Chapitre 42

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L'agitation, les bruits de pas dans tous les sens et les coups frappant à ma porte furent ce qui me tirais de mon sommeil.
Les yeux encore rouges à cause de mon affreuse soirée de la veille, je me levais telle une larve, m'appuyant avec mes mains.

Et je déchantais bien vite.

Le visage crispé de douleur, j'amenais mon poignet devant mes yeux, et me rappelais ce qu'il s'était passé.
Ma main était désormais gonflée, violette.
Super.
Soupirant de lassitude à l'idée de devoir peut-être porter un plâtre, un énième coup sur ma porte me rappela que quelqu'un attendait derrière celle-ci depuis une bonne dizaine de minutes déjà.
Traînant les pieds, je me dirigeais vers elle puis l'ouvris, tombant nez-à-nez sur Izo, le visage grave et légèrement énervé.

- « Bon sang ça fait une heure que je toque ! »

Trop fatiguée pour me moquer de son exagération, je le fixais simplement, toute âme ayant quitté mon corps.
Face à ma non-réaction, le 16ème commandant me traîna avec lui sans un mot de plus, vers ce que j'imaginais être le lieu de l'agitation.
Je me serais beaucoup faite traîner cette semaine.

Arrivant enfin sur le pont, toujours sans émotions pour ma part, c'est un Ace extrêmement énervé qui vint à notre rencontre, et qui m'offrit un magistral coup de poing me faisant tomber par terre.
N'essayant même pas de comprendre le pourquoi du comment, je restais au sol en position assise, essuyant le sang qui commençait à couler de mon nez avec le revers de ma manche.
Encore plus énervé de constater que je ne réagissais pas face à sa colère, il me prit par le col et me souleva avec force au niveau de son visage.

- « Tu le savais non ?! Pourquoi t'as rien fait ?! »

Comprenant très bien à quoi le commandant faisait référence, je baissais les paupières, et laissais seulement une larme dévaler ma joue.
Mon sentiment de la veille n'était donc pas infondé. Il s'est réellement passé ce que je pensais, pendant que je dormais, enfermée dans ma chambre.

- « Ace... Il est mort, c'est ça ? »

La surprise était visible sur son regard. Il ne s'attendait certainement pas à ce que je pose cette question, qui lui mit une claque mentale indirectement.
Cette simple question le mit face à la situation. Il ne pouvait pas se mentir indéfiniment.

Thatch était mort. Poignardé.

Son ami, son frère s'était fait poignarder par un autre soi-disant « camarade ».
Tout ça pourquoi ? Un stupide fruit du démon.
La colère et le désespoir l'envahissait. Il baissa la tête et me lâcha, laissant mon corps tomber au sol, à genoux. S'accroupissant devant mon visage, je fermais instinctivement les yeux, prête à recevoir un autre de ses coups de poings, que j'aurai amplement mérité.
Constatant que rien n'arrivait, je les rouvris, et fis face au visage peigné de tristesse d'Ace.

- « Pourquoi tu n'as rien fait alors que tu étais au courant ? Tu savais ce qu'il allait se passer n'est-ce pas ? »

Sa voix était cassée, toute trace d'agressivité y avait disparu, et seule le chagrin y était présente. Face à ce spectacle accablant, je fus comme frapper par la réalité, et toutes les émotions négatives me revinrent en pleine face.
Voulant donner une réponse, la raison, une excuse de n'avoir rien pu faire, ma bouche s'ouvrit mais aucun son n'en sortit, à part des sanglots, que je fus incapable de retenir. Mon visage était désormais inondé de larmes.

Relevant les yeux, essayant de voir à travers celles-ci, je vis des marins prendre le corps maintenant sans vie du cuisinier sous un drap blanc, et l'emmener à l'intérieur du bateau.
Pas un pirate ne souriait, tous avaient le visage grave, même le capitaine. Celui-ci ne disait rien et ne bougeait pas, mais on pouvait très bien apercevoir une larme perler au coin de ses yeux.

Un monde parallèleWhere stories live. Discover now