⚜️ | « Sacrilège » T1 : Résignation [Terminé/En Cours De Réécriture]

⚜️ | CHAPITRE 5 (2) 🌹

Assez rapidement, nous croisons le panneau de sortie de la ville de Scarisbrick pour entamer quinze minutes de grande route jusqu'à Edge Hill. J'hésite à lui demander s'il connaît le chemin, mais je me rétracte à la dernière minute : il me le demandera s'il en a besoin. Les arbres défilent au-dehors sans que je ne parvienne à me concentrer sur ces paysages verts. James est à côté de moi. À seulement un mètre.

Et s'il devenait ce monstre ?

Un frisson me dévale l'échine tandis que je balaye cette idée. Il n'est pas réel. Il est simplement le fruit de mon imagination, rien de plus. Il n'est qu'un cauchemar, une illusion. Il n'existe pas.

Comme lui, et pourtant...

— Ça te dérange tant que ça, d'aller à Warrington ?

Surprise par son intervention, je relève la tête vers lui. C'est plus fort que moi, je suis obligée d'admirer la courbe parfaite de sa mâchoire, celle de ses lèvres fines que j'imagine un peu trop bien embrasser mon corps dans une tendresse, une dévotion à m'en faire perdre la tête. Je contemple son profil masculin et m'imagine le survoler du bout des doigts, sentir le velouté de sa peau caresser mes paumes alors qu'il m'enlace délicieusement contre lui.

Si seulement il pouvait m'aimer comme je l'aime.

Je déglutis en m'auto-flagellant, paupières closes, tout pour me reprendre et m'éloigner de ces pensées si impures, ce désir irrépressible que je nourris pour lui.

— Pas vraiment. Je vais juste devoir prendre de nouvelles habitudes, une nouvelle routine. Et je vais devoir adapter mes cours, aussi.

James me regarde, incrédule.

— My... Lisa, ne me fait pas croire que les cours t'intéressent.

J'ai bien envie de lui rétorquer qu'il n'en sait rien, qu'il ne me connaît pas, mais ce serait remuer le couteau dans la plaie infectée de ma poitrine. Aussi, j'ignore sa remarque et opte pour un changement de sujet, une question simple à laquelle je n'ai pas encore eu de réponse satisfaisante.

— Excuse-moi, c'est très probablement indiscret de ma part, et inconvenant, aussi, et...

— Oui ?

— Je peux te poser une question ?

J'ai l'impression de voir le coin de ses lippes se retrousser.

— Je t'en prie.

— Quel âge as-tu ? Je veux dire... Tu as l'air jeune, et papa n'est pas... Enfin, tu sais. Donc je me demandais comment vous vous connaissiez...

Je parle trop. Beaucoup trop.

— Ça fait plus d'une question, ça, ricane James. D'après toi, tu me donnerais combien ?

— Je ne sais pas, la vingtaine... Je n'ai jamais été très douée pour deviner l'âge des gens.

— C'est une belle fourchette mais tu y es : j'ai vingt-et-un ans. Et je connais Stefan depuis que je suis tout petit, c'était un ami de mes parents.

Leur conversation me revient en mémoire. Mon père leur a fait une promesse qu'il s'efforce de maintenir aujourd'hui, sûrement cela concerne-t-il James. Mais pourquoi n'ai-je jamais entendu parler d'eux s'ils s'entendaient si bien ?

— Était ? Ils ne se parlent plus ?

— Ils sont morts.

Seigneur.

Je me sens pâlir dans la seconde, idiote comme jamais de ne pas avoir pensé à cette possibilité et abordé le sujet avec davantage de tact.

Quel malaise...! Lisa, tais-toi. N'ouvre plus la bouche si c'est pour jeter un tel froid ! On se croirait à la banquise...