Leith vient de partir il y a quelques minutes et je suis toute seule dans ma voiture.
Je ne sais pas ce que je vais faire, ma fierté me dit d'aller dormir chez Perla mais ma raison me rappelle que j'ai agi comme une idiote et que je devrais avoir une discussion calme avec eux.
De toute façon je ne vais pas m'imposer chez Perla sans aucune pression, je ressors de ma voiture après y avoir passé une bonne heure avec Leith qui m'écoute et essaye de me réconforter.
Dans le coup, je ne lui ai même pas demandé ce qu'il comptait faire ce soir si j'étais venue.
Je lui envoie un rapide message par simple curiosité puis entre chez moi, rompant le silence de mort.
Mon père n'est pas assis sur son éternel fauteuil et quand je regarde l'heure, je me dis qu'ils doivent être en train de regarder un film dans leur chambre.
Mon ventre me rappelle que je ferais mieux de manger, j'ouvre rapidement le réfrigérateur et tombe sur une assiette recouverte d'une cloche en plastique avec un post-it collé soigneusement dessus.
« Si tu as faim — Maman »
Je souris face à sa délicate attention, c'est sûrement une manière de faire un pas vers moi.
J'attrape l'assiette, la mets au micro-onde puis regarde ce que Leith m'a répondu en attendant que cela se réchauffe.
« Pour aller faire un bowling » M'a-t-il répondu.
« Pour rattraper celui auquel j'ai refusé d'aller il y a quelques mois ? » Demandais-je.
« Entre autre » Me répond-il alors que le bruit strident du micro-onde m'avertit que mon plat est prêt.
Je le sors en manquant de me brûler puis attrape des couverts tout en continuant de discuter avec Leith.
« J'avais envie de passer ma soirée avec toi pour finir la soirée en beauté » M'avoue-t-il.
Je relis à plusieurs reprises le message, surprise par la tournure que prend la conversation.
Il est devenu soudainement, charmeur.
Je ne suis pas vraiment à l'aise avec ce genre de chose et ce n'est pas naturel pour moi de répondre quelque chose comme ça.
J'hésite quelques secondes, retape, efface et fixe le fond de mon assiette maintenant vide alors que les minutes s'écoulent.
Cela fait bien une dizaine de minutes qu'il m'a envoyé ce message et je ne sais pas quoi répondre.
Alors que je m'apprête à lui dire un simple bonne nuit, ma mère se pointe dans la cuisine me faisant sursauter.
Je lui fais un sourire qui montre à quel point je regrette mon attitude de tout à l'heure et elle s'assoit en face de moi.
« — Donc c'est Leith ? » Me demande-t-elle.
Je hoche la tête.
« — Je n'ai pas envie de faire la mère intrusive mais il se passe quelque chose. » Me dit-elle.
« — Je suis désolée de vous avoir parlé comme ça. » Dis-je la gorge serrée.
« — Je sais, et je sais aussi pourquoi tu as agi aussi agressivement mais ce n'est pas à moi que tu dois t'excuser. » Me répond-elle.
« — Comment ça tu sais pourquoi j'ai agi ainsi ? » Demandais-je.
« — Nate m'avait mentionné un garçon avant qu'il parte et que je devais garder un œil sur toi. » M'avoue-t-elle.
« — Pourquoi ? » Demandais-je surprise.
« — Parce qu'il voyait bien qu'il se passait quelque chose et qu'il ne serait pas là pour le surveiller mais j'ai pensé que tu viendrais par toi-même m'en parler. » M'explique-t-elle.
« — Mais tu n'es pas énervée ? » Tentais-je.
« — Non, sur le coup un peu vexée et même blessée et que tu nous aies caché ça et que tu sois parti en plein milieu de la nuit pour lui au réveillon. » Me dit-elle.
Je baisse la tête un peu honteuse.
« — Je comprends mieux pourquoi tu as tant changé ses derniers temps. » Ajoute-t-elle.
« — Il n'y a aucun raison de s'inquiéter. » Lui dis-je.
