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Elle n'est pas aveugle !
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On ne peut pas continuer comme ça. Soit on fonce et l'on s'accorde une chance que ça marche entre nous, soit on arrête tout de suite. Parce que, là, chaque rapprochement devient de plus en plus chaud et l'on maîtrise de moins en moins la situation.
On ne peut pas se retrouver avec la bite en feu et faire comme si rien ne s'était passé.
— Tu devrais aller avec lui.
— Où ça ?
— Au restaurant. Il va avoir besoin de toi pour les desserts.
— Je sais, mais cette tête de mule ne veut pas de moi.
— Il est fier. Il tient à démontrer qu'il va y arriver sans ton aide.
— Je lui ai interdit de reproduire mes desserts. Ce sont mes créations.
— Raison supplémentaire pour l'accompagner.
Je ne sais pas comment agir et bois un jus de fruits comme si ça allait m'apporter des réponses.
— Je t'ai connu plus combatif, mon fils.
Je soulève les épaules. Shannon n'a pas tort, mais, avec James, j'ai l'impression d'être le seul à brasser de l'air et à me démener pour essayer d'en sortir quelque chose.
— C'est compliqué pour lui aussi. Tu sais que la phase d'acceptation n'est pas simple.
Je relève la tête et, quand je croise le regard tendre de ma mère, je comprends qu'elle a pigé.
— Tu as...
— Il faudrait être aveugle. Et encore. La tension entre vous est palpable. C'est électrique.
— Je ne sais plus comment agir avec lui.
— Il est hétéro, veuf et papa et n'a jamais envisagé sans doute de ressentir quelque chose pour un autre homme. Tu as la chance d'être ce mec-là.
— J'agis comment, alors ?
— Laisse-le venir à toi, qu'il aille à son rythme. Montre-lui que tu es présent. Il n'a pas une vie simple entre la petite et le restaurant.
— Et, moi, je rajoute un problème, c'est ça ?
— Tu n'es pas un problème, juste un événement inattendu.
Je me lève et embrasse ma mère sur le front.
— Tu es merveilleuse, maman.
— Je veux seulement que tu sois heureux.
— Merci, je t'aime.
— Je t'aime, mon fils. Allez, file le rejoindre. Il est encore dans la cour à se poser des questions.
Je sors aussitôt en récupérant mes béquilles au passage.
Ma mère a bien analysé la situation et je vais essayer d'en tenir compte. J'ouvre la porte et m'assois à l'arrière. Je surprends, James, en train de se caresser par-dessus son pantalon. Je sais ce qu'il doit ressentir et il est tellement concentré sur le plaisir qu'il s'accorde qu'il ne m'a pas entendu.
— James... Je vais venir au restaurant avec toi. Laisse-moi t'aider.
Le beau brun arrête ses mouvements et cherche autour de lui sans penser à regarder derrière lui.
— James !
Je hausse un peu le ton de ma voix qui reste rauque. Le voir se palucher même par-dessus son pantalon n'a rien arrangé à mon état.
— Connor ?
— Qui d'autre ?
— Que fais-tu dans la bagnole ?
— Je cherche une banquette confortable pour...
— Arrête de raconter des conneries.
Ok... Je repense au bon sens de ma mère. James est paumé, rien ne sert d'en rajouter.
— Laisse-moi t'aider.
James ne me quitte pas du regard. Cet échange est puissant. Chacun y apportant sa dose de frustration.
— Je n'ai pas rêvé, alors...
— De quoi parles-tu, James ?
— Tu as bien sous-entendu dans ta phrase anodine, que tu voulais me branler ou me sucer.
— Je suis ton homme pour l'un comme pour l'autre si tu le désires. Mais je n'ai rien insinué de tel en proposant de t'accompagner au restaurant.
Ses pommettes deviennent rouge écarlate et James fuit mon regard. Alors j'avance mon corps vers le siège avant.
— Tu as pensé que te voir en train de te branler. Je...
— Tu m'as vu me caresser ?
— Oui.
— Et pourtant tu n'as rien insinué ?
— Je comprends que ça te paraisse invraisemblable, venant de moi. Mais j'ai discuté avec ma mère et...
James sursaute et je crains l'affaire d'une seconde qu'il ne se cogne encore une fois la tête.
— Tu as échangé sur quoi avec Shannon ? s'alarme-t-il.
— Elle a capté qu'il se passait un truc entre nous.
— Impossible ! On a été prudent. Quoi que...
— Les mères ressentent ce genre de chose. Elle savait que j'étais gay avant même que je le comprenne. Elle m'a toujours écouté, aidé à accepter, m'a poussé à faire face et à ne jamais renier celui que je suis.
— Mais, moi, je ne suis pas...
— Tu ne l'es pas, je te l'assure.
James est surpris par mon aveu. Il s'attendait sans doute à ce que je lui balance son nouveau statut à la tronche. Et sans la discussion avec ma mère, c'est sans aucun doute ce que j'aurais fait.
— Je suis quoi, alors ?
— Un mec qui va être à la bourre pour ouvrir son restaurant.
