Mars - 9.

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Pour la troisième fois d'affilée, Victor laissa son doigt appuyé sur le bouton à côté de la porte. Un soupir agacé s'échappa de ses lèvres, alors que la sonnerie retentissait encore sans trouver de réponse.

— Mais qu'est-ce qu'elle fout ? ronchonna-t-il.

Des voix s'élevèrent de l'autre côté de la porte et cette dernière s'ouvrit à toute volée. Le jeune homme écarquilla les yeux, surpris par le spectacle qui s'offrait à lui. Sur le perron, ce n'était plus la Pauline qu'il connaissait qui tenait la porte mais une jeune femme en robe blanche unique, comme une robe de mariée, tenant d'une main la poignée et de l'autre, un sceptre remontant en un cercle rappelant symboliquement des ailes de chouette. La jeune femme sourit à l'arrivant, retenant la porte de son pied pour écarter une mèche de cheveux violette qui lui tombait devant les yeux.

— Euh... Je suis bien chez Pauline ?

— Non, brave chevalier... Tu es sur les terres d'Athéna.

L'être qui se tenait devant Victor avait prononcé ces mots d'une voix douce et ferme, teinte d'une autorité qui ne saurait être feinte. Le garçon arbora un petit rictus, bien qu'un doute commença à s'immiscer dans son crâne.

— Hein ?

— Mais bien sûr que c'est moi, abruti ! dit la déesse.

— Et pardonnez mon impertinence, mais est-ce dans vos habitudes de laisser vos hôtes dans le froid ?

— Eh ! Je ne retrouvais plus mon sceptre. Comment aurais-je pu t'ouvrir sans mon sceptre ?

— Donc ça justifiait de me laisser aux prises du froid glacial d'Asgard ? se plaignit le brun. Aïe ! ça fait mal, ton truc !

— Oui, c'est du plastique, et c'est l'arme d'Athéna, en même temps. Tu veux un bisou divin ? C'est un bisou magique en amélioré. Profite, à la fin de la semaine je reprends ma couleur de cheveux ordinaire et je perds mes pouvoirs magiques.

— Je voudrais surtout que tu me laisses entrer, je me les gèle !

Pauline s'écarta et son ami s'engouffra à l'intérieur de la maison ; les deux adolescents se firent la bise.

— Qu'est-ce que je déteste le froid, grommela-t-il.

— Je sais, je sais. Tu veux boire quelque chose ?

— J'aimerais bien, mais on n'a pas vraiment le temps en fait.

— Pourquoi ? On peut le prendre, le temps !

— Je ne suis pas vraiment sûr que Yann va apprécier, fit Victor. Il peut se montrer particulièrement grognon quand il le veut...

Mais le brun n'eut pas le temps d'opposer plus de résistance. Pauline le poussa doucement vers la cuisine, une main dans le dos. Un sourire traversait son visage.

— Mais non ! Je te promets, il sera très mignon, avec moi. Et puis s'il n'est pas content, c'est pareil. Il nous a donné rendez-vous vingt minutes avant l'heure du début du karaoké. J'ai vérifié.

— Ah, le fourbe !

— En même temps, si tu n'étais pas autant en retard, il n'aurait pas à donner des horaires qui ne correspondent pas.

— Et qui veut me faire prendre un thé et nous faire perdre l'avance qu'on a ?

— Tais-toi et avance.

— Oui, chef !

Une fois arrivés dans la pièce, les deux adolescents s'installèrent sur la table, placée au centre. Sur cette dernière, plusieurs cahiers et crayons étaient éparpillés de façon à former un joyeux bordel. Pauline grimaça et commença à les refermer.

Lie tes raturesWhere stories live. Discover now