Une soirée d'Enfer

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Naël et Sarah sont partis il y a deux semaines. Mes premières nuits ont été dures, puis mes cauchemars se sont apaisés, peu à peu, alors mon sommeil, pour la première fois depuis si longtemps, a été paisible.

L'ambiance dans la maison n'est plus la même, moins de vie, moins de paroles, moins de tout, plus d'ennui. Heureusement, Aiden est toujours là, on s'est encore rapprochés, quand je suis allée rendre visite à Sarah, elle me l'a reproché. 

Quant à Naël, j'ai son double de clés de maison, je suis déjà passée le voir, il y avait Tanguy et Max, ils avaient l'air tous en forme. Par message, il me répond, il est mignon, tout va bien entre nous, alors je tiens le coup.

Jeanne et George ont aussi eu besoin d'une période d'assimilation, n'avoir que deux enfants au lieu de quatre, c'est quand même assez troublant.

Durant ces deux semaines, beaucoup de choses sont survenues. Un procès contre les trafiquants de l'Orphelinat, j'ai même vu monsieur Thomas à la télé, Jeanne a directement su que c'était l'un de mes bourreaux. Mais le plus important, la seule personne qui aurait pu s'occuper de moi a disparu il y a quelque temps maintenant, je n'aurais pas voulu habiter chez lui, mais au moins le connaître.

Ça me fait terriblement mal de ne pas avoir de vraie famille, les Lemoine comblent bien ce manque.

Mais au fond, ça blesse toujours autant de savoir qu'on a aucun lien de sang proche de soi.

La troisième grande chose importante, j'ai désormais tous mes papiers, je m'appelle désormais Eileen Lemoine, j'ai reçu un appel du juge il y a une semaine. Tout est allé assez vite, avant-hier, je suis allée avec George chercher ma carte d'identité.

La liberté que je convoitais tant est enfin entre mes mains.

Presque trois mois que je n'ai plus revu Julian, le cercle est rompu, je suis à présent intouchable, il ne peut plus me dévier de la société comme il l'a fait.

On me retrouvera s'il tente quelque chose, j'ai des personnes qui tiennent à moi.

**

Dans la ville de Montpellier, une énorme maison avec une grande allée et des escaliers en pierre pour accéder à la terrasse menant à la porte d'entrée.

— Salut ma chérie !!! s'écrie Luna, toute frétillante.

— Coucou ! 

Je rentre chez elle, Aiden, derrière moi, l'embrasse, un élan de dégoût m'envahit. Même si maintenant je l'aime bien, qu'est-ce qu'elle lui trouve ? Cette fille est parfaite, tandis que lui côtoie l'imperfection au quotidien.

Sa maison est, à l'instar de Luna, magnifique, elle est plus grande que la nôtre, l'architecture est atypique, les escaliers qui tourbillonnent me laissent sans voix. L'endroit est arrangé avec goût, la décoration, très verte. Le nombre de plantes qu'il y a est enivrant, mais pas choquant ou embarrassant tellement la maison est grande. Les murs sont tapissés de photos de famille.

Ça me met mal à l'aise.

— Tu as vu le nombre de personnes sur le groupe Lee ?

— Oui... Euh... dis-je alors que je reviens sur Terre. Je crois qu'on est trois ou quatre ?

Aiden s'étouffe de rire, je me retourne, le regard noir, pourquoi se moque-t-il de moi ?

— C'étaient juste ceux qui parlaient hier ma belle... annonce Luna, gênée. On est plus d'une cinquantaine, t'as pas vu du tout ?

Mon visage se décompose, je regarde Aiden, il m'avait promis qu'il ne m'emmènerait pas dans des grosses soirées.

— Désolé, je croyais que t'étais au courant, vu qu'on t'a mise dans le groupe ! Tu vas pas me faire la gueule pour ça ?

N'y pense plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant