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Je dois serrer les dents !
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Ce lundi matin, mon réveil est quelque peu perturbé. Au premier coup d'œil, je ne reconnais pas les lieux. Puis, petit à petit, je sors du brouillard et tout refait surface. Comme depuis un mois. La première chose qui me revient, ce sont les cauchemars de la nuit, le bruit des explosions, les cris de mes frères, l'odeur âcre de ce bain de sang exacerbé par la chaleur. Ce carnage d'où je suis sorti vivant.
Pourquoi ? Comment ?
Je n'ai toujours pas la réponse à cette question. Ce sentiment de ne pas être à ma place ou de l'avoir volée à ce soldat, qui était marié avec deux enfants. Pourtant, j'ai tout tenté pour le maintenir en vie, jusqu'à ce que les renforts arrivent. Je l'ai tenu dans mes bras pour entendre ses dernières paroles pour sa famille, jusqu'à son ultime souffle.
J'attrape mon portefeuille posé sur ma table de chevet et en retire une lettre scellée. Je dois la remettre à sa femme pour honorer ma promesse. Ça va être une nouvelle épreuve.
James aurait-il raison ?
Je n'étais pas assez qualifié pour assurer ce poste d'infirmier. Je n'étais qu'aide-soignant. Tout est dans le titre, je devais apporter mon aide. Lui faciliter les choses en préparant les pansements, les garrots, les perfusions... Je n'avais que très peu de notions de soins ou de médecine. La formation a été succincte et j'ai appris ce que je sais sur le tas avec Harry. C'est lui qui traitait l'urgence, qui posait les diagnostics, qui arrivait à sauver des vies. Pas moi. Mais voilà, il a pris une balle perdue et je me suis retrouvé nommé infirmier en attendant la venue d'un nouveau. Trois mois après, il n'était toujours pas là. Alors j'ai fait au mieux.
Je n'ai pas pu sauver autant de mes frères, que j'aurais dus, mais j'étais impuissant, seul et livré à moi-même.
Putain de larmes qui coulent sur mes joues. Un Williams ne pleure pas. La voix grave et sévère de mon père résonne à chaque fois dans ma tête quand des perles d'eau salée dépassent la barrière de mes cils.
Le regard fixé sur le plafond, je me morfonds, comme tous les matins depuis un mois. Je suis vivant, mais à quel prix !
Sortir du lit est une nouvelle épreuve. Ma jambe est engourdie, douloureuse et se mettre en route est toujours difficile. Pourtant, je ne renonce pas. Je pose mon pied par terre, je prends appui d'une main sur la béquille, de l'autre sur le chevet. Juste rester debout quelques secondes de plus que la veille. Mon cerveau doit comprendre que cette jambe doit remarcher. J'en suis capable.
Je me tiens droit sans le soutien de ma béquille. Et je compte à voix haute pour accentuer l'effort que je vais consentir malgré mes mâchoires serrées.
Je dois dépasser quatorze secondes.
C'est mon record. Tu parles d'un exploit !
J'enclenche mon chrono et c'est parti...
Je vois les chiffres défiler. Je me concentre sur ma voix, qui égrène les nombres les uns après les autres. Je viens de dépasser le cinq quand je perçois du coin de l'œil un mouvement sur ma gauche. Je m'arrête de compter, me crispe alors que je remarque que c'est mon père qui me regarde sévèrement.
Mes muscles commencent à trembler, ils ne vont pas tarder à se tétaniser. Je serre encore plus les mâchoires quand je l'entends me dire.
— Allez, Marines ! Montre-moi ce que tu as dans le ventre !
Il se saisit de mon chrono et sans me lâcher du regard, il veut savoir.
— Ton record est de combien ?
— Quatorze !
Je me retiens in extremis de prononcer « Chef, oui, Chef ». Comme je l'ai accompli pendant presque trois ans à chaque fois que le Capitaine nous demandait d'exécuter une tâche.
— Tu ne poses pas ton cul sur le matelas tant que tu n'as pas atteint vingt secondes. C'est compris ?
Je secoue la tête. Mes mâchoires sont trop serrées pour que j'arrive à lâcher un mot.
— Je n'ai rien entendu, Williams !
— Chef ! Oui, Chef !
Son petit sourire satisfait me fait contracter les poings.
— Quinze !
J'ai envie de m'asseoir, de soulager ma jambe, qui me fait horriblement mal. Elle ne va pas tarder à défaillir. C'est une question de millième de seconde.
— Ce n'est pas le moment de flancher. Trois. Allez Marines !
— Chef ! Oui, Chef !
