour des maléfices et des mauvais sorts spectaculaires d'un genre que les Mangemort eux-mêmes ignoraient. Hermione objecta que de telles pratiques étaient illégales et croyait plutôt que le directeur voulait apprendre à Harry des sortilèges défensifs de haut niveau.

—Nous verrons bien ce soir, trancha-t-elle avant de s'en aller pour son cours d'Arithmancie.

Le professeur Vector lui sourit lorsqu'elle s'installa à sa place habituelle et avec passion, Hermione l'écouta traduire de nombreux écrits anciens, retraçant l'histoire des sorciers durant les guerres moldus, obligeant ainsi leur communauté à se fondre dans la masse et apprendre à cacher leur magie, vu la plupart du temps comme un signe du diable dans la religion des moldus. Traduire de vieux manuscrits était une discipline compliquée et longue à réaliser, ce qui expliquait que peu d'élèves s'était penchée vers cette matière, en troisième année, lorsqu'on leur avait demandé de choisir des options supplémentaires. Mais Hermione, toujours avide de savoir, s'était fait la réflexion qu'apprendre par les nombres était tout aussi intéressant. Elle avait bien essayer de convaincre ses amis de venir à ce cours avec elle, mais l'idée de pouvoir musarder tranquillement les avait bien plus attirés.

Les deux dernières heures de la journée furent consacrées à la Défense contre les Forces du Mal, et Harry ne manqua pas d'écoper d'une nouvelle retenue. Et à en juger par la froideur dans les yeux de Rogue, le garçon avait de la chance de s'en sortir si facilement. Hermione se doutait que tous les deux avaient en tête leurs rencontres, lorsque l'ancien maître des potions tentait de lui inculquer l'art subtil de l'Occlumancie, ce qui c'était solder par un échec monumental et une fin bien triste pour l'un de leurs amis. La mort de Sirius était encore bien ancrée dans leurs esprits, mais la guerre qui se préparait silencieusement au dehors permettait à Harry de ne pas trop s'appesantir sur l'absence de son parrain, le dernier véritable lien avec sa vie d'enfant heureux auprès d'un père et d'une mère aimante.

Au fil de la journée, elle sentit ses craintes se faire toutes petites. Elle sentit sa tristesse diminuait d'heures en heures, sans doute grâce à la bonne humeur régnant au sein du château. Elle sentit chaque pore de sa peau se détendre. Elle sentit tout son être se mettre à respirer de façon plus apaisée. Elle sentit les souvenirs reprendre leur place, ne venant plus l'interpeller à chaque moment dur. Elle sentit l'amertume, la colère et l'appréhension disparaître.

Pour laisser la place au soulagement. Au soulagement d'avoir fait face à cette date fatidique sans craquer. Sans retomber dans cette aura de noirceur.

[...]

—J'y vais, annonça Harry en refermant son exemplaire du Manuel avancé de préparation des potions qu'il rangea dans sa besace. Sinon, Dumbledore risque de m'attendre.

Hermione approuva d'un signe distrait de la tête, les yeux toujours rivés sur les mots qu'elle lisait depuis de longues minutes maintenant, et qui devaient l'aider à remplir son devoir de Runes Anciennes. Malgré la cacophonie ambiante qui régnait dans la salle commune, elle parvenait à traduire certains passages d'un texte que le professeur Babbling leur avait demandé de traduire pour le prochain cours.

—Je vais voir Lavande, soupira Ron en se levant à son tour.

La jeune fille lui jeta un regard amusé et l'observa rejoindre l'adolescente assise plus loin, et dont les yeux se mirent à pétiller lorsqu'elle vit le rouquin approcher. Apparemment, la Préfète fut la seule à avoir remarquer la mine sombre de son ami et sa démarche lourde alors qu'il rejoignait Lavande, entrain de discuter vivement avec Parvati, sa meilleure amie. Et elle ne sut si c'était bon signe ou non pour la blonde. Avec un haussement d'épaules, elle retourna à son devoir, bien décidée à le finir le soir-même, mais quelques minutes plus tard, son autre camarade de chambre l'interrompit d'un léger toussotement qui lui arracha un soupir agacé.

—Oui ? soupira-t-elle en faisant face à la petite brune au visage cramoisie.

Eloise se dandinait d'un pied sur l'autre, surprise par la dureté des propos de sa camarade et en bafouillant lamentablement, elle lui tendit un petit miroir qu'Hermione n'eut aucun mal à reconnaître.

—Euh... il... il s'est mis à briller... et...

—Merci beaucoup, Eloise, fit Hermione.

L'adolescente n'attendit pas plus pour retourner dans le dortoir des sixième année et pendant quelques secondes, la lionne fixa le miroir qui lui renvoyait pour le moment son propre reflet, oubliant totalement ce qu'elle faisait auparavant. Elle sentit son cœur se mettre à battre plus fort, alors qu'elle imaginait sans peine le visage souriant de Fred remplacé le sien.

Il ne lui fallut que quelques secondes pour ranger ses affaires dans son sac, et après un rapide coup d'œil à sa montre qui lui indiqua qu'il restait encore une bonne heure avant le couvre-feu, elle quitta la pièce, prenant la direction de la volière, qui à une heure aussi tardive, était généralement peu fréquentée.

—Fred Weasley, dit-elle après avoir minutieusement vérifié qu'elle était bien seule ici.

