Je sors enfin du lycée et respire l'air sain, enfin celui non polluée par des tonnes de cerveau en ébullition, oui les cerveaux polluent l'air enfin je pense mais en faite je m'en fous. J'ai juste dit ça pour dire que l'air parait sain et frais !
Me voilà en train de débattre sur la météo maintenant...
Je secoue ma tête face à mes pensées ridicules et me dirige vers le bus que prend normalement aussi ma chère amie Perla. Mais je ne la vois pas.
Comment peut-on perdre quelqu'un alors qu'elle était assise à côté de toi il y a seulement quelques minutes en train d'écouter le cours barbant du professeur.
Je lève les yeux au ciel et m'approche de l'arrêt rempli d'élèves aussi impatient les uns que les autres de pouvoir se reposer chez soi.
Alors que je vois le bus scolaire qui s'avance vers nous, je sors mon portable de ma poche.
J'envoie rapidement un message à Perla avant de m'engouffrer dans la masse d'étudiants pour trouver une place calme.
« T'es où ? Le bus est là ! »
Je m'affale sur l'une des banquettes et me colle contre la fenêtre pour voir les voitures sortir du parking et les élèves qui ricanent entre eux de manière totalement ridicule mais c'est l'effet « folie+ami » qui nous permet d'oublier quelques instants notre allure et la grimace ridicule qui nous tort le visage lorsqu'un fou-rire se déclare. Enfin je pense que c'est ce que l'on ressent, la seule fois où j'ai rit à en perdre la voix c'était à la fête de Travis la semaine dernière.
Je soupire en réalisant qu'il faut que je me saoule pour pouvoir enfin me décoincer et rire à volonté.
Peut être que Leith a raison, peut être que je suis une sale coincée.
Un petit sourire en coin se dessine sur mes lèvres rien qu'à cette pensée.
Ca pue tellement le cliché que j'ai envie de me baffer.
La sainte-nitouche du lycée et le populaire...
J'ai envie de vomir à cette pensée surtout que je ne suis pas une sainte-nitouche, seulement une fille qui n'exprime pas mes émotions, une fille très renfermée.
Peut être suis-je atteint d'Alexithymie, c'est une maladie qui empêche des personnes à ressentir, différencier ou encore exprimer ses émotions.
Je secoue ma tête, bien sûr que non, pourquoi je commence à raconter n'importe quoi. Je n'ai aucun trouble psychiatrique alors on va se calmer tout suite.
Mon portable vibre, me sortant de mon débat intérieur avec moi-même.
« Blake est venu me chercher, t'aurais dû me le dire il t'aurait déposée mais pourquoi t'as pas pris ta voiture ? » M'a enfin répondu mon amie.
Blake, son chéri d'amour dont elle ne peut plus se passer.
Une chose est sûre, Perla n'est en aucun cas atteinte d'Alexithymie.
Faut vraiment que je pense à autre chose, tout ça à cause de Leith qui m'a traité de coincée.
C'est vraiment la facilité, juste parce qu'il n'a pas apprécié ma réaction lorsqu'il a posé sa main sur ma taille.
Qu'est ce qu'il peut être susceptible !
Tu l'es aussi, me rappelle ma raison avec un petit clin d'œil et un cigare à la bouche.
Quoi ! Elle fume maintenant cette idiote.
Elle me lance un regard amusé et se mord la lèvre. Ma raison a vraiment des allures de salope détraquée ?
Elle baisse ses lunettes et me regarde.
Je te rappelle que c'est toi qui m'imagine comme je veux, renchérit-elle en fronçant les sourcils.
Ok, je vais arrêter de consommer des substances illicites alors.
Quelqu'un me demande si elle peut s'assoir à côté de moi et je remarque que c'est la fille à côté de qui j'étais assise ce matin quand je lui ai pris sa place.
Je lui adresse un sourire qu'elle me rend et je réponds à Perla.
« Panne de voiture, non c'est pas grave. Profite-bien ;) »
Mon portable vibre à nouveau et je suis surprise de la rapidité avec laquelle elle m'a répondu.
Je fronce les sourcils en voyant l'expéditeur.
A moins que ce ne soit pas elle qui venait de m'envoyer un message.
You.
« Peut-on parler ? » Me demande-t-il.
« Parle si ça te chante. » Lui répondais-je.
« Je ne comprends pas pourquoi tu agis comme ça alors que je n'ai rien fait, j'ai relu les messages et je n'ai pas une seule fois était irrespectueux, alors explique-moi. » Me dit-il.
Je lève les yeux au ciel, j'imagine son air satisfait, arrivant à se faire passer pour la victime, l'innocent alors que c'est moi qui me suis fait rouler en bateau depuis longtemps.
Je ne sais pas vraiment ce que je lui reproche, pas le fait qu'il demande à Chris de faire le sale bouleau à sa place, non ça je n'en tiens pas rigueur. Je pense que c'est seulement la confiance aveugle que j'ai eu pour lui. Il m'a aidé l'autre jour en appelant un taxi mais je suis déjà assez méfiante, est ce que si un gars un jour vous envoie par message : on joue à un jeu, tomber amoureux. Vous allez bien sûr l'envoyer balader ou le harceler de question alors c'est normal que je ne puisse pas être complètement honnête. Je suis constamment sur mes gardes, j'attends le moindre indice, le moindre faux pas parce que en réalité je me fiche un peu de ce « jeu » même si je sais qu'il est vraiment intéressant à ça me permettrait de faire quelque chose « d'utile » dans mon quotidien, ce qui m'attire le plus c'est de découvrir qui est-il.
Ma raison qui est habillée d'un tailleur me regarde d'un air strict et me claque les doigts devant les yeux pour me reconnecter à la réalité.