— Deux ! N'inflige pas cette honte à tes frères de sang, qui sont morts ce jour-là !
Les larmes colonisent mes iris. Un Williams ne pleure pas. Je tente de m'accrocher à cette pensée pour ne pas tourner de l'œil. Les cicatrices se distendent, j'ai l'impression qu'elles vont s'ouvrir. Le sang pulse dans mes veines transportant avec lui une douleur qui irradie dans chaque cellule. Je n'arrive plus à respirer. Je centralise toutes mes forces pour ne pas lui donner la satisfaction de m'écrouler avant le temps imparti.
Je suis un soldat. Un putain de Marines !
Je ne l'entends plus me beugler dessus pour que je tienne bon.
Je sens juste des mains se poser sur mon bras, mes fesses s'appuyer sur le matelas puis mon dos entrer en contact avec le lit. Mes jambes sont soulevées. Mon hurlement de douleur déchire la pièce.
— Ça va aller, mon grand. Putain, Jack, tu veux le tuer ?
Je reconnais enfin la voix de ma mère qui engueule mon père. J'ouvre les yeux et je le vois s'approcher de moi. Il sait que j'attends son verdict. Est-ce que j'ai été à la hauteur ? Est-ce que j'y suis arrivé ?
— Vingt et un Marines ! Demain, on recommence !
— Arrête de l'appeler comme ça. Ce n'est pas un de tes soldats, c'est ton fils !
Mon père fait comme si ma mère n'avait rien dit.
— Je n'ai rien entendu, Marines !
Je me redresse et gueule.
— Chef ! Oui, Chef !
Il sort de ma chambre et je m'écroule sur le matelas en autorisant à mes larmes de couler.
— Laisse-moi regarder ta jambe.
— Ça va aller, maman.
— Tu ne discutes pas et tu me laisses te soigner. Tu saignes.
Je me redresse et vois une tache rouge percer sur mon bas de jogging gris. J'avais bien senti ma cicatrice se déchirer, mais j'ai tenu bon. J'ai même dépassé l'objectif mis en place par mon père.
— Tu ne dois pas le laisser te traiter comme ça. Tu m'entends ?
— J'ai tenu vingt et une secondes, maman.
— Je suis fière de toi, mais tu ne dois pas autant forcer.
Je sais qu'elle a raison, mais la satisfaction de lui avoir prouvé que j'en étais capable l'emporte sur le reste.
Marines, un jour. Marines, toujours.
Je bois mon café, mange mes pancakes avec du sirop d'érable. J'ai l'impression d'être revenu cinq ans en arrière.
— Tu peux me conduire en ville ?
— Tu devrais te reposer...
Mon père assis en face de moi, sans relever le regard de sur son journal, me demande.
— Où veux-tu aller ?
— Je dois rendre visite à quelqu'un.
Je baisse la tête et les yeux sur mon assiette. Il n'est pas question qu'il lise la faiblesse dans mes iris.
— La femme d'un Marines ?
— Oui.
— Je t'attends dans la voiture d'ici quinze minutes. Va passer ton uniforme.
Sans rien ajouter de plus ou d'obtenir une réponse, il sort de table, tandis que ma mère secoue la tête de gauche à droite.
— Ne le laisse pas se comporter ainsi. Tu n'es plus à l'armée et il n'est pas ton Capitaine.
— Je sais maman, mais il arrive à réactiver le soldat que je suis encore.
— Cette femme que tu dois voir...
— C'est celle d'un frère d'armes mort au combat. Il m'a demandé de lui remettre une lettre avant de rendre son dernier souffle dans mes bras. Je n'ai pas pu le sauver.
J'éclate en sanglots, alors que ma mère me serre fort contre elle. Shannon chantonne une chanson qui m'apaise, mais qui n'efface pas les images de là-bas.
— Viens, mon fils. Je vais t'aider à passer ton uniforme.
∞ ∞∞ ∞
➥ Connor accumule les réveils difficiles entre cauchemars et la culpabilité d'être un survivant. C'est un sentiment affreux qu'il a du mal à supporter, ça se comprend, non ?
➥ Le père de Connor agit avec lui comme s'il était un Marines sous ses ordres. Pourquoi Connor se laisse-t-il commander ainsi ?
➥ Que pensez-vous de la méthode de Jack ?
➥ Heureusement, sa mère est là pour prendre soin de lui et l'aider quitte à aller contre les idées de son mari. Agit-elle bien ?
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📍 Ce soir, on lira le chapitre de JAMES :
🎭 Test de gâteaux !
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🎅 Bonne journée, mes Christmas Love, gros bisous 🎄
✨ Kty.Edcall.Autrice ✨