⚜️ | « Sacrilège » T1 : Résignation [Terminé/En Cours De Réécriture]

⚜️ | CHAPITRE 12 (2) 🥀

Ambre continue de parler, me rappeler notre journée de jeudi - la seule durant laquelle je n'ai pas vu James -, mais je ne l'écoute que d'une oreille distraite, l'esprit à dix milles lieux de son récit, perdu à la contemplation de mon adoré. Je rêve de pouvoir passer chaque seconde de mon existence à ses côtés, apaiser indéfiniment ma souffrance auprès de lui et goûter à son amour pour moi. Après tout, je commence presque à y croire, à ce doux rêve qu'il me laisse entrevoir...

- Oh, shit ! Lisa, il est déjà quatorze heure, tu dois pas aller retrouver ton ami ?

Ami.

C'est ainsi que j'ai nommé James auprès de ma camarade, trop hésitante pour oser mettre un autre mot sur notre relation, trop égoïste pour partager la langueur de son nom que je suis la seule à pouvoir savourer.

- Mince ! Déjà ? Je suis désolée, je dois te laisser...

Je dois bien admettre que le temps passé en sa compagnie ne s'écoule pas de la même façon que lorsque je suis seule. Comme si sa présence détenait l'incroyable capacité de déplacer l'aiguille des minutes, de sorte qu'une heure s'écoule plus vite auprès d'elle que vingt minutes plongée dans la pénombre de ma chambre, dans cette solitude qui m'entoure.

Et avec James... Ce n'est plus l'aiguille des minutes, mais celle des heures qui englouti avidement chaque seconde que l'on passe ensemble.

C'est toujours trop insuffisant, toujours trop rapide.

Tic tac. Tic tac.

Le temps ne nous attend pas, et nous, nous n'en avons que trop peu.

Tic tac. Tic tac.

Je ne compte plus nos instants de proximité, et pourtant...

Tic tac. Tic...

... il nous est compté.

Tac.

- ... pagne jusqu'au parking ?

- Comment ?

Le vent se lève, mon attention est attirée par les arbres dansant dans le dos d'Ambre, puis sur sa moue mi-irrité, mi-enjouée. Par-dessous sa frange immaculée, la braise de son regard étrange me consume de remords.

Je ne l'écoute même pas. Comment diable peut-elle encore me supporter et ainsi conserver son calme ?

- Je disais, se reprend-t-elle dynamiquement, est-ce tu veux que je t'accompagne ?

- Oh... Tu n'es pas obligée, tu peux rester assise là, si tu veux. Je connais le chemin maintenant.

- Sûre ? Parce qu'il y a quelques jours, c'était pas encore tout à fait ça, me chambre-t-elle tandis que je me lève.

- Certaine, rétorqué-je une ébauche de sourire au coin des lippes. À demain ?

Je commence à m'éloigner du banc, dans l'attente de sa salutation qui ne tarde pas à se faire entendre au creux de la brise, aussi enjouée qu'à son accoutume. Puis je longe la bâtisse qui nous fait fasse avant de m'en détourner et suivre le chemin de pavés conduisant au parking. Sur la route pour retrouver James, je me retourne une dernière fois pour entrevoir Ambre, et je vois une figure masculine se rapprocher d'elle.

Ah, oui.

Elle m'avait dit qu'un ami à elle devait également la rejoindre. Je suis soulagée si cela peut lui éviter de rester seule à cause de mon départ précipité. Une culpabilité dont je peux me défaire.

À une dizaine de mètres de ma destination, j'aperçois déjà la voiture de James garée juste à côté de sa place habituelle - cette dernière étant déjà prise - et surtout, je l'aperçois lui, adossé à sa portière, les yeux rivés sur son téléphone. Mon rythme cardiaque s'envole aussitôt alors que je m'embrase à la simple idée d'entendre sa voix, admirer ses yeux, son visage, sentir sa peau contre la mienne, sa chaleur m'envelopper exquisément...