Chapitre 24 : Chez le roi Karl :

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La traversée se passa bien contrairement à ce que j'avais pu craindre. Je regrettai presque d'avoir tout dit à Elsa dans ma lettre. Il faut croire que Mamie faisait bien son rôle de l'Hellheilm et nous protégeait fortement avec Papy Elysia et mes autres aïeux. La mort nous avait donc laissée, remplacée par un autre problème auquel j'avais été confronté dès le troisième jour du voyage : Le mal de mer. Seule victime du bateau, Hans m'aida beaucoup à tenir mes cheveux en arrière tandis que je me penchais au-dessus du bastingage pour déverser le peu de nourriture que j'arrivais à avaler tout au long du périple. De ce fait, la contraction des mâchoires, l'odeur aigre et l'impression d'avoir toujours une partie de la nourriture bloquée dans la bouche me fit douter sur ma volonté de mourir. Fiévreuse et blanche, j'avais donc passé le plus clair de mon temps dans ma cabine et Maman avait essayé de me préparer des plantes pour me soulager tout en me massant également le front avec de l'huile de menthe poivrée. De leur côtés Papa et mon mari avaient beaucoup conversé pour définir les objectifs politiques et économiques de cette visite. Cela permettait à mon cher époux de ne pas trop s'inquiéter pour moi et notre bébé.

Après dix jours, de trajet, je ne fus jamais aussi heureuse d'être à nouveau sur la terre ferme. Il faisait frais à cause d'une légère brise mais cela me faisait du bien et apaisa mon mal de mer sitôt que mes pieds touchèrent le sol. Peu enclin à reprendre le bateau tout de suite, je demandai alors, pleine d'espoir :

-Combien de temps allons-nous rester aux îles du Sud ?

- Trois jours, répondit Papa avant de croire bon d'ajouter, mais il faudra bien que ton estomac s'accroche pour le retour...

-Comme si c'était si simple, maugréai-je alors que Maman me pressa mon épaule pour que je ne grogne pas plus.

Frissonnant d'avance, je préférai me concentrer sur le présent et sur l'île des Westergaard qui nous faisait face. Les réverbères éclairaient encore les allés du royaume tandis que l'activité locale commençait juste à s'éveiller.

-Mon frère est là... Chuchota soudain Hans tout en me compressant la main.

J'aperçus alors un homme massif d'une trentaine d'années. Ses cheveux hirsutes noirs comme ceux des corbeaux étaient hérités de son Père. Il nous lança bientôt un regard bienveillant même si ces yeux bleus froids reflétaient surtout de la crispation. Cela me détendit immédiatement de voir qu'il était aussi mal à l'aise que nous.

-Bienvenue à vous chers dignitaires d'Arendelle ! S'exclama-t-il de manière bancale en s'avançant avec fermeté dans notre direction.

Finissant par être à notre hauteur, il reprit alors les codes du protocole et agit aussitôt de façon charmante en nous baisant la main à Mère et à moi. Son comportement changea légèrement quand il arriva devant son frère et la tension remonta. Ils se serrèrent la main assez rapidement et mon beau mari clama :

-Prince Karl, mes hommages.

L'ainé des Westergaard esquissa aussitôt une grimace mais accepta l'appellation avant de reprendre :

-Des boissons chaudes vous attendent au château ainsi que ma femme, venez !

Contrairement à Arendelle, le lieu de réception était beaucoup plus loin que le port si bien que je m'endormis à moitié durant le chemin en calèche. Je n'eus pas besoin de trop me forcer car les seuls qui s'offrirent des échanges polis furent Père et le prince Karl. Plus silencieux, Hans se contenta de faire pareil que moi, m'enlaçant inlassablement pour que je ne manque pas de sa chaleur. Le souverain des îles du Sud ne manqua pas de le voir et ne cessa de lorgner sa main qui ne se détachait pas de mon ventre, caressant sans modération notre fille. En temps normal, cela m'aurait fait du bien, mais le fait d'être soustrait au regard de plus en plus suspicieux de son frère, finit par me gêner et je décidais bientôt de moi-même de retirer ses doigts.

Retour vers le passé : Croqué par le crocusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant