⚜️ | CHAPITRE 8 (1) 🥀

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Une demi-heure avant le commencement du cours, je cherche le bâtiment du domaine artistique, privilégiant la ponctualité à mon découragement croissant. En avance d'une vingtaine de minutes, j'attends patiemment l'arrivée de mon nouveau professeur et des autres étudiants. Ces derniers qui ne tardent pas à se présenter les uns après les autres devant la porte blanche. Se connaissant tous, je les vois du coin de l'œil se saluer avec plus ou moins d'entrain. Finalement, notre professeur Mr Beauvilliers se présente à l'instant même où la sonnerie retentit dans l'enceinte de l'université.

J'apparais devant lui alors qu'il dépose ses affaires, et il me prend immédiatement en charge. Il me présente d'abord brièvement à l'ensemble de la classe comme leur « nouvelle camarade », puis me propose de m'asseoir où bon me semble. Une fois les consignes délivrées afin d'amorcer la dynamique du cours, il me rejoint pour m'apprendre ce qu'ils font actuellement, et ce qu'ils ont déjà terminés du programme. Après quelques questions auxquelles je ne parviens pas à dissimuler mon manque d'enthousiasme flagrant concernant mes études, mon choix d'orientation et mes motivations, il n'insiste pas davantage.

Ainsi, il conclut seulement qu'il me suivra tout particulièrement les premières semaines afin d'évaluer mes capacités et me permettre une meilleure intégration. Un bon professeur comme il en manque souvent dans les matières les plus intéressantes. Peu assidue, je ne parviens pas à demeurer concentrée plus de cinq minutes, et les deux heures sont encore plus longues que je ne l'appréhendais. Jusqu'à ce qu'enfin, midi sonne et réveille mon esprit engourdi.

Dans un empressement que je me refuse à comprendre, je sors à la hâte du bâtiment, téléphone en main ouvert sur un contact bien précis. Dois-je l'appeler ? Je pourrais aisément lui faire croire que j'ai oublié. Quoique, encore faudrait-il qu'il revienne vers moi. Après tout, nous ne sommes que de simples connaissances, rien ne le lie à moi - si ce n'est Stefan. Notre relation ne tient qu'à un fil, et il ne me suffirait de pas grand-chose pour le rompre. Je ne veux pas qu'il reste exclusivement pour Stefan. Je devrais pouvoir le convaincre que mon père ne serait pas offensé s'il me laissait. Ce n'est pas si difficile...

Mais désiré-je seulement ne plus le revoir ? Après toutes ces années à rêver de lui, je ne peux pas l'effacer de mon existence. L'abjurer reviendrait à démentir cette souffrance que j'endure depuis toujours. Ça m'est impossible. Hors d'atteinte quand je suis trop faible pour avancer.

Les mains tremblantes, mon pouce survole le petit téléphone vert et il est déjà trop tard pour rebrousser chemin : son contact s'efface pour dévoiler l'affichage d'appel. Il me faut quelques millièmes de secondes pour comprendre que je l'appelle. Aussitôt, je porte mon cellulaire à mon oreille - ce dernier sur le point de me glisser des doigts.

Biiiiiiiiip...

Va-t-il répondre ? Et s'il raccrochait volontairement ? Peut-être a-t-il oublié...

Biiii...

- Allô ?

Seigneur. Je ne ressemble plus à rien d'autre qu'une flaque difforme. À moins qu'il ne s'agisse de mon cœur baignant dans les litres de sang que j'ai versé ?

- Lisa ? C'est toi ?

Répond. Répond. Répond !

- Lisa ?

J'entends l'espoir mourir sur ses lèvres dans un silence qui se prolonge. Ce mutisme qui m'emprisonne lorsque je peux savourer sa dévotion à mon égard. Pas un mot, pas un soupir. Un seul sanglot, remord de ma peine et ses mensonges.

- J'arrive. Tu es bien à Chester ?

Le vent souffle sur mes joues humides, pousse mon cœur dans le vide.

⚜️ | « Sacrilège » T1 : Résignation [Terminé/En Cours De Réécriture]Where stories live. Discover now