Elle n'eut pas à attendre longtemps avant de voir le visage du garçon qu'elle aimait se dessiner dans le miroir. Son sourire s'accentua considérablement et un sentiment de bien-être l'envahit toute entière lorsqu'elle croisa ses yeux, brillant de cette lueur de malice qu'elle lui avait toujours connue.

—Salut, fit-il en souriant également.

—Salut, répondit Hermione en se mordant la lèvre.

—Comment tu vas ?

—Bien et toi ?

—Tout roule, répondit le garçon avec un léger rire.

—La boutique est toujours intacte ? s'enquit-elle, heureuse de le voir si comblé.

—Ouais, confirma-t-il avec un sourire fier. Poudlard tient toujours ?

En riant, Hermione confirma que oui. Et l'espace de quelques instants, elle vit le doute s'installer dans les yeux de Fred. Un doute qu'elle aurait voulu ne pas remarquer et qui lui rappela que malgré ses sourires, sa bonne humeur et son cœur battant la chamade, la tristesse était toujours là. Petite. Tapie dans son esprit, aux aguets.

—Aujourd'hui, ça fait un an, souffla-t-elle en sentant ses yeux se mettre à picoter. Cela fait un an qu'ils sont morts.

—Je sais, fit doucement Fred. Je sais. J'y ai pensé toute la journée.

—Je n'arrive pas à croire que ça fait un an qu'ils sont partis, renifla-t-elle. Je voudrais tant pouvoir les revoir...

—Moi, je suis sûr que de là où ils sont, ils sont extrêmement fiers de la personne que tu es devenue.

Ces quelques mots arrachèrent un sourire à Hermione. Ces mots, seul Merlin savait qu'elle aurait voulu les entendre de la bouche de ses parents. Une dernière fois. Pour être certaine que tout ce qu'elle avait fait au long de sa vie ne les avait pas déçus. Qu'ils l'aimaient pour ce qu'elle était. Qu'ils étaient fiers de son parcours, de ses études, de sa vie.

—Je ne sais pas ce que je ferai sans toi, avoua-t-elle en rougissant.

—Tu serais encore perdue dans tes livres, répondit le garçon en lui faisant un clin d'œil.

Oui, sûrement, pensa-t-elle en songeant à tout ce qu'il s'était passé depuis que Fred avait fait irruption dans sa vie.

—Mes parents te passent le bonjour, ajouta-t-il après quelques secondes de silence à observer le visage de la jeune fille. Maman voulait venir te voir aujourd'hui, mais je crois que Dumbledore a refusé. Il lui a dit qu'il ne servait à rien de remuer plus le couteau dans la plaie.

Un instant, elle fut agacée par la décision de directeur, avant de réaliser qu'elle lui avait bien rendu service. Avec la présence de Mrs Weasley ici, cela n'aurait fait que rendre bien réel cette souffrance qu'elle tentait de repousser chaque jour depuis son retour à Poudlard. Cela n'aurait fait que raviver sa douleur, et ses larmes auraient eu bien du mal à se tarir. Non, ce dont elle avait eu besoin, c'était de normalité. Faire comme si tout allait bien, malgré son cœur serrer. Malgré le tremblement de sa voix. Malgré les larmes prêtes à couler.

—Je crois qu'il a eu raison, souffla-t-elle doucement. Si ta mère était venue, je crois que ça aurait été bien pire pour moi.

—Et si moi j'étais venu ?

—C'est différent, rétorqua-t-elle en souriant. Toi, tu n'aurais fais qu'apaiser ma douleur.

Le sourire de Fred s'agrandit. Du moins, si cela était possible. Pourtant, ce fut l'impression qu'Hermione eut en achevant de dire cette phrase, qu'elle pensait sincèrement.

—Je t'aime, répondit-il.

—Je sais, sourit-elle.

Le temps passe. Les semaines s'écoulent, puis les mois et les années. Le souvenir reste. Ancré profondément en soi. Puissant. Bienfaiteur. Reposant. Et la douleur finit par s'estomper. La pluie l'emporte avec elle, d'abord un peu, puis de plus en plus, sans que l'on ne s'en rende compte.

Ce jour-là, ton sourire m'a aidé à aller mieux. Ce jour-là, ton je t'aime a fait disparaître la noirceur de cette journée. Ce jour-là, la lueur dans tes yeux m'a permise de voir loin. De nous voir heureux, vieux, et toujours aussi amoureux. Ce jour-là, j'ai repris espoir. Malgré la guerre, malgré la mort qui s'abattait partout dans le monde, malgré Voldemort.

J'ai repris espoir, Fred. Grâce à toi. Et je t'en serai éternellement reconnaissante.

Même si cela n'allait représenter que deux petites années...



Czytaj Dalej

To Też Polubisz

60.8K 3.9K 34
Ma vie avait enfin pris un sens, j'étais avec Stiles et j'étais heureuse. Enfin jusqu'à que le surnaturel nous rattrapa. Qui sera pris ? Oublié ? T...
4.9K 188 14
Deucalion ? Sa fille ? Vous plaisantez j'espère ? Les personnages ne m'appartiennent pas sauf le personnage Kaly !
57.6K 2.6K 20
1813. Une nouvelle saison mondaine commence à Londres et les aventures de ces jeunes femmes à marier garnissent les chroniques de lady Whistledown. C...
49.7K 2.8K 60
Je m'appelle Amy Stuart, j'ai 17 ans et je suis en terminale au lycée de Manhattan (New-York). A l'origine, j'étais une adolescente normale mais, du...