« — Tu étais beaucoup sur la défensive tout à l'heure et Nate avait raison de me prévenir. » Constate-t-elle.
« — Je n'aime pas que vous l'accusiez et que vous parliez de lui comme ça c'est tout. » Dis-je en essayant de justifier mon attitude.
« — Tu t'es enfui en plein milieu d'un repas de famille pour le retrouver, tu sais très bien de quoi je parle mais je ne vais pas dépasser cette limite parce que je n'ai pas envie d'empiéter sur ta vie privée. J'aimerai juste m'assurer qu'il est sérieux. » M'explique-t-elle.
« — Il est très bien, il a même voulu me défendre à propos de Noël. » Lui rappelais-je.
Elle me sourit puis se relève.
« — Tu penses que papa me déteste ? » Lui demandais-je d'une voix faible.
« — Non, il est juste blessé. » Me répond-elle avant de quitter la pièce.
Je baisse mon regard sur mon téléphone entre mes doigts puis tape un message à l'attention de Leith.
« Tu en as déjà fait beaucoup pour moi »
J'appuie sur l'écran pour envoyer puis monte pour me mettre en pyjama.
Alors que j'ouvre mon placard pour attraper un tee-shirt, mon regard se pose sur la robe que You m'a offerte à Noël, enfin je veux dire Leith.
Je souris et attrape le cintre pour la poser sur mon lit.
Je l'admire et me remémore des souvenirs de cette nuit.
Je me suis un peu laissé emporter par mes sentiments et j'ai agi comme une égoïste mais malgré tout il n'a pas abandonné et il était là il y a à peine quelques heures, en train d'affronter mes parents.
Je verrouille la porte de ma chambre et retire mes vêtements pour enfiler la robe déposée sur la couette de mon lit.
Je m'approche du miroir et contemple la robe que je porte en imaginant Leith a mes côtés.
Il m'a acheté une robe et moi je lui réponds un minable message.
Puis ce n'est pas que la robe, il en a fait beaucoup plus qu'il ne l'imagine comme je l'ai dit dans le message et peut-être que je devrais mettre ma fierté de côté et rentrer dans son jeu.
« Ouvre ta porte d'entrée » M'envoie-t-il.
J'arque un sourcil et mon estomac se tord alors que mon imagination chauffe.
Je déverrouille la porte de ma chambre et dévale les escaliers sans prendre le temps de faire attention au bruit que je fais.
J'ouvre la porte d'entrée et tombe nez à nez avec Leith.
Il m'adresse son plus beau sourire et si je n'étais pas la personne que je suis, je lui aurais sauté dans les bras sans aucune raison, simplement parce que j'ai envie de le faire.
Mais à la place je me décale en lui demandant de ne pas faire de bruit.
« — Je n'avais pas l'intention de passer la soirée seule, j'avais décidé que ce serait avec toi et ça sera avec toi. » Me confie-t-il.
Il lève sa main qui tient un sac plastique blanc rempli de choses que je n'arrive pas à voir.
« — Je suis juste allé chercher quelques trucs pour passer une bonne soirée. » Me dit-il.
« — Je ne pense pas que je sois autorisée à sortir ce soir. » Lui répondais-je en faisant référence à tout à l'heure.
« — Je sais mais qui t'as parlé de sortir. » Me répond-il en montant les escaliers.
Je le suis, curieuse de voir ce qu'il a en tête.
Je coupe mon souffle quand nous passons devant la porte de la chambre de mes parents et soupire quand je verrouille à nouveau la porte de ma chambre.
Je me tourne vers lui et je vois qu'il me fixe avec insistance.
Quand je vois mes affaires d'aujourd'hui, je me rappelle soudainement que je porte la robe de Noël.
« — Je voulais voir si elle m'allait toujours. » Dis-je en essayant de me justifier.
Il hoche la tête mais je peux voir qu'il n'est pas du tout convaincu.
« — Je vais me changer, je reviens. » Dis-je en attrapant cette fois-ci mon pyjama et en me dirigeant rapidement dans la salle de bain.
Je n'arrive pas à croire qu'il est dans ma chambre.
