Mars - 11.

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On ne pouvait clairement pas dire que c'était une bonne surprise. Retrouver Doriane ici, ça sentait les ennuis à plein nez.

— Qu'est-ce que vous faites là ? demande-t-elle.

Ni Victor ni Pauline ne répondirent tout de suite, encore choqués de la vision qu'ils avaient eu.

— Je vous ai posé une question. Vous avez perdu votre langue, ou quoi ?

— C'est plutôt à nous de te demander ça, lui répondit Pauline. On ne savait pas que madame aimait les soirées karaoké. Surtout quand ce sont des mangas. Ce monde n'est pas fait pour toi, si je me souviens bien. Trop coloré. Et un peu trop authentique.

— Je n'ai jamais dit que je détestais. J'en trouve certains juste trop simplets. Bon, vous n'avez pas répondu à la question.

— On fait la même chose que toi, je suppose, répliqua Victor. Maintenant, t'es bien mignonne mais on n'a pas de temps à perdre, si ça te dérange pas. On est occupés.

— Ah vraiment ? Tu cherches quoi ? Ton doudou ?

Le brun ne se laissa pas démonter par l'affront de son ennemie.

— Oui, mais pas celui auquel tu penses. Celui que je cherche est blond, a un cerveau plus gros que le tien et visiblement, c'est le gardien des enfers puisqu'il a son petit chien qui traîne dans nos pattes.

— Fais gaffe à ce que tu dis, persifla Doriane.

— Sinon quoi ? ricana Pauline. Tu vas le gifler avec tes ongles de sorcière ?

— Peut-être que tu seras la suivante.

— Ah, ça, ça m'étonnerait.

Les deux femmes se lancèrent des éclairs. Certains visages s'étaient tournés vers elles, curieux de ce changement d'atmosphère. Elles se tenaient légèrement courbées, prêtes à se jeter dessus.

— Bon, ça suffit, Pauline, intervint Victor. Ne perds pas ton temps. Allons-y, je l'ai perdu de vue.

— T'as raison, allons-y.

— Si c'est Yann que vous cherchez, il est un peu occupé. Je ne suis pas sûr qu'il apprécierait d'être dérangé dans ses retrouvailles.

— Comment ça ? Qu'est-ce que t'en sais ? demanda Victor. Tu connais ce gars ?

Doriane acquiesça.

— Alors c'est bien Mathéo ?

— Oh, je vois qu'il vous en a déjà parlé, répondit Doriane, à moitié sérieuse. Vous avez vu comment il en parlait ? C'est un conseil que je vous donne : attendez un peu. Et t'inquiète pas mon chou, ce n'était pas son ex. En quelque sorte.

— En quelque sorte ? répéta Victor d'une voix blanche.

— Tu fais exprès de ne pas être claire ? siffla Pauline. C'est bien ton genre, tiens.

— Pourquoi n'arrêtes-tu pas de me prêter des intentions que je n'ai pas, ma chère ? Je connais un peu les deux pour savoir qu'ils n'étaient pas ensemble. Par contre, même si je sais que Yann n'avait pas de sentiment pour lui la dernière fois, on ne peut pas ôter un doute.

— Raison de plus pour qu'on ne t'écoute pas et qu'on y aille.

— Raison de plus pour que vous restiez, tacla Doriane. Je le connais un peu. Je vous l'ai dit : ce n'est qu'un doute, une hypothèse, qui, vu ce que je vois aujourd'hui, ne risque pas de se produire.

Doriane soupira. Les trois s'écartèrent pour laisser passer un petit groupuscule qui passait.

— J'ai bien du mal à l'admettre mais c'est comme ça : je crois qu'il t'apprécie vraiment, dit-elle à Victor. Ce que je ne comprends pas, d'ailleurs.

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