⚜️ | « Sacrilège » T1 : Résignation [Terminé/En Cours De Réécriture]

⚜️ | CHAPITRE 29 🥀

Mes muscles tendus, je tente de le repousser, tout pour m'éloigner de cette douleur terrible pulsant dans mon cou, mais mon amour raffermit son étreinte, plonge ses canines plus profondément dans ma chair. Ma trachée est obstruée et je ne parviens plus à respirer. Étouffée, une brusque chaleur se répand de ma gorge jusque dans mon corps, me consume tel un brasier, une flamme éternelle que nul ne pourrait apaiser. Chaque cellule de mon organisme sur le point d'imploser, me réduire à l'état de charpie quand mon cerveau risque la combustion.

Je ne sens plus mes membres. Le lit se dérobe sous mon corps et James disparaît à son tour lorsque j'ai la sensation de me désintégrer. Je flotte, erre dans l'enfer durant une éternité, entre bûcher et gouffre infernal qui m'aspirent, brisent mes os, déchirent mes muscles et broient mes organes pour les distordre, puis les ressouder dans un cercle perpétuel de souffrances incommensurables et sans fin.

Jusqu'à ce que la voix de James me parvienne, douce, attirante et préoccupée. Peu à peu, les flammes de mon esprit s'estompent, me délaissent dans un état apathique sans conscience de la réalité. Engourdie, le fil de mes pensées léthargique, c'est à peine si je distingue les faibles caresses de mon amour.

À semi-éveillée, des images troubles et confuses défilent sous mon crâne, l'ébauche de mes souvenirs d'enfance. J'avais mal, atrocement mal, mon cœur aussi torturé qu'aujourd'hui, vide et arraché. Je m'en souviens, je n'ai jamais oublié cette douleur. Toute petite déjà, elle me hantait, me tuait. J'étais seule, si seule... Tandis que mon grand-frère me bercait contre lui, me soufflait des paroles réconfortantes.

- Je suis là, Lisa...

Ma tête tourne, tourne, tourne lorsque j'essaye d'ouvrir les yeux, trop ancrée que je suis à ces réminiscences nébuleuses, incertaines. J'étais trop jeune à mon arrivée dans l'orphelinat, ma seule certitude cette douleur omniprésente depuis ma naissance quand j'ai tout oublié de ma famille biologique au gré des jours. Alors qu'est-ce que...?

Je ne parviens pas à bouger, ne serait-ce qu'élever mes mains. Mes voies respiratoires me semblent encore enflées, brûlantes et asséchées, alors qu'un élancement aiguë étire mes gencives. Un écho sourd résonne dans mon esprit, répétitif, attrayant, ô combien plaisant...

J'avais des parents. Ils essayaient de nous rendre heureux, mon frère et moi. Mais ça a toujours été moi, le problème. Parce que j'avais toujours mal. Parce qu'il était toujours là, dans ma tête, dans mes rêves, dans mon cœur.

Je ne comprends rien...!

Lentement, ma vision floue me laisse deviner le visage de James penché sur moi, ses doigts écartant des mèches de cheveux égarées sur ma joue rougie.

J'ai... soif. Tellement soif. Tellement mal, aussi. Comme si mes organes se décomposaient un à un, que je menaçais de les recracher alors que mes dents me semblent arrachées et mon ouïe isolée par ce son si captivant.

Boum boum. Boum boum. Boum boum...

Il était toujours là pour moi, le seul à compter vraiment, le seul à ne jamais m'abandonner. Et parfois, il était obligé de faire ce qu'il déteste le plus, rien que pour moi. Parce que ça m'aidait, parce que je n'avais plus mal, parce que j'oubliais.

Je sais... Je sais, mais pourquoi ?

Cette fois, je recouvre enfin la vue, et les iris de James mêlés d'or, de miel, d'ambre et de soleil sur un nappage aux milles nuances de chocolat noir m'émerveillent dans l'obscurité ambiante quand j'en distingue le moindre filament. Ses longs cils effleurent parfaitement la courbe de ses pommettes, ces dernières traversées par des sillons de larmes échouées sur ses lèvres rougeâtres, trop foncées pour l'être naturellement. Une odeur métallique me chatouille les narines, étrangement familière.