⚜️ | « Sacrilège » T1 : Résignation [Terminé/En Cours De Réécriture]

⚜️ | CHAPITRE 18 (1) 🥀

Nous avons dîné dans une ambiance sinistre et maussade, pas moins étrange lorsque James tentait de faire la conversation au travers de sujets banals et tout à fait inappropriés à la situation actuelle. Le ragoût - dont je ne doute pas de la saveur - m'a rendu nauséeuse au point où chaque bouchée s'avérait être une véritable torture, tant et si bien que je n'en ai même pas mangé la moitié, en dépit de la maigre portion servie par James. Il a soupiré devant mon assiette, s'est abstenu d'un sermon déplacé avant de tout déposer dans la cuisine.

Puis je me suis rechaussée, manteau en main, et nous avons repris la route. Toujours ce terrible silence comme unique modèle de cette impasse à laquelle nous faisons face.

Une fois arrivés, j'ai espéré qu'il amorce ne serait-ce qu'un semblant d'approche à mon encontre, une façon de me dire au revoir. Qu'il m'enlace faiblement, m'effleure la joue, m'embrasse le front, le nez... la bouche. N'importe quoi pour me prouver que ce n'est pas terminé, qu'il m'accepte comme je l'accepte, et surtout qu'il s'accepte lui.

Mais rien ne s'est produit.

Pas même quand j'ai soufflé « À demain ? » dans une interrogation perceptible, mon corps le suppliant de cesser cette agonie. Il n'a fait que hocher la tête, sans un mot, osant à peine soutenir mon regard.

En sortant du véhicule, j'ai du lutter pour ne pas m'effondrer, me retourner et me jeter sur lui, mon âme en pleurs et désespérée de le savoir si loin de moi. Et dans un effort surhumain, je suis parvenue à rentrer chez moi sans flancher une seule seconde. Tel un automate, j'ai rejoins ma chambre, me suis devêtue, l'esprit vacant, le cœur absent. Et lorsque j'ai retrouvé mes draps, seulement à cet instant, le vide s'est emparé de moi, m'a désarmée et anéantie.

Mal. Si mal.

La nuit fut terrible et chaotique. Il était là. Encore. Toujours. À me posséder et me déposséder. Réduire ma carotide en un effroyable champ de bataille, ses crocs transpercant sans vergogne mon cou jusqu'à l'arrivée de James. Il m'a appelée, m'a chuchotée ses promesses viles et malsaines tandis que je tremblais d'angoisse. Puis sa main a plongé en moi, s'est saisie de mon palpitant qu'il a dévoré devant moi et devant James, mon amour au bord du gouffre, des sanglots abominables trahissant sa détresse.

Je me suis réveillée. En larmes, en sueurs et ma lame. Contre ma peau. Fort. Vite. Si fort et si vite que la brûlure m'a arrachée une complainte tortueuse et savoureuse. Si fort et si vite que j'en ai scandé mon injustice. Si fort et si vite que j'ai vainement prié James de se trouver à mes côtés, m'apaiser et me consoler.

Puis je me suis rendormie. Et réveillée. Et rendormie. Encore. Et encore. Jusqu'au petit matin. Mon téléphone en main, à me demander si James me rejoignait en début de matinée, avant mon cours de dix heure, ou s'il comptait m'attendre dans le seul but de me conduire au campus. Mon doigt suspendu au-dessus du petit téléphone vert, j'ai hésité, longuement, d'interminables minutes, mon portable basculant en veille avant que je ne le rallume, puis l'éteigne de nouveau pour finalement le rallumer. Une boucle infernale qui s'est éternité jusqu'à la réception d'un message du concerné.

« Je suis en bas » m'avait-il écrit. À neuf heure vingt. Trop tard pour me laisser entendre que nous allions nous promener avant d'aller à Chester.

Saisie d'une déception amère, je l'ai rejoint un nœud dans la gorge, me demandant s'il allait se trouver dans le même état d'esprit que lorsque nous nous sommes quittés la veille. Première désillusion : il n'était pas devant la porte, au pied de l'immeuble, contrairement à toutes ces autres fois où il m'y attendait dans l'espoir de me voir l'accompagner sans qu'il n'ait besoin de me le proposer. Non, il était adossé à sa voiture. Tout simplement. Ça aurait pu être pire : il aurait pu ne même pas daigner sortir de son véhicule, toutefois ce n'est certainement pas l'habitude qu'il avait adoptée ces dernières semaines.