Je passe une main sur mon front et soupire en prenant mon téléphone.
Je tapote rapidement un message et le range dans ma poche.
« Chris Jones. »
Le car se met enfin en marche et je fixe le lycée qui devient maintenant un simple point noir, diminuant à vue d'œil.
« Oui le frère de Fred Jones, un de Terminales les plus renommés. » Me dit-il d'un ton que je devine joueur.
« Me prends pas pour une imbécile, je connais la vérité maintenant est ce que j'ai d'autre chose à savoir ou tu as prévu de me laisser jouer à la détective. » Lui répondais-je.
Je serre les poings.
J'ai vraiment l'impression de parler directement avec lui, qu'il est juste en face de moi et malgré le fait qu'il n'est pas de visage j'ai sa voix en tête, celle qui m'a répondu au téléphone il y a deux semaines.
Je sais bien que sa voix a été déformée par le combiné mais le fait de l'entendre m'a juste prouvé que c'était réel et qu'il existe vraiment.
Des frissons me parcourent le corps rien qu'en imaginant entendre sa voix à nouveau.
Elle avait l'air si rauque, si masculine et très sécurisante, comme si j'avais envie de me loger dans ses bras et que je ne risquerai rien.
Oui, une simple voix.
Mais c'est la voix de You et il a du progrès à faire s'il veut que je lui accorde mon entière confiance à nouveau.
« Bien que veux-tu savoir ? Si j'ai demandé de l'aide à Chris c'est simplement parce que je te connais, malgré le fait que nous ne sommes pas très familiers je connais ta façon d'agir et je me doutais que tu arriverais à te débrouiller pour coincer le « poseur de papiers dans le casier » alors j'ai contourné ce problème rapidement comme tu l'as vu. Je veux réussir ce jeu, je veux qu'il y ait une conclusion et je veux le faire avec toi et personne d'autre. » M'envoie-t-il.
« Tu me demandes de te faire confiance mais tu viens de me mentir comment puis-je être sûr que ça n'est pas un plan machiavélique ou je ne sais quoi. » Lui répondais-je.
« Mets toi à ma place, tu me promets de ne plus tenter quoi que ce soit pour connaitre mon identité et je n'oserai plus jamais te mentir, je te le promets Hailey. » Me promet-il.
Voir mon prénom écrit dans ce message me fait frissonner, savoir que c'est lui qui l'a écrit.
« Bien, alors je suis de retour. » Lui dis-je.
« Et j'en suis bien heureux J » Me répond-il.
Un smiley ? C'est bien la première fois qu'il m'envoi ça, qu'il me montre son ressenti.
T'es tellement puérile et ridicule, me marmonne ma raison.
Je soupire et relève la tête en voyant que je dois descendre du car.
Je demande à ma voisine de siège de se pousser et je sors puis ensuite j'arrive rapidement chez moi.
Le lendemain, je me gare sur le parking soulagée de ne pas avoir à prendre à nouveau le car scolaire ce soir.
J'aperçois Jane et Travis qui discute à nouveau devant le lycée.
Je m'approche d'eux et Jane me sourit alors que Travis se penche et me fait la bise.
Je cligne des yeux un peu surprise par ce geste.
« — Ca fait longtemps ! » S'exclame Travis.
« — Depuis ta fête. » Continue Jane en parlant de la fête de Travis.
Je hoche la tête.
« — Oui, on va dire que je n'avais pas vraiment l'envie de revoir Leith. » Dis-je un peu mal à l'aise.
Jane arque un sourcil.
« — Mais ça a l'air d'aller mieux non ? Il t'a emmené au lycée hier je crois. » Me répond Travis.
Jane manque de s'étouffer en entendant la réponse de son ami.
« — Pourquoi il t'a emmené ? » S'exclame la demi-sœur de Leith.
« — Une panne, mais tout est réglé. » Lui dis-je avec un sourire confiant.
Je préfère utiliser la technique de la panne comme avec Perla pour éviter d'avoir un problème si elle décide d'en parler ensemble.
Une main se pose sur l'épaule de Travis et quelqu'un me fait sursauter avec un petit rire mesquin.
Je me tourne pour voir Jack et rapidement le reste du groupe suit.
Il me fait un clin d'œil plutôt amusé et salut le reste de ces amis.
« — Une revenante. » Me dit-il ensuite et Fred hoche la tête en me lançant un sourire amicale alors que Leith est penché sur son portable, sûrement pour m'ignorer et je ne sais même pas pourquoi.
« — Tu dors Leith ? » Demande Travis à son meilleur ami qui n'a pas décroché un mot.
Il relève la tête en prenant soin d'éviter tout contact visuel avec moi puis hausse les épaules en lançant un sourire.
« — T'es pas encore bourré ? » Demande soudainement Jane en fronçant les sourcils.
Il secoue la tête sans même la regarder et finit par sortir une clope de sa poche.
Il parcourt des yeux le groupe et s'arrête sur Fred qui sans aucun mot lui tend un briquet.
Je fixe la scène un peu surprise.
« — J'y vais. » Dis-je n'aimant pas vraiment voir les gens fumer, je ne suis pas contre eux, juste contre la cigarette et je me sens mal en me disant que une partie de ma famille est morte à cause de cette drogue donc depuis j'ai préféré arrêter de « m'habituer » à voir des gens se tuer les poumons, j'évite juste tout contact avec cette drogue pour ne pas qu'elle devient soudainement banale.
Je me tourne une dernière fois et vois que Leith range sa clope dans sa poche et rend le briquet à Fred.
Ma gorge se noue, il sait que je déteste les clopes, il a juste fait semblant de vouloir fumer pour me faire partir.
C'est vraiment le pire des salopards.