Comme si je l'avais piqué avec une aiguille à chapeau, James démarre aussitôt. C'est en silence que le trajet s'effectue. James se gare derrière le restaurant et ouvre ma portière pour me faciliter la sortie.
— Merci, Connor.
— Pour quoi ?
— Pour accepter que je sois perdu. Pour me laisser du temps. Pour tenir ton poste à la pâtisserie malgré tout.
— Si ça peut te permettre de te sentir mieux.
— C'est le cas.
James ne sait pas comment agir, alors je vais faciliter les choses.
— Au boulot, Chef !
Je le dépasse et me dirige vers la cuisine quand James appuie sa main sur mon bras.
— Tu as oublié quelque chose, Connor.
— Quoi ?
— Ça...
Sa bouche se pose sur la mienne avec douceur. Juste un smack. Mais putain que c'est bon. C'est le sourire aux lèvres qu'il ouvre la porte et la maintient pour que je puisse entrer avec mes béquilles. Je les utilise de moins en moins, mais avant le service qui m'attend, autant soulager ma jambe sans trop forcer dessus.
— Qu'est-ce qu'il fout ici ?
— Daly ne commence pas !
— Si on te le demande, l'apostrophé-je, tu diras que tu ne le sais pas.
— Ce n'est pas à toi que je m'adresse, réplique la serveuse.
James crochète son bras et l'entraîne dans un coin pour lui parler plus doucement.
— Connor est le nouveau pâtissier.
— N'importe quoi ! Ce mec n'est pas capable de différencier...
— Stop, Daly. Je ne te demande pas ton approbation, je t'informe. Ça te va, tant mieux. Sinon...
— C'est bon, j'ai compris.
Elle sort de la cuisine en tapant vivement dans la porte, ce qui attire l'attention des autres cuistots.
— La récréation est terminée. On a un service qui nous attend et des clients à satisfaire. Alors au boulot.
James claque dans ses mains avec autorité et chacun regagne son poste. Puis il se dirige vers la chambre froide et me rapporte une bonne partie des ingrédients que je vais utiliser.
— Si tu as besoin d'autre chose, tu me le demandes et j'irai te le chercher. Je ne veux pas que tu forces sur ta jambe.
— Merci, James.
Nos yeux restent plantés dans ceux de l'autre pendant quelques secondes encore avant que chacun se mette au boulot. Ma mère a vu juste. James agit différemment depuis que l'on a parlé. Ne plus subir la pression de ce que nous ressentons l'a libéré. J'adore cette nouvelle facette, que je découvre. Il se montre plus sûr de lui, plus posé, autant dans son attitude que dans ses mots. Il a un côté rassurant et protecteur qui ne me déplaît pas.
Je dois me reconcentrer et abattre le boulot qu'on attend de moi.
Dire que je suis éreinté est le mot juste. Je viens d'envoyer mon dernier dessert et je m'écroule sur le tabouret haut.
James remercie la brigade pour ce bon service. On a réalisé vingt-sept couverts. Pour un soir de semaine, c'est pas mal et il est satisfait. Nous terminons de nettoyer la cuisine et James me file un coup de main pour tout ranger sur l'étagère derrière moi ou dans la chambre froide.
— Tu t'en es bien sorti. Les retours des clients sont bons et ceux qui sont venus pour goûter ton dessert sont répartis ravis. Regarde.
Alors que l'on picore dans les coupelles ce qu'il me reste de fruits découpés, de bout de gâteau et de crème, James me montre son Instagram. Ainsi que les commentaires laissés par ceux qui les ont dégustés ce soir.
— Ta trilogie d'agrumes et ta bûche de Noël déstructurée font un carton.
— Pour voir.
Il m'abandonne son portable et je commence à lire les nouveaux messages. Une vague de fierté monte en moi.
— Tu as bien bossé. Tu mérites ces évaluations positives.
Son sourire lumineux et son regard franc, qui me fixent, me prouvent qu'il est satisfait de mon boulot et c'est tout ce qui compte. Nous terminons nos verres dans un silence reposant avant que James me ramène chez moi et qu'il récupère sa fille.
— Je sais que ce n'est pas l'idéal pour elle. Mais je fais au mieux.
— Loin de moi, l'idée de te juger.
J'ouvre la moustiquaire de chez moi et me tourne vers James pour lui demander avant d'entrer.
— Pourquoi ne dors-tu pas dans la chambre d'amis ?
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➥ Connor suit les conseils de Shannon et découvre une nouvelle facette de James. En lui retirant la pression, il y gagne en plénitude, on dirait ?
➥ On dirait bien que Dali est furieuse de voir que Connor va bosser au resto. Qu'en pensez-vous ?
➥ Le service se passe bien et les desserts de Connor ont plu. Apparemment, James a trouvé son nouveau pâtissier, non ?
➥ D'après vous que va répondre James à l'invitation de Connor de dormir chez ses parents ?
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📍 Ce soir, on lira le chapitre de JAMES :
🎭 Est-ce une proposition indécente ?
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🎅 Bonne journée, mes Christmas Love, gros bisous 🎄
✨ Kty.Edcall.Autrice ✨