PROLOGUE DE CONNOR
Merci de soutenir mon histoire « Il n'y a pas que la dinde qui sera fourrée à Noël »
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Il y a un an déjà...
Ça fait des jours, peut-être des semaines que l'on croupit dans ce trou à rat. La chaleur est accablante. L'eau est rare et restreinte alors que les journées succèdent aux nuits sans bouger un orteil du camp.
Jouer aux cartes, lire, écouter de la musique, ça n'arrive plus à nous occuper. Mes frères d'armes commencent à montrer les crocs, à se foutre sur la gueule pour des conneries ou pour un mot dit plus haut que l'autre.
Alors le Capitaine n'a rien trouvé de mieux que de nous réveiller en pleine nuit pour courir tout autour de la base. La chaleur est moins présente, mais, à tourner comme des cons depuis une heure, on est tous en nage. Nous sommes épuisés et l'on n'a qu'une envie, c'est de prendre une douche et de retourner se pieuter.
Mais nos Chefs ne sont pas d'accord. Ils se relaient pour nous en faire baver. On se retrouve tous alignés dans la cour et l'on enchaîne les séries de pompes. Je ne me plains pas, j'aime mieux ça, que de courir. Je suis même devenu un des meilleurs et je termine en général dans le trio de tête.
Cette nuit ne fait pas exception à la règle. Nous ne sommes plus que trois en lice. Nous devons nous départager pour savoir qui sera le vainqueur. Nos frères d'armes ont formé un cercle autour de nous et nous encouragent. Il ne nous faut pas grand-chose pour nous divertir. Ça tombe bien, on n'a rien d'autre que nos corps pour nous distraire.
Cinquante pompes plus tard, nous ne sommes plus que deux. Comme souvent, je me retrouve face à Brian. Mais ce soir, il n'est pas question qu'il gagne. C'est arrivé par deux fois déjà. C'est deux fois de trop. Je dois rééquilibrer les comptes. Mais il ne veut pas lâcher.
Je le vois dans son regard. Il est tout aussi déterminé que moi. Aucun de nous deux ne veut lâcher. Alors le Chef le plus impitoyable donne l'ordre à deux autres militaires de poser des poids de musculation sur notre dos.
Deux kilos.
On enchaîne cinquante pompes de plus sans sourciller.
Trois kilos.
On continue à monter et à descendre sans faiblir. On est devenu des machines, qui ne pensent même plus, qui ne ressentent plus rien. On respire, c'est tout. On se maintient en vie et pour cela rien de tel que de souffrir en pratiquant des exercices. On doit pousser nos corps à l'extrême pour sentir encore nos cœurs battre, pour suivre cette adrénaline, qui coule toujours dans nos veines.
Cinq kilos.
Brian commence à marquer le coup et à serrer les dents. Je dois patienter encore un peu pour gagner. Alors je jette mes dernières forces dans cette bataille.
Nos frères gueulent tout ce qu'ils peuvent pour nous encourager, pour nous pousser dans nos limites, pour ne rien lâcher. Nos Chefs ne ratent rien de cet affrontement de Titans.
Six kilos.
Même, moi, j'accuse le coup, je ne compte plus le nombre de pompes que j'ai effectué. Tout ce qui est susceptible de me faire gagner est monopolisé sur ce but à atteindre. Mon ego ne s'en remettrait pas si je venais à perdre maintenant.
Les bras de Brian tremblent. Il a de plus en plus de mal à descendre et à remonter. Les poids entassés dans nos dos sont en train de s'imprimer dans nos peaux. Dans nos chairs. L'un d'eux commence à glisser du côté de Brian. Il sait que s'ils viennent à tomber, il aura perdu. Il tente de se pencher un peu vers la droite pour le rétablir tout en essayant de suivre mon rythme.
Je le regarde se battre mentalement et je l'admire de ne pas lâcher l'affaire. D'être un si bon adversaire, car ma victoire n'en sera que plus grande.
« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».
Le poids tombe et Brian s'écroule au sol. La tête dans la terre aride, il ne bouge plus. Je sens que l'on retire les miens de sur mon dos. Mes frères viennent me relever et me portent en triomphe. Ils ont retrouvé de l'énergie, car j'ai droit à un tour d'honneur de la cour. Quand ils me posent enfin au sol, mes jambes tremblent encore et elles ont du mal à me porter. Brian est toujours couché sur la terre battue face au ciel cette fois-ci. Les bras en croix, il regarde les étoiles.
— Garde à vous.
Aussitôt, on se redresse tous, on claque nos jambes l'une contre l'autre, et nous saluons nos Chefs.
Tous, sauf Brian...
Dans quelques heures, il aurait eu vingt-deux ans. La vie est vraiment une chienne. Alors, je m'en fous comme de l'an quarante d'obtenir une permission pour fêter Noël en famille.
Il faut être débile pour croire qu'une simple célébration peut faire oublier que des millions de gens souffrent et meurent dans l'indifférence générale. Mais apparemment, ce n'est pas bien grave tant que tous les autres mangent de la dinde fourrée à Noël !
Va te faire foutre toi et ton traîneau, je gueule en regardant le ciel. Mon meilleur ami vient de mourir et tous les vœux que je pourrais formuler ne le feront pas revenir.
Le champagne coule à flots, mes parents, mon frère et sa gonzesse sont là, il y a même ce couple que je ne connais pas. Un certain James Mayer et sa femme Éva.
Mais toutes mes pensées vont vers Brian... Il aurait dû être là, à côté de moi. Sa chaise est vide tout comme mon cœur.
Quand tout le monde sera couché, je viendrais te rejoindre. Je m'allongerai dans le jardin. Je regarderai les étoiles et je pourrai enfin fermer les yeux pour accueillir quelques heures de sommeil...
Mais cette chienne de vie en a décidé autrement et apparemment je n'en ai pas encore assez bavé. Des gémissements ? C'est bien ça qui vient de me réveiller ?
Putain, ça fait des semaines que je n'ai pas baisé. Et qu'est-ce que j'entends ? Les barrissements d'un éléphant ? Non, on dirait plutôt les ricanements d'une hyène... À part que ce soient les grognements d'une truie.
Qu'il abrège ses souffrances et que l'on en finisse. Je n'en peux plus de l'entendre glouglouter et gueuler le prénom de son mec toutes les dix secondes.
Il n'y a pas que la dinde qui s'est fait fourrer ce soir.
Joyeux Noël !
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➥ Le décor est planté. On dirait bien que Connor n'aime pas Noël. Pas plus que les dindes qui se font fourrer !
➥ Par contre, il est imbattable pour faire des pompes... Le Guinness des records n'a qu'à bien se tenir, Connor Williams est dans la place !
➥ Brian n'a pas supporté ce challenge et en est mort pour avoir trop poussé son corps. L'année dernière, Connor aurait dû passer Noël avec lui chez ses parents...
➥ Vous l'aurez compris, on va naviguer entre un humour du deuxième degré, voire noir, parfois. Et la mauvaise humeur de Connor. Pas de romance à l'eau de rose ou de chamallow à cuire dans la cheminée pour cette nouvelle histoire de Noël. Ce n'est pas mon genre 😎😇
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📍 On se retrouve le dimanche 10 à 11 h 00 pour le premier chapitre avec le point de vue de Connor.
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❄ Bonne journée, mes Christmas Love, gros bisous 🎅
✨ Kty.Edcall.Autrice ✨