Quand je le rejoins, il est allongé sur mon lit et consulte son téléphone.
« — Tu as ramené quoi ? » Demandais-je.
Il se redresse alors que je m'assois à côté de lui.
Il ouvre son sac plastique et en sort un coffret de dvd avec des pop corn et un pack de 6 bières en canette.
« — Si ma mère voit ses bières elle va définitivement me tuer. » Lui dis-je en riant.
« — Exactement. » Me répond-il avec un sourire complice.
Je me baisse pour attraper mon ordinateur en dessous de mon lit puis le pose sur mes genoux alors qu'il sort un dvd.
En réalité je n'en ai rien à faire de savoir quel film nous allons regarder, juste le fait d'être avec lui me suffit amplement.
« — Merci d'être revenue. » Lui dis-je alors qu'il pose mon ordinateur sur ses jambes pour mettre en marche le film.
« — C'est normal. » Me répond-il en posant l'ordinateur devant nous.
Je pose ma tête sur son épaule en hésitant un peu mais il ne réagit pas donc je me détends.
Je fixe l'écran mais je suis tellement perturbée par sa présence à mes côtés que j'ai du mal à rester concentrer sur le film.
Alors que je vois que le film se finit, je repose ma canette de bière sur ma table de nuit et pose ma tête sur mon coussin alors que Leith fait pareil de son côté.
Je tourne ma tête vers lui et en un regard je comprends exactement ce qu'il pense.
« — C'était de la merde. » Déclare-t-il et je hoche la tête.
J'attrape l'ordinateur, le referme puis le glisse en dessous de mon lit alors que Leith m'attrape le bras pour me rallonger.
Je me tourne complètement pour me mettre face à lui, une main sous ma joue comme j'ai l'habitude de le faire et je plonge mon regard dans le sien, laissant la lumière naturelle de la Lune pénétrer dans la pièce pour nous éclairer.
J'écoute nos respirations alors que son souffle me caresse doucement le visage.
« — J'aime beaucoup tes yeux. » Lui dis-je soudainement sans réfléchir.
Il rapproche sa tête puis me murmure :
« — J'aime beaucoup tes cheveux. »
Il attrape une mèche de mes cheveux et l'enroule autour de son doigt.
« — Hailey ? » Me dit-il.
Je relève la tête quelques secondes pour le regarder dans les yeux.
« — Oui ? »
Il attend, laissant le silence s'installer avant de me dire :
« — Est-ce que tu penses que je le mérite assez ? »
Je fronce les sourcils.
« — Mériter quoi ? » Demandais-je.
« — De t'embrasser. » Me répond-il alors que son souffle me rappelle que nous venons de boire une bière.
Pas que ce soit assez saoule pour devenir inconsciente, mais assez selon moi pour prendre nos distances.
« — Je suis fatiguée. » Dis-je maladroitement en me redressant.
Il me dévisage, surpris par ma réaction.
« — Alors viens dormir. » Me propose-t-il en me voyant quitter mon lit.
J'examine la situation quelques secondes mais mes paupières qui deviennent lourdes me rappelle que je devrais juste aller me coucher.
Je m'allonge à nouveau et cherche sa main pour lier nos doigts ensemble.
Il doit sûrement me prendre pour une cinglée mais je ne sais pas, j'ai besoin de ce contact.
« — Tu restes dormir ? » Demandais-je plus comme une supplication qu'une question.
« — Oui. » Me répond-il en souriant.
Je lui fais un faible sourire puis tourne ma tête vers le plafond.
Alors que nos respirations deviennent régulières et que je sens le sommeil m'emporter, je me tourne rapidement vers lui puis pose ma main sur sa joue pour poser brièvement ma bouche contre la sienne.
Quand nos lèvres entre en contact, je recule immédiatement puis me mets dos à lui, honteuse de ce que je viens de faire.
Sur le coup ça m'est paru naturel mais il y a à peine quelques minutes je l'ai repoussé.
Néanmoins, j'ose jeter un coup dans sa direction et il sourit en me murmurant un bonne nuit alors que je sers sa main un peu plus fortement.