Naël

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Comment aurais-je pu savoir qu'un samedi matin ma vie allait prendre une tournure si inimaginable...

Dans un quartier d'une ville proche de Montpellier, je me promène, l'air enjoué pour une fois. Mon esprit vagabond pense encore à la soirée de la veille, non loin d'ici. Le temps est magnifique à l'égal d'une symphonie de Mozart. Une seule chose vient gêner cette harmonie parfaite.

De la fumée embrasse ce ciel pourtant si pur. Elle profane la beauté de la journée. Je m'approche de la rue en question. La curiosité me prend aux tripes, un vrai serpent qui s'enroule autour de mon corps ! En marchant, mes yeux se portent sur les maisons. Toutes identiques, un simple lotissement de campagne. L'endroit est parfaitement arboré, les bâtiments, complètement rénovés, on doit bien vivre par ici ! C'est alors que j'entends les jurons d'un homme. Je crois l'apercevoir, s'éloignant peu à peu. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Il était dans l'édifice enflammé ?

J'arrive enfin au niveau d'une maison conquise par les flammes, un véritable four géant ! L'air serein, je m'avance devant cette fournaise. Il n'y a personne ? On est un vendredi matin... 

Un cri retentit de l'intérieur de la maison, mon visage se décompose. Il y a quelqu'un dans cet Enfer sur terre ? Merde ! Et l'autre connard, il s'est barré !

Mes yeux scrutent la maison, je déglutis. C'est pas dans mon habitude de jouer les pompiers, mais une vie est en jeu. Je pourrai pas me pardonner si je l'ignore. J'accours vers la maison en jettant mon Eastpack noir par terre. Le bâtiment va bientôt s'effondrer, les secours n'arriveront jamais à temps, quelqu'un est-il même au courant de ce foutu incendie ? J'espère qu'on va pas tous les deux crever... Ma respiration s'emballe, les cris d'oiseaux se font moins persistants dans mes oreilles, la chaleur se blottit à mon corps. Avant de rentrer, j'enlève mon pull, déchire mon T-shirt pour protéger mon visage et remets mon sweat pour éviter les brûlures.

— Putain ! Pourquoi j'ai fait ça ! me lamenté-je, alors que je rentre dans ce monde de flammes.

La fumée est de plus en plus épaisse, je me retiens de respirer et continue d'avancer dans cet Enfer. En m'approchant de ce qui semble être la cuisine, j'entends des gémissements de douleur.

La jeune fille.

Plusieurs cadres s'explosent par terre, l'un ne manque pas de me toucher, j'ai eu de la chance ! Je sais pas qui est ma petite étoile mais je vais lui faire un bon gros câlin !

La chaleur est infernale, mon corps transpire comme un gros porc. On croirait presque que je suis dans une maison enflammée au bord de l'effondrement ! Malgré mon T-shirt, c'est une horreur de respirer là-dedans, je vais étouffer. Plusieurs pièces de la maison s'écroulent sur elles-mêmes à mesure que je m'avance, il faut que je me dépêche.

— Où êtes-vous ?! crié-je avant de tousser à cause de la fumée.

— Aidez-moi... supplie la fille, à proximité.

Mes yeux se portent sur un Ange rampant au sol, un être à qui on aurait déchiré les ailes. Ma protection commence à se faire inutile face aux déferlements des flammes dans la maison. J'inhale malgré moi une bouffée d'air méphitique que mon corps rejette instantanément en toussant. Je me presse de rejoindre la jeune fille, après l'avoir soulevée avec difficulté, je la porte sur mon dos. Le feu nous entoure, la mort aussi, tandis que la vie s'éloigne petit à petit. Je retourne sur mes pas, malgré son petit poids, je sens que je vais m'écrouler à cause d'elle. Soudainement, je vois l'entrée, elle n'est pas condamnée, j'use de mes dernières forces pour sortir de ce cauchemar !

Je vais vivre ! C'est si bon ! Plus jamais je fais ça !

On sort tous les deux à mon grand soulagement, je pose la fille et m'effondre à côté d'elle. Je peux enfin inhaler de l'air pur malgré mes poumons encrassés. Je tousse plusieurs fois, il faut que je boive ! Qu'est-ce qui m'a pris de faire ça putain ? Peut-être est-ce juste mon envie de me faire pardonner qui m'a poussé à agir ? Au moins, j'en connais une qui me félicitera quand je lui raconterai. Et qui ne me tuera pas par la même occasion.

N'y pense plusWhere stories live. Discover now