⚜️ | « Sacrilège » T1 : Résignation [Terminé/En Cours De Réécriture]

⚜️ | CHAPITRE 27 🥀

Lundi matin. Il est dix heure moins le quart lorsque James me dépose sur le parking de Chester. Une dernière caresse sur ma joue, un sourire que je survole du mien, mes paroles languissantes s'échouent entre ses lèvres :

— À tout à l'heure, mon amour.

Je descends de la voiture, l'observe manœuvrer jusqu'à disparaître de mon champ de vision, mes poings crispés sous le manque que je ressens d'ores et déjà vibrer au creux de ma poitrine. Puis je me retourne en direction de mon bâtiment, résignée à ne pas le revoir d'ici les deux prochaines heures.

Marchant à pas comptés, les yeux rivés au sol, je me perds dans mes pensées. Celles-ci toutes dirigées vers James, les images de notre intimité défilent une à une dans mon esprit. Sous la douche, jeudi dernier. Et les jours qui ont suivi, dans notre lit, sans aller plus loin que ses doigts plongés en moi, ma paume autour de lui. Pour finir à moitié nus et essoufflés, son bras en travers de ma poitrine, sa main recouvrant parfois l'un de mes seins alors que je m'endors dos contre son torse.

Après l'avoir supplié de me faire sienne, le besoin de le sentir en moi trop viscéral pour être oublié, il m'a promis d'acheter de quoi nous satisfaire la prochaine fois qu'il ferait les courses. Et c'est aujourd'hui qu'il s'y rend, durant mes cours de la matinée pour ne pas empiéter sur notre temps passé ensemble. Il est en ce moment même sur le chemin du magasin.

Ce soir...

— Lisa, m'interpelle une voix bien trop familière.

Subitement tirée de mes songes lubriques, je n'ai pas le temps de ressentir la moindre once de pudeur que mon corps tout entier se rétracte, faisant volte-face dans une posture naturellement défensive. À mes devants, Allan, assis sur l'un des nombreux bancs qui bordent l'allée.

J'allais passer à côté de lui sans même m'en apercevoir.

Il a les mains plongées dans les poches de son manteau gris, le même que la dernière fois, et son visage impassible relevé vers moi.

— Tu te souviens de mon nom, maintenant, grogné-je en une pique irrépressible, sans autre alternative que le confronter.

Je ne peux pas le fuir, lui tourner le dos éternellement. Je le déteste pour ce qu'il a fait à James, pour tout ce qu'il m'a fait ressentir après autant d'années à croire aveuglément en lui, en cet ami que je chérissais tant, mais s'il est en mesure de me livrer la vérité, je dois l'écouter.

— Je voulais te dire, débute-t-il en déglutissant, je suis désolé pour la dernière fois.

Désolé ? Vraiment ?

Désolé d'avoir littéralement poignardé James ? De m'avoir étranglée et craché ces paroles cruelles et injustes ?

— Tu l'as déjà dit, eructé-je guère accoutumée à faire preuve d'autant de froideur. Et je ne suis pas là pour entendre tes excuses, Allan.

Seulement pour la vérité.

Il plisse imperceptiblement les yeux, ses iris plus verts que gris en cette journée sous le signe du soleil brillant d'une lueur étrange, méconnue, indescriptible et insaisissable.

— Tu m'as promis des réponses, précisé-je dans le doute de sa question muette.

Il confirme d'un hochement de tête, me priant de m'asseoir avant toute chose. Je m'exécute à contrecœur, peu emballée par l'idée de me tenir si près de lui.

— Est-ce que... tu peux au moins retirer tes mains de tes poches ?

Le coin de ses lippes se retrousse à ma demande, avant qu'il ne dévoile ses paumes dépourvues d'arme, à hauteur de son visage comme gage d'innocence.