Mai - 7 (1).

164 16 12
                                    

Victor expira lentement, une fois un pied à terre. Il avait fallu toute sa patience et son self-control pour ne pas céder à l'envie de révéler à Yann où ils allaient. Il voulait que la surprise soit complète. Heureusement, il n'avait visiblement pas à s'en faire. Alors qu'ils avaient en vue l'immense bâtisse et ses tours anciennes, son compagnon s'était confondu en bégaiements et en regards stupéfaits.

Le silence de Yann durant une partie du trajet l'avait un peu déstabilisé mais ce baiser lui avait redonné confiance et assez de force pour manier d'une main de maître la suite des opérations. Malgré le soutien évident de Valérie et Pauline, Victor voulait absolument rester le capitaine de cette journée. Il se félicita d'avoir à peine trembler lorsqu'il avait serré la main des deux employés qui les attendaient et les escortaient à présent vers l'angélique forteresse.

Les deux femmes marchaient un peu à l'avant, échangeant des banalités avec l'escorte du groupe. Yann, un air béat sur le visage que Victor ne lui connaissait pas, commentait la beauté des lieux avec joie.

— C'est magnifique ! On dirait que tout est à sa place, comme dans un rêve. Incroyable. Tu en as d'autres, des surprises comme ça ?

— Peut-être, répondit-il distraitement.

— Oh, allez, Tor ! Tu ne veux pas me le dire ? Et comment t'as fait pour avoir un château ? Tu m'as caché que tu étais de sang royal ou quoi ?

— Non. Je suis bien un gueux, si ça peut te rassurer. Mais je ne te dirai rien. Après tout, un magicien ne révèle jamais ses secrets.

— T'es pas drôle, grogna Yann, bougon.

Victor n'eut même pas besoin de répondre ; une autre beauté captiva son blondinet, qui repartit alors dans une autre série de louanges pour décrire ce qu'il voyait. Il n'avait jamais admiré un lieu si beau. Le simple regard de Yann, pétillant, brillant de malice, se suffisait à lui-même.

Un petit sourire apparut sur son visage, quand ils aperçurent enfin le portail menant vraiment dans l'enceinte du château. Tout ici était dans la démesure ; de trois fois leur taille, les grilles ténébreuses se tenaient avec autant de prestance qu'un membre de la famille royale lui-même. Les jardins qui s'étendaient par-delà ce dernier resplendissaient et laissaient flotter un doux parfum fleuri.

— Nous voilà arrivés, informa le gardien. Nous allons vous laisser avec madame Dubreuil, la guide du château.

Madame Dubreuil s'avança pour saluer le petit groupe. C'était une dame enjouée, visiblement ravie de présenter ce lieu aux visiteurs. Son visage respirait la bonne humeur, bien que réservée, une réserve due à l'énergie de cet endroit si particulier. Victor s'amusa de voir que derrière ses lunettes se cachaient deux iris lui rappelant follement ceux de son petit ami.

La traversée des jardins, sculptés à la française, se déroula sans encombre. La guide, Mélanie selon son badge, les abreuva d'une série de détails sur la conception du château et des anecdotes sur ses abords. Victor grimaça en apprenant le prix exorbitant de la fontaine, qui, fallait-il bien l'avouer, lui plaisait beaucoup.

Leur évolution au coeur de ce dédale vert se ponctuait d'anecdotes plus croustillantes les unes que les autres. Victor fit un bond sur le côté, surpris par un bourdonnement infernal. Quelle plaie, ces insectes ! Il en profita pour se coller un peu plus à son petit ami. Ses doigts, taquins, s'enroulèrent autour de ceux du blond qui comprit vite la manœuvre dont il était la cible. Il lui offrit un sourire. Le genre de sourire qui ferait pâlir une étoile.

Bien vite, ils quittèrent la tranquille beauté de l'espace verdoyant pour se retrouver face à l'extravagant orgueil de la bâtisse. Trois étages de luxe se dressaient sous leurs yeux, trois étages encadrés par plusieurs tours aux créneaux blancs, trois étages qui avaient accueilli de nombreux bals costumés et autres dîners luxueux.

Lie tes raturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant