⚜️ | « Sacrilège » T1 : Résignation [Terminé/En Cours De Réécriture]

⚜️ | CHAPITRE 10 (1) 🥀

Mes paupières s'entrouvrent doucement dans la pénombre. Mes yeux encore ensommeillés tombent sur l'oreiller à ma droite, puis sur le mur. Des fourmillements chatouillent mes mollets et mes bras, tandis que la brume de mon esprit s'efface peu à peu jusqu'à ce que je sois suffisamment éveillée pour commencer à me lever. À la seconde où je m'étire, je me stoppe net : chacuns de mes muscles sont aussi tendus que la corde d'un arc, comme courbaturés après un effort que je n'ai pas fourni. Un élancement aiguë me ronge l'avant-bras, si bien que j'en perds toutes mes forces. Je tente de me redresser sur mon coussin, ou ne serait-ce que lever la main et trouver mon cellulaire, en vain.

Finalement, et après moults essais, je parviens enfin à m'asseoir au bord du lit. Mes jambes pendent mollement au-dessus du sol, et je me penche sur mon chevet afin de me saisir de mon téléphone - ce tiraillement douloureux toujours omniprésent dans mon bras. Il est tout juste six heure, et je peine sérieusement à comprendre mon état de fatigue anormal. Une migraine impressionnante m'empêche de réfléchir correctement. À l'aide de mon flash, je me dirige dans ma salle de bain où j'allume la lumière. Lorsque j'arrive devant ma glace, je baille à m'en décrocher la mâchoire, et passe une main fébrile sur mon visage. Puis je rouvre mes yeux.

Mon bras. Bandé.

Quoi ?

Mes sourcils se froncent, je m'écarte. Du bout des doigts, j'effleure la gaze enroulée de mon poignet à mon coude. Un éclair surgit dans mon esprit : je me vois étendue au sol, larmoyante et souffrante, mon bras découvert en charpie après mes coupures incessantes... Oh Seigneur. Ce n'est pas possible. Ce n'est qu'un rêve, non ? Non...?

Je me raccroche à la vasque blanche, chancelante. Les souvenirs de la veille m'assoment soudainement les uns après les autres. Mon cauchemar différent, si différent des autres fois... Ma folie, ma souffrance, ma résignation. Est-ce vraiment arrivé ? Et mon bras... D'une extrême lenteur, je déroule la bande de soie, couche après couche, jusqu'à finalement dévoiler mon atrocité. Je plaque brusquement ma main devant mes lèvres, à deux doigts de recracher mes tripes dans l'évier au-dessus duquel je me courbe dans d'abominables soubresauts.

Mes croûtes horizontales que j'ai toujours trouvées si belles sont désormais balafrées de parts et d'autres par des entailles profondes, larges et encore rougoyantes de cette nuit, seulement refermées à l'aide de straps. Elles n'ont aucun sens, aucune logique. Je ne les ai pas souhaitées, jamais. Je voulais seulement trouver la paix, ne plus souffrir... Mon cœur se crispe, et je peux presque le visualiser, un sourire en coin absolument terrible, l'air de me dire « tu vois, tu ne peux rien faire pour te sauver ».

Aussitôt que ma nausée s'est dissipée, je m'attelle à rebander mon bras comme je l'ai fait précédemment. Parce que je suis celle à l'avoir fait, non ? Je n'en ai pas le moindre souvenir, mais c'est moi. Ça ne peut qu'être cela. Qui d'autre, sinon ?

J'enroule doucement mes plaies, et lorsque j'arrive à l'extrémité du tissu, je réalise honteusement que mon bandage est aussi ample qu'un élastique craqué. Je réessaye une seconde fois, puis une troisième, encore, mais rien n'y fait. J'ai toujours été nulle à cela, et pourtant, ce n'est pas faute de m'y être exercée à force de coupures trop sanglantes. Alors comment ai-je pu si bien le réussir cette nuit ? J'étais tellement faible... Comment suis-je parvenue à me relever, panser si parfaitement mon bras, nettoyer le sang... L'ai-je nettoyé ?

Je me précipite sur le seuil de ma chambre, allume la lumière, et fixe mes pieds. Rien. Pas une seule goutte. Mon sac de cours est déposé sur mon bureau - lequel je me souviens est tombé dans un lourd fracas à quelques centimètres de mon visage -, et ma trousse est à ses côtés, close, accompagnée de ma lame propre.

J'aurai donc pris le temps de nettoyer ma bêtise, ma lame, remettre de l'ordre dans mes affaires, avant de me recoucher paisiblement ? Cela, sans en conserver le moindre souvenir ?