We Are Bonnie And Clyde ( Part 5 : Keep Going Better )

5.15

Tous les ans, au lycée, il y a un bal pour la Saint Valentin : le Valentine's Annual Ball. Nous sommes encore à quelques jours du 14 février mais il y a deja des dizaines de guirlandes de petits coeurs dans tous les couloirs, des dessins roses et rouges sur toutes les portes, des boîtes aux lettres spéciales valentins secrets où les ados viennent déclarer mystérieusement leur flamme à celui ou celle qui les intimident trop pour qu'ils puissent lui dire en face, des boites de chocolats en vente près du self, des bouquets de fleurs pas assez garnis pour être vraiment jolies... le lycée empeste le romantisme et les histoires à l'eau de rose à plein nez. Mais c'est comme ça tous les ans, et je pourrais presque y être habitué. Je le pourrais vraiment, mais pas cette année là. Je ne suis plus dans cette spirale infernale de pleure et d'angoisse depuis au moins un mois, cependant, si je pouvais éviter d'être noyé sous des paillettes roses et des ballons rouges parfumés, je préférerais vraiment.
Les fêtes de Noël n'ont pas été aussi jolie que l'année d'avant et je pensais que le début de 2015 serait génial, comme une sorte de renouveau... mais en fait, non. Les examens qui approchent me stressent énormément, les prochaines demande d'accès aux facultés aussi. Sans parler du fait que mes copines sont toutes surexcitées à l'idée d'aller au bal de la saint Valentin avec leur chéri et que moi, pas du tout. Je ne suis pas jalouse, je suis très heureuse pour elles, mais j'aimerai bien l'être pour moi et pour l'instant, ce n'est pas encore ça. Maman dit qu'une rupture est comme un deuil et qu'il faut un certain temps pour s'en remettre. Mais je suis séparé de Zack depuis presque 3 mois et ça ne passe toujours pas. Je pleure beaucoup moins et il m'arrive même de ne pas le faire quand je pense à Zack, et pourtant je pense encore très souvent à lui. Mais je ne peux m'en prendre qu'à moi même et la saint Valentin, ce n'est qu'un jour par an. Le lycée s'y prend très à l'avance mais techniquement, ce n'est qu'un jour par an...
Je referme mon casier, une fois tous les manuels dont j'aurai besoin dans mon sac, et fait quelques pas avant de tourner la tête et de m'arrêter devant une affiche rose, rouge et blanche, abritant des photos et un texte brillant :

" Projection de Coup de Foudre à Notting Hill dans l'amphithéâtre B le jeudi 12/02 à 20h00."
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" Projection de Valentine's Day dans l'amphithéâtre B le vendredi 13/02 à 20h00."
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" Valentine's Annual Ball le samedi 14/02 à partir de 19h00. Glace, cocktail sans alcool, photomaton, pizza, DJ... Venez nombreux !"

Je soupire et râle un peu, le visage enfouie dans mon écharpe douillette, sans bouger. Et j'entend Saddy m'appeler puis se rapprocher de plus en plus de moi pour finalement se coller contre mon bras.

_ quoi ? Tu comptes y aller ?
_ non.
_ Sara aimerait que nous allions voir Valentine's Day, mais je n'aime pas Jessica Biel.
_ moi, je n'aime pas la Saint Valentin.
_ tu n'aimes plus la Saint Valentin.
_ j'ai toujours trouvé ça trop commercial pour être mignon.
_ quand Leeron t'avais offert une boîte de chocolat en forme de petit coeur, tu ne trouvais pas ça si commercial que ça.

Je roule des yeux.
Je n'étais pas amoureuse de Leeron et j'avais seulement 15 ans, cette boîte de chocolat en forme de coeur représentait absolument tout ce que j'espérais et ce que les films à l'eau de rose m'avait fait espérer de l'amour et des relations " de couple " si ma petite histoire à Leeron et moi peut être appelé comme cela. Je l'avais caché dans mon sac puis dans ma chambre pour ne pas que maman l'a voit et ne me dispute et je n'avais pas mangé un seul chocolat, pour ne pas avoir à jeter cette boîte un jour ou à oublier les formes craquantes de petits coeurs, petits nounours ou petites étoiles des chocolats noirs, au lait ou blanc. Au final, je l'ai jeté, cette petite boîte, parce que je me suis séparé de Leeron et que savais qu'un jour ou l'autre, je rencontrerai quelqu'un d'autre. Et j'ai rencontré Zack... mais la jeter m'avait fait un petit pincement au coeur. C'était mon premier cadeau de Saint Valentin... et mon seul, tout court.
Je regarde encore un peu l'affiche et tourne les talons, suivi de près par Saddy, qui se cramponne à mon bras comme si elle avait peur de me perdre au milieu de la foule. Il y a du monde dans le couloir mais pas au point de pouvoir me perdre de vue.