N'y pense plus

Le tribunal judiciaire

On est enfin à Montpellier, c'est incroyable... J'avais jamais vu ça, à part peut être une fois mais ça ne compte pas, j'étais pas libre. C'est si impressionnant, je n'ai même pas les mots, je reste bouche bée devant une telle grandeur. Je suis si chanceuse d'être ici, accompagnée de mes anges gardiens. Je suis en quête du Paradis, j'essaie d'oublier tant bien que mal mon enfer, il est derrière moi, mon objectif lui est devant.

La liberté Lee... Ce rêve que tu pensais utopique devient réalité...

Nous sommes devant le tribunal, ça me change des vieux trucs miteux de l'orphelinat. C'est bien un autre monde. Ils rigolent pas, les gens qui y entrent et y ressortent sont tous bien habillés, moi aussi d'ailleurs, je me trouve très classe, George et Jeanne le sont tout autant, j'éprouve une certaine fierté de marcher à leur côté.

La porte du bâtiment est grande ouverte, elle donne directement sur l'accueil. George me fait signe de les suivre en direction de celle-ci. Les dames sont aussi bien habillées, à mon avis ça doit être un lieu vraiment important. Je ferai en sorte de me faire la plus petite possible, d'être la plus respectueuse, ça reviendrait à se soumettre en fait ? Je ne sais que trop bien le faire. J'ai pas envie de gêner George et Jeanne, je vais me tenir tranquille.

— Bonjour Madame, dit alors George de sa voix mélodieuse, pourrait-on savoir où trouver Monsieur Hernault ?

— Bien sûr, répond la jeune femme, souriante, je vous prie de prendre l'ascenseur vous ne pouvez pas le rater il est tout au fond sur votre gauche, vous allez au 3ᵉ étage, si vous avez rendez-vous avec lui vous devrez attendre dans la salle d'attente, il viendra directement vous voir.

Sans attendre nous nous dirigeons vers l'ascenseur. Je me sens stressée, il y a pas beaucoup de visiteurs mais le personnel quant à lui afflue, voir tant de personnes ça me fait bizarre. Je dois juste éviter de capter leur attention.

Arrête d'avoir peur Lee... Mais t'es comme ça après tout... 

Le troisième étage est un couloir immense, ils sont tous aussi grands ? C'est dément ! George et Jeanne ne sont pas déstabilisés, ils ont l'air habitués à tout ça eux. Je remarque un panneau au milieu du passage, "Salle d'attente", ça doit être là qu'on doit patienter. On s'y dirige, il reste encore pas mal de places, assez pour qu'on soit tous les trois à côté, heureusement.

— Alors Eileen c'est grand hein ? dit George, souriant.

— Oui c'est impressionnant et magnifique. Mais les gens me stressent.

— Tu as l'impression qu'ils te veulent du mal ? interroge Jeanne, le regard pénétrant.

Comment elle sait ça ?

— Un peu ouais...

— Sans doute ton traumatisme, répond-elle, ça passera avec le temps, mets-toi dans l'idée que tout le monde n'est pas comme ceux que tu as connu.

Plus facile à dire qu'à faire, mais merci Jeanne... J'ai l'impression que tu me comprends...

— Vous pensez que ça va se passer comment avec le juge ?

— Ça devrait aller, me rassure George, j'espère juste qu'il pourra lancer une enquête.

— Et qu'il la règlera. ajoute Jeanne.

— De toute façon on appellera, toutes les deux semaines, on ne lâchera en aucun cas.

On dirait deux mêmes personnes c'est apeurant...

Je souris, ils me regardent l'air curieux. Avant d'avoir une réaction quelque peu anormale...

— Ça va ? me demande George, limite inquiet.