Nous sommes tous les deux assis côte à côte dans la voiture, le regard fixe droit devant nous et personne n'ose briser le silence qui s'est installé.
Je reprends mon souffle et arrange mes cheveux dans le rétroviseur intérieur.
Je l'ai déjà embrassé mais je ne saurais décrire ce qu'il s'est passé, c'était beaucoup plus électrique, beaucoup plus direct et j'en reste encore toute pantelante, les lèvres gonflés et des frissons qui parcourent mes veines à toute allure.
Je sais qu'intérieurement on aurait pu aller plus loin mais de toute façon peu importe si j'en avais envie ou non, je dois encore analyser les nombreux éclaircissements qu'il m'a donné tout à l'heure comme à propos de Jane par exemple.
Je sais bien que c'est ridicule comme argument mais si un baiser nous assomme à ce point, alors je n'imagine pas l'état que nous aurions si nous en faisions plus.
Sa main attrape délicatement la mienne ce qui contraste avec le baiser fougueux que nous venons de partager.
Je baisse mon regard sur nos mains liées puis le relève vers son visage.
Il est magnifique, son regard brûlant me fixe.
Je finis par m'éclaircir la gorge puis lui dis :
« — Tu comptes faire quoi ? Prendre un train ou rester pour la nuit ? » Lui demandais-je avant de remarquer à quel point cela pourrait être mal interpréter après le baiser que nous avons eu.
« — Je veux dire dormir ici. » Ajoutais-je.
« — Enfin pas ici dans la voitu... » Commençais-je mais il me coupe en posant son doigt sur ma bouche.
Je m'arrête nette et l'interroge du regard.
Il retire son doigt et un sourire amusé se dessine sur ses lèvres.
« — J'avais compris Hailey. » Se moque-t-il.
Je baisse la tête pour essayer de masquer à quel point je suis gênée.
« — Je vais prendre un billet de train, j'ai cours demain et Jane va devenir folle si je ne pointe pas avant le lever du soleil. » Dit-il.
Je comprends soudainement que cela veut signifie qu'il va falloir se dire au revoir.
Je hoche néanmoins la tête, compréhensive.
C'est déjà aimable de sa part d'avoir pris un billet pour venir me voir, je regrette juste depuis qu'il est arrivé le moment de nos au revoir.
J'essaye de masquer la peine qui me traverse en me rappelant que je devrais profiter de ce moment au lieu de dramatiser.
« — Leith. » L'interpellais-je.
« — Oui ? » Me répond-il.
« — Merci beaucoup d'être venu. » Lui dis-je sincèrement en espérant qu'il comprenne à quel point ce qu'il a fait m'a touché.
Je ne sais si je suis aveuglée par mon désir ou si c'est la bonne chose à faire mais je n'arrive tout simplement pas à le détester. Peu importe le fait que j'en suis allée jusqu'à déménager à cause de lui, dès qu'il me montre ne serait-ce qu'une once de gentillesse à mon égard, son vrai visage, je fais table rase du passé et l'accueil à bras ouvert.
« — C'est la moindre des choses, merci à toi de m'avoir laissé une chance. » Me répond-il en attrapant une mèche de mes cheveux pour la coincer derrière mon oreille.
J'essaye de masquer le frémissement que provoque sa main quand elle touche mon oreille et recule un peu pour démarrer la voiture.
Lorsque la gare s'immisce dans mon champ de vision j'ai un petit pincement au cœur.
Je ne sais pas quand je le reverrai, si je le reverrai un jour, j'essaye donc au maximum de me rappeler de cette nuit.
Je stationne la voiture puis nous nous dirigeons silencieusement vers l'entrée de la gare.
A mi-chemin, Leith attrape ma main pour lier nos doigts.
Je réalise que chaque pas que nous faisons m'éloigne de lui.
Après avoir pris son billet de train, nous nous asseyons sur un banc pour attendre l'heure en question.
Le train part dans 10 minutes mais personne n'ose parler et 5 minutes s'écoulent dans le silence le plus complet.
Leith finit par se lever et je le regarde faire sans bouger.
Il me tend sa main et je l'attrape.
Il tire dessus pour me relever et nous nous dirigeons vers le quai main dans la main.
Nous arrivons à la limite et il se tourne vers moi.
Je m'apprête à parler mais il me coupe en prenant mon visage en coupe entre ses mains avant de plaquer ses lèvres contre les miennes.
Ses lèvres chaudes rencontrent les miennes et je comprends que c'est sa façon de me dire au revoir.
Pas la peine de perdre du temps avec des mots.
Mes mains parcourent son torse alors qu'il embrasse délicatement mes lèvres.
Ses pouces caressent mes jours alors qu'il tient toujours mon visage entre ses deux mains.
Lorsque l'un des employées de la gare crie qu'il va fermer la porte, je recule mon visage de celui de Leith et il me lâche.
Il me sourit puis se tourne rejoindre l'homme mais il s'arrête à mi parcours pour faire volte face.
Il plonge son regard dans le mien et me rejoint rapidement.
Il se penche pour murmurer à mon oreille :
« — Je t'aime, Hailey. »
Sans me regarder, il retourne en direction de l'homme qui s'impatiente.
Je regarde sa silhouette s'effacer derrière la porte puis finit par faire demi-tour à mon tour pour rejoindre ma voiture.
Je n'arrive pas à croire ce qu'il vient de me dire.
Je ne peux empêcher un sourire de se dessiner sur mes lèvres alors que je réalise à quel point cette nuit à était la meilleure de toute ma vie.