⚜️ | CHAPITRE 7 🥀

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Hier soir, et après le départ cruel de James, je me suis trouvée véritablement... vide. Désertée des infimes parcelles de bonheur auxquelles je m'accrochai encore. Je n'étais plus qu'un amas de chair maigre dénué de vie, poupée de chiffon abandonnée à ses mains impitoyables qui m'effleuraient silencieusement. Le creux dans ma poitrine ne faisait que s'accroître tandis que je voyais le sang teinter mes bras dans un appel désespéré à la mort, entre l'illusion et le cauchemar de ma perdition sous son regard dément. Et je hurlais, hurlais, hurlais ma frustration quand ses lèvres me torturaient.

« Mon petit Sacrilège... »

Puis je sombrais dans le souvenir lointain d'un cri de détresse trouvant écho à celui de mon âme. Une nuit aussi banale que les autres, mais à la différence notable qu'un sentiment d'abandon viscéral m'arrachait les tripes, pour les nouer autour de ma gorge dans une tentation à la reddition manifeste.

Je suis tellement épuisée de me battre. Plus rien n'a de sens. Pourquoi me lever tous les matins, assister à ces cours interminables dont je me fiche éperdument ? Pourquoi nourrir ce corps faible si peu attrayant que je rêve cendre, alors que je pourrais simplement le laisser dépérir ? Pourquoi vivre quand la mort serait une issue bien plus aisée à mon acharnement ?

Pour mon père. Je dois le faire pour mon père. Lui faire croire que tout va bien, que cette nouvelle vie à Warrington est une réussite. Le rendre fière de la déception que je suis. Qu'il ne songe pas à m'abandonner alors qu'il est le seul à me retenir. Faire semblant devant James, sourire lorsque mon seul désir est de fondre en larme. C'est simple, non ? Sourire. Sourire...

Je tente un rictus infructueux devant ma glace, et je balaie douloureusement cet échec cuisant face à ma grimace risible. Je n'y parviendrai jamais. Comment une moue si naturelle peut-elle être si difficile à reproduire...? J'ai mal. Tellement mal ! Je n'en peux plus...

Je resserre l'étreinte de mes doigts autour de mon bras frêle dans l'espoir d'oublier le supplice de mon cœur. Plus le temps passe, et plus je peine à camoufler mon tourment derrière mes veines ouvertes. Lentement, ma souffrance me guide vers des meurtrissures toujours plus nombreuses, toujours plus profondes. Tel un champ d'honneur jamais épargné. Bientôt, mes bras ne ressembleront plus à rien d'autre qu'à de vastes tranchées creusées dans la chair à vif de mon corps. Un jour peut-être ces entailles auront-elles raison de moi ? Je ne peux que l'attendre à bras ouverts.

Jusqu'à cette libération, je vais continuer de subir. Subir la vie. Subir le temps. À commencer par cette première journée à Chester. Hier, James a bien tenté de me convaincre qu'il pourrait m'emmener, mais j'ai vigoureusement décliné son invitation sous son insistance. Résultat : je dois me débrouiller pour m'y rendre de mes propres moyens. Heureusement, et en dépit de mes contestations, je dois bien reconnaître que son obstination peut également m'être favorable, puisqu'il a tout de même tenu à me laisser un papier sur lequel il a inscrit toutes les indications à prendre pour le transport. Grâce à cela, je n'ai pas à douter quant à la certitude de ces informations, je lui fais entièrement confiance.

Aussi, je ne me presse pas nécessairement lorsque je fais le tour de mes affaires. Ma paperasse de transfert est bien présente dans mon sac, accompagnée de quelques stylos, feuilles et mon appareil photo - parce que je ne suis pas comme ces autres étudiants à le porter en permanence autour du cou, prêts à le dégainer à la moindre splendeur, telle une arme sur sa cible.

Une fois mon sac fermé, je me couvre et constate de nouveau les dégâts de cette nuit mouvementée, dans le miroir suspendu au mur séparant l'entrée de la cuisine. Des cernes violacés soulignent mes yeux encore ensommeillés et contrastent avec la pâleur de ma peau. La veille, ranger mes vêtements dans les tiroirs vides de ma nouvelle chambre était ce qu'il y avait de pire pour conclure la journée. La goutte de trop alors que je voulais seulement m'enfoncer dans mon matelas, entre mes draps que je venais à peine de disposer en regrettant de ne pas avoir accepté l'aide de James.

⚜️ | « Sacrilège » T1 : Résignation [Terminé/En Cours De Réécriture]Where stories live